Du 9 juillet au 15 septembre 2014, l’histoire du Vietnam à travers les représentations de son dragon, long serpent sinueux, maître des eaux... comme l’était l’empereur. Avec les pièces exceptionnelles du musée de Hanoï.
Dans le cadre de l’année France-Vietnam, le musée national des arts asiatiques ― Guimet organise, avec le musée national d’Histoire du Vietnam de Hanoï, une exposition consacrée à la représentation du dragon, illustrée notamment de prêts majeurs consentis par le Vietnam.
Au Vietnam, le dragon occupe une place privilégiée au sein du bestiaire fabuleux pour son rôle protecteur, et les artistes vietnamiens l’ont, durant des siècles, représenté.
Bien différents dans ses formes comme dans ses attributions de nos dragons occidentaux, ce dragon, serpentiforme, participe du monde des eaux dont il est le gardien, le pourvoyeur ou le rétenteur. Capricieux en diable, il détient les clés des sécheresses ou des inondations, et même des tsunamis, et il évolue aussi bien dans les mondes souterrains, les eaux et les cieux, l’eau n’est-elle pas également dans les nuages ?
La représentation du dragon sert dans cette exposition de fil rouge pour traverser et découvrir l’histoire millénaire du Vietnam, de l’âge du bronze au crépuscule de la dernière dynastie royale, en réunissant une sélection inédite d’œuvres du musée national d’Histoire du Vietnam de Hanoi et du musée Guimet.
Très vite, dès le premier empereur en 1057, la présentation du dragon vietnamien à la silhouette serpentine sera associée à la personne royale et à son prestige, maître lui-même des digues...
Pour la première fois, des œuvres d’exception sont montrées au public, qu’il soit français ou vietnamien, dont un tambour antique rarissime, des socles en pierre, décorés de fleurs de lotus et de feuilles de pipal, de colonnes qui devaient être de bois, des sceaux et des décrets impériaux en or et en argent de l’empire d’Annam, et d’autres témoignages de cette ultime munificence.
Le parcours chronologique commence à l’âge du bronze, quand les scènes que racontent les tambours représentent un bestiaire fantastique dont le dragon n’est pas encore une pièce centrale. Il la prendra sous la domination chinoise des Han (du Ier au IIIe siècle), où son image est présente dans le riche mobilier funéraire mis au jour dans les tombes du Nord du Vietnam, par les travaux conduits par les archéologues Louis Pajot puis Olov Janse dans les années 1920-1930.
Ce sera à partir de l’indépendance recouvrée (Xe siècle, 939) que l’image du dragon apparaitra (les fondations de la ville du dragon qui s’élève sont aujourd’hui au cœur de la ville de Hanoï) sous ses formes les plus variées : éléments de décor architectural, chefs-d’œuvre de céramique, objets somptuaires de bronze (XIe-XVIIIe siècle), dans lesquels, sous la culture chinoise, une originalité forte est exprimée.
Dans le sanctuaire bouddhique à la riche iconographie, l’image du dragon s’immisce et prend parfois place, en harmonie avec les éléments de mobilier rituel et les objets d’art religieux réunis de manière suggestive. Le Vietnam mêla de tous temps aux éléments de l’iconographie bouddhique d’autres conservés d’un animisme resté bien présent.
Enfin, un ensemble inédit et exceptionnel de chefs-d’œuvre illustre le faste que connut la dynastie des Nguyên, à Hué, de sa fondation à l’abdication du dernier empereur, Bao Dai, le 25 août 1945.
Bien d’autres trésors sont à découvrir sur le parcours de cette exposition, dont les céramiques bleu et blanc du XIVe siècle, et les grès "porcelaineux" du XVe siècle, plus rustiques que leurs équivalents chinois mais certainement moins "industriels", plus esthétiques et plus vivants.
À remarquer les grands plats fabriqués pour l’exportation vers les pays musulmans, l’Indonésie, les Philippines, à l’imagerie délicate mais d’où le dragon, trop national, est absent.
L’envol du dragon, art royal du Vietnam, du 9 juillet au 15 septembre 2014 au Musée Guimet, 6 place d’Iéna 75116 Paris. 01 56 52 53 00, Galeries du Panthéon bouddhique, 19, avenue d’Iéna 75116 Paris. Tous les jours sauf le mardi, de 10 à 18h. 9,50 ou 7€. Visites commentées de l’exposition les lundi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi à 14h à partir du 19/03/2014 (sauf jours fériés).
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