Cernuschi expose son incroyable collection de bronzes de la Chine impériale
Le musée Cernuschi, musée des Arts de l’Asie de la Ville de Paris, et en importance 2e musée d’art asiatique en France et 5e d’art chinois en Europe, détient l’une des collections de bronzes les plus importantes au monde acquise par Henri Cernuschi (1821-1896), qui fut banquier, économiste, homme politique, journaliste et collectionneur d’art...
Vase gui, daté 1536 (dynastie des Ming). Préfecture de Zhangzhou. Legs H. Cernuschi, 1896.
Dans ce décor, qui fut son hôtel particulier, où il aimait donner des bals costumés, du 20 septembre 2013 au 19 janvier 2014, ces bronzes chinois dénichés auprès d’antiquaires de Shanghai, Yangzhou, et surtout Pékin, sont mis à l’honneur, et sortis de leurs réserves.
Cette exposition, d’un abord assez ardu, faite pour les érudits, les curieux et les passionnés d’Asie, révèle certains des plus remarquables objets parmi les 1 500 bronzes rapportés de Chine par cet homme étrange et entreprenant, qui dut certainement se faire aider sur place et laisser guider ses choix par d’éminents lettrés chinois. Ces pièces exceptionnelles n’étaient pas sorti des réserves depuis un siècle ! Est-ce au prétexte que les archéologues tant chinois que sinisants ne s’intéressèrent longtemps qu’aux objets de la très haute antiquité ?
La préparation de cette exposition a nécessité un important travail, consistant notamment à dater ces bronzes, dont les formes étaient souvent reproduites par simple respect de l’histoire et des rituels plus que dans l’intention d’une falsification.
La légende raconte que le premier bronze fut obtenu en fondant ensemble 9 métaux représentant chacun l’une des 9 provinces du royaume (dynastie des Xia, XXIe - XVIIe siècle av. J.C.).
Par la suite, le bronze redeviendra signe suprême et représentation de l’unité de l’empire et du lien direct avec les ancêtres et les dieux, comme de la place centrale que se devait d’occuper l’empereur.
Il s’imposera à nouveau comme le matériau de prédilection en Chine, dès le Xe siècle, après plusieurs siècles de domination bouddhique, au moment où, pour renforcer l’autorité impériale de la dynastie des Song (960-1279), les rites antiques liés aux Ancêtres impériaux, au Ciel et à la Terre furent remis à l’honneur.
Collecte, catalogage, déchiffrement des inscriptions des vases rituels antiques deviennent dès lors une occupation appréciée de nombreux lettrés. Après les peintures et les calligraphies, ils se rangent même parmi les objets coûteux et recherchés, souvent contrefaits d’ailleurs, comme nous l’avons dit.
Vase en forme d’oiseau céleste. Dynastie des Qing, époque de Qianlong. Legs H. Cernuschi, 1896
La mode de ces motifs et formes antiques se répandra à tout l’art de la Chine, jusqu’aux objets pour lettrés ou de culte bouddhique.
Cette exposition est une première dans un domaine encore très peu étudié, avec un ensemble de pièces très variées les unes des autres (et portant sur une période particulièrement étendue), et qui sont montrées pour la première fois.
Trois thèmes principaux sont déclinés :
- l’empire des rites (rites et vases rituels, restauration des rites et... des vases dans leur forme originelle), avec les vases jue pour les libations, les vases dou, et les zu, ou encore les récipients fu et gui qui contenaient les offrandes de nourriture ;
- La couleur de l’antique (rôle des lettrés, classements, relèves des imitations et identification des pièces authentiques), avec ces patines brune, "couleur de marmite", mentionnée dans les textes anciens, verte, et ces décors d’incrustations ;
- Le passé pour l’éternité : objets de lettrés (calligraphie, avec pinceau, encre, papier et pierre à encre, et peinture), vases à flèches, encens, petites statuaires, et récipients d’offrandes.
Un bestiaire fantastique présente également des œuvres "animaux fantastiques", qui peuvent être touchés par les visiteurs.
N’oubliez pas de monter à l’étage pour profiter des collections permanentes du musée, dont certaines pièces sont monumentales...
Le commissaire de l’exposition, Michel Maucuer, est le conservateur en chef du musée.
Bronzes de la Chine impériales du Xe au XIXe siècle, du 20 septembre 2013 au 19 janvier 2014, au musée Cernuschi, 7, avenue Vélasquez 75008 Paris, 01 53 96 21 50, du mardi au dimanche de 10 à 18h, métro Villiers ou Monceau. Et n’oubliez pas : entrée gratuite dans les collections permanentes.
Vous retrouverez dans l’article 2013 à Paris : les grandes expositions de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.
Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14
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André Balbo
sources : Visite, musée Cernuschi