Berenice Abbott (1898-1991), après une enfance malheureuse dans une famille peu désunie, et avoir étudié aux Beaux-Arts de New York, subit elle aussi l’attraction de Paris au début des années 1920. Ce ne sera pas si simple... Débuts dans la sculpture chez Antoine Bourdelle, puis chez Constantin Brancusi...
Elle sera finalement formée aux techniques du tirage et du studio par Man Ray, qu’elle connaissait de son époque à Greenwich Village où elle avait aussi rencontré Marcel Duchamp.
Dès les années 1920, Berenice Abbott fréquenta l’avant-garde artistique. Elle a milité contre le pictorialisme et l’école d’Alfred Stieglitz, et s’était également rendue célèbre pour avoir œuvré avec constance à la reconnaissance internationale d’Eugène Atget.
Elle s’est préoccupée tout au long de sa carrière des principes de la photographie documentaire, comme de ceux du réalisme photographique. Richesse de sa démarche.
Entrant en concurrence avec Man Ray, elle ouvrira son propre studio, et entamera avec succès une carrière de portraitiste.
Ce sera notamment auprès d’artistes, d’écrivains et de dramaturges français ou d’Américains en exil, ce qui nous confirme les liens étroits qu’elle entretenait avec les milieux des avant-gardes artistiques et intellectuelles (Eugène Atget, Marcel Duchamp, James Joyce, Man Ray, Jean Cocteau, Sylvia Beach, André Gide, Foujita, Max Ernst, Marie Laurencin, Solita Solano, et la Princesse Murat). Comme Man Ray lui-même d’ailleurs. Splendides mains de Cocteau !
Son projet le plus connu fut "Changing New York" (1935-1939), qu’elle avait réalisé à l’initiative de l’administration américaine dans le contexte de la crise économique. Il montrait les rapides changements que connaissait la métropole, en saisissant la structure urbaine et les contrastes entre l’ancien et le moderne. Voilà, avec l’importance commune accordée aux idées de Marcel Duchamp un autre point commun avec le Chinois Ai Weiwei, et ses photographies sur Pékin en violente mutation…
Au cours des années 1950, Berenice Abbott réalisera pour le MIT un corpus d’illustrations sur les principes de la mécanique et de la lumière, à mi-chemin d’une ambition pédagogique et d’une recherche esthétique. Les connaisseurs pourront trouver dans ces images abstraites et expérimentales une forme d’écho aux photogrammes réalisés au cours des années 1920, par exemple par Man Ray…
Présentation de l’exposition au Jeu de Paume
L’œuvre de Berenice Abbott fut exposée pour la première fois en France au Jeu de Paume du 21 février au 29 avril 2012, soulignant son fort intérêt pour Marcel Duchamp, et celui pour une ville à mutation trop rapide.
L’événement, à partir de 140 images, des ouvrages originaux et des documents inédits, suivit pas à pas les différentes étapes de la carrière difficile et heurtée qu’eut Berenice Abbott (1898-1991).
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Contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous établissons, au fur et à mesure de leur publication, notre sélection des catalogues d’expositions 2016 de Paris, comme nous l’avons fait les années précédentes : 2015,2014,2013,2012.