Il y fut peintre et architecte (le baptistère de la ville), peut-être aussi sculpteur, mais sa renommée fut telle qu’il fut aussi demandé dans toute la Péninsule, à Assise, Rome, Rimini, Padoue, Milan et Naples.
Dès les années 1290, afin de pouvoir répondre au grand nombre des commandes qu’il obtenait, il fera travailler des compagni qui l’accompagnaient ou qu’il recrutait sur place, comme Taddeo Gaddi ou Giovanni Barrile pour le Cycle de la vie de Saint François à Assise, permettant ainsi par la suite à son style d’essaimer dans la Péninsule et même une partie de l’Europe.
Giotto apporta à la peinture une forte évolution qui fut remarquée par ses contemporains Dante, Pétrarque et Boccace. Une attention plus grande et plus large était portée au monde tel qu’il était, et l’artiste cherchait à en rendre au mieux la variété. Le volume était aussi mieux pris en compte, même dans la présentation faciale d’un trône, dans le rendu d’un visage.
Trois œuvres majeures du Louvre sont présentes dans cette exposition : La Stigmatisation de saint François d’Assise, dès l’entrée, signée par le peintre, la monumentale croix peinte, et La Crucifixion.
Dans la partie consacrée aux années de jeunesse, La Vierge à l’Enfant, dite Madone de San Giorgio alla Costa, du Museo diocesano de Florence, montre cette évolution intégrant un éclairage rationnel (source unique), et une humanité des personnages par la carnation, le regard et les attitudes.
Le Dieu le Père de Giotto, exceptionnellement prêté par les Musei civici de Padoue montre une facture adoucie du personnage.
Par convention moyenâgeuse, le Père parait sous les traits du Fils, et le visage, et cela est novateur, fait montre de douceur, de sérénité, et est d’autant plus apaisant que la robe est laiteuse.
Dans son atelier, Giotto dirige réellement de la conception au contrôle rigoureux du travail des compagni, ses assistants à qui il fournit les dessins qu’ils seront en charge d’exécuter.
Ses collaborateurs ont pu être des maîtres indépendants comme à Assise au début des Années 1290, ou davantage inféodés à sa manière novatrice de peindre comme ce sera le cas à Padoue. Pour le commissaire, dans ses conditions la paternité de l’œuvre doit revenir à Giotto, même si, dans le cas de la grande croix peinte, il n’est pas nécessairement intervenu dans la réalisation.
Certains de ses élèves ou compagni ont pris par la suite leur indépendance comme Taddeo Gaddi, ou à Naples Le Maître dit "de Giovanni Barrile".
En plus de produire fresques et tableaux monumentaux, l’atelier de Giotto livre aussi à la dévotion de commanditaires privés des petits tableaux, dont sont exposés par exemple les Crucifixions de Berlin et de Strasbourg (réalisées entre 1310 et 1315).
Giotto fit de 1328 à 1332 un séjour à la cour de Naples, évoqué par la présence de la Crucifixion (que le Louvre a acquise en 1999) et qui est assez endommagée.
Dominique Thiébaut est le commissaire de cette exposition.
Giotto e compagni, du 18 avril au 15 juillet 2013, au Louvre, Aile Sully, 1er étage, salle de la Chapelle, tous les jours de 9 à 17h45 sauf le mardi. Nocturnes les mercredi et vendredi jusqu’à 21h45. Accès avec le billet d’entrée au musée 11€, gratuit aux moins de 18 ans, aux moins de 26 ans résidents de l’UE, enseignants, demandeurs d’emploi.
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