
Aujourd’hui en devenir, le magasin de la Samaritaine reste le plus élégant des grands magasins construits à Paris. Ses fondateurs, Ernest Cognac et Marie-Louise Jay, ont fondé là une véritable institution dans la 2e moitié du XIXe siècle. Forts de leur succès, ils firent également édifier la "Samaritaine de luxe", boulevard des Capucines, dans le riche quartier de l’Opéra (bâtiment toujours existant au n° 27). Mécènes et collectionneurs, ils ont d’ailleurs laissé à la France une formidable collection de meubles et tableaux emblématifs de l’art français du XVIIIe siècle, aujourd’hui rassemblés dans le musée Cognac-Jay (voir www.marais.evous.fr).
Ouvert dès 1869, l’édifice de la Samaritaine s’est petit à petit étendu jusqu’à devenir en 1900 "Les magasins de la Samaritaine". Il fut à cet effet remanié et agrandi. Il se présente aujourd’hui à nous conforme aux interventions de deux grands architectes, Frantz Jourdain et Henri Sauvage. Frantz Jourdain, représentant de l’Art Nouveau, y conçoit entre 1903 et 1907 de grandes façades légères en verre et structure métallique, quasiment libérées des contraintes habituelles de construction (l’éternel duel entre le vide et le plein). De ce point de vue, il annonce déjà la Modernité en Architecture, c’est-à-dire la façade qui sera libérée de la contrainte de devoir porter le bâtiment (grâce aux poteaux porteurs placés plus tard à l’intérieur, rendant la façade "libre"). Ses façades (visibles rue de Rivoli, rue de la Monnaie et rue de l’Arbre Sec) laissent alors la part belle aux marchandises exposées dans les vitrines. Il reste bien sûr des éléments décoratifs, comme les motifs de fleurs sur les poutrelles métalliques.
La 4e façade, située quai du Louvre, est l’oeuvre plus tardive d’Henri Sauvage en 1933, qui la reconstruisit alors dans le style à la mode, l’Art Déco, géométrique mais franchement moins novateur.
L’ensemble des magasins de la Samaritaine est classé MH et quel que soit le projet final qui sera proposé par le groupe LVMH (les magasins sont fermés pour cause de non-conformité aux règles de sécurité et se cherchent une nouvelle vocation), propriétaire des magasins depuis 2001, la Samaritaine devrait conserver ses façades si originales.