Photographes juifs, soldats allemands, propagande nazie... une exposition aux regards pluriels.
Le mini-site regards-ghettos.memorialdelashoah.org propose une centaine de photos en ligne, des repères historiques et des analyses d’images.
Le Mémorial de la Shoah présente du 13 novembre 2013 au 5 octobre 2014 l’exposition gratuite "Regards sur les ghettos".
Pour la première fois en France, près de 500 photographies souvent peu connues sur les ghettos (il en exista plus de 400 dont les grands comme Varsovie, Lodz ou Kaunas), prises par des photographes juifs, des soldats allemands, des propagandistes nazis, sont exposées au public.
Beaucoup de ces photos proviennent de centres d’archives ou de collectionneurs privés.
Dans les territoires annexés à l’Est, dès l’invasion de la Pologne en septembre 1939, les habitants juifs sont rassemblés par l’armée allemandes dans ces ghettos rapidement insalubres. Il s’agissait de rompre les liens existant entre juifs et autres populations, réduire leur liberté de circulation, leur lieux d’habitation, bâtir leur isolement.
Ces lieux de vie forcés verront aussi des luttes, pour l’existence, et la préservation de cultures...
Les photographies montrées sont des témoignages, mais de quoi ? Tout dépendra des intentions des contextes dans lesquels elles furent faites. S’agira-t-il de propagande ou de témoignages ?
Le "temps des ghettos" fut la première étape du processus génocidaire de la population juive, conduite ensuite en 1942-1943 vers les camps d’extermination.
Elle fut documentée de façon importante (on estime que 15 000 à 20 000 photos ont été prises) orientée quand elles étaient réalisées par les photographes du ministère de la Propagande allemande, avec des visées antisémites. D’autres furent prises comme témoignages par des civils juifs ou polonais, amateurs ou professionnels. Il était pourtant alors interdit aux juifs de posséder un appareil photo... mais il fallait aussi transmettre ce qui était vécu et faire connaître la vérité.
Les photographes juifs Mendel Grossman et Henrik Ross, à Lodz, et Georges Kadish à Kaunas décidèrent de témoigner de la destruction de leur communauté. Quelques portraits de ces photographes et des éléments qui resituent les motivations de leurs témoignages sont apportés.
Deux photographes SS d’une compagnie de propagande prirent des photos en septembre 1940 dans les rues du ghetto de Lodz. Des photos prise au ghetto de Lublin illustrèrent un article antisémite publié dans Das Schwarze Korps, titré "Le Juif dans son jus". Un autre article, publié dans le Berliner Illustrierte Zeitung, agrémenté de photographies prises dans le ghetto de Varsovie, s’appela "Les Juifs entre eux", et montrait la vie des juifs prétendument dégénéré.
Pour Marie-Édith Agostini, l’objectif de l’exposition sera atteint si les gens se disent "telle photo est prise par telle personne, pour telle raison et avec te impact". C’est avec cette intention que le choix a été fait.
Cette exposition traduit les terribles étapes de la vie dans les ghettos.
Le commissariat de l’exposition est assuré par Sophie Nagiscarde et Marie-Édith Agostini.
Regards sur les ghettos, du 13 novembre 2013 au 5 octobre 2014 au Mémorial de la Shoah, niveau 1, 17, rue Geoffry-l’Asnier 75004 Paris, 01 42 77 44 72, www.memorialdelashoah.org, tous les jours sauf le samedi de 10à 18h, le jeudi jusqu’à 22h, métro Saint-Paul ou Hôtel-de-Ville. Des visites guidées gratuites de l’exposition sont proposées aux individuels les jeudis 5 et 19 décembre 2013 de 19h30 à 21h, sans réservation préalable.
Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez apporter à ces programmes.
Enfin, contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer.