C’est "l’histoire d’une greffe qui n’a jamais pris". Le 12 juin dernier, Éric Zemmour, président de Reconquête, annonçait en direct à la télévision l’exclusion de Marion Maréchal, tête de liste aux élections européennes, après son soutien affiché à la coalition des droites. Un coup dur pour les militants, mais une demi-surprise pour les journalistes politiques qui avaient bien senti les tensions monter depuis quelques semaines déjà entre l’ex-chroniqueur de CNews et la nièce de Marine Le Pen.
Resté jusqu’ici mystérieux, ce divorce politique se dévoile enfin. "L’heure est venue d’avoir le courage de vous expliquer dans les détails pourquoi nous avons tous souffert ces derniers mois, dans nos sensibilités, dans la cohésion qui nous est si chère et finalement, inévitablement, dans les urnes, déclare ainsi Diane Ouvry, porte-parole de Reconquête. Le récit des événements que je vais décrire pour vous est le fruit d’un long travail et d’entretiens avec des dizaines de personnes. Rien n’est imprécis, et encore moins romancé."
FLASH - Éric Zemmour, à propos de Marion Maréchal : « Elle a battu le record du monde de la trahison. » pic.twitter.com/X6Cz6JsJjf
— AlertesInfos (@AlertesInfos) June 12, 2024
Marion Maréchal : L’histoire d’un putsch raté ?
Long de plus de 50 pages, le document mis en ligne par les équipes d’Eric Zemmour lève le voile sur les coulisses du clash. La folle ambition de Marion Maréchal se serait ainsi manifestée dès son ralliement à Eric Zemmour, en indisposant rapidement certains. "Dès 2022, avant même son ralliement annoncé sous le signe de ses ’convictions’, Marion Maréchal exige énormément de concessions de la part de la direction de Reconquête, peut-on lire. Le sentiment qu’elle n’est pas seulement avec nous, mais aussi parfois contre nous, nait chez certains. L’avenir va leur donner raison au-delà de tout ce qu’ils imaginent..."
Le document revient alors sur les débuts de la campagne présidentielle, l’arrivée dans le giron de Reconquête des Nicolas Bay, Guillaume Peltier et autres proches de Marion Maréchal. C’est dès ces premiers instants de campagne que les soupçons seraient nés. "Marion Maréchal et Guillaume Peltier étaient venus pour profiter d’une dynamique", analyse a posteriori Diane Ouvry. S’ensuivent alors de longs mois de tensions, de désaccords stratégiques, de petites mesquineries qui auraient usé, à la longue, les collaborateurs historiques du parti, restés fidèles au patron. La tentative esquissée par Marion Maréchal de nouer une alliance avec le RN à la suite des élections européennes, en excluant au passage Eric Zemmour des négociations, a finalement scellé leur séparation. "Et voilà comment, Marion Maréchal a rêvé de s’accaparer le parti créé par Eric Zemmour, lui qui a mis tout son cœur à fonder ce mouvement, dont les soutiens ont passé leurs jours et leurs nuits à bâtir cette maison. Oui, elle s’apprête à ce moment à poignarder dans le dos le seul homme de ce milieu à ne pas être un politicien comme les autres, celui qui a tout abandonné pour défendre ses convictions, qui a sacrifié sa situation financière et sa position sociale à la France."
Quel avenir pour Marion Maréchal ?
Selon les équipes de Reconquête, Marion songerait désormais à créer son micro-parti, baptisé La France fière, "préparé de longue date dans le dos d’Eric Zemmour". "Mais la vérité est que Marion est Marion. Ce qu’elle a fait chez nous, elle le reproduira ailleurs. Elle sème le désordre parce que la confusion est en elle."
De son côté, Eric Zemmour ambitionne de poursuivre le combat politique. En dépit des mauvais scores enregistrés lors de deux derniers scrutins, le moral se veut au beau fixe. "Le départ de Marion permet à Reconquête de redevenir Reconquête. Nous avons retrouvé notre cohérence, notre cohésion, notre plaisir de travailler ensemble, d’espérer ensemble, d’accueillir de nouvelles personnes. Sans faux- semblants, sans regards de travers, sans messes basses."