"Attention, ce train ne marquera pas l’arrêt en gare de Chatou." Une phrase type que connaissent malheureusement bon nombre d’usagers du RER A résidant en banlieue. Europe 1 a sorti des preuves. Désormais, le président du syndicat des transports en Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, veut faire un point sur la situation toutes les 3 semaines !
RÉVÉLATION. Europe 1 a vraiment fait bouger les lignes en publiant une enquête sur l’ordre donné par la direction de la Ratp de ne pas s’arrêter dans certaines gares du RER A. Celle-ci révèle que "les conducteurs évitent volontairement certains arrêts, sur ordre de leur direction". Pourquoi ? Pour que le RER soit dans les temps, il ne s’arrête pas aux arrêts potentiellement moins fréquentés. Car la Ratp affirme selon Europe 1 ne faire que suivre les consignes du Stif, le syndicat des transports en Ile-de-France. Le Stif verserait ainsi une prime de "bonus de régularité", une information par la suite démentie par la Ratp et par le Stif.
Si Europe 1 a le mérite d’apporter plusieurs témoignages, l’information n’est pas totalement un scoop. Ainsi Cédric Gentil, conducteur de RER A, décrivait déjà cet étrange procédé sur son blog en juin dernier.
RÉACTIONS. La révélation d’Europe 1 a très vite fait le buzz ce lundi. Les responsables concernés ont rapidement réagi :
Pierre Serne, vice-président de la région Ile-de-France et du Stif, organisme gestionnaire des transports, lundi 11 février : "Il est demandé à la RATP non seulement d’avoir des trains à l’heure mais également de desservir les arrêts prévus d’une ligne, même en situation perturbée. Les arrêts prévus doivent donc être respectés par l’opérateur."
Frédéric Cuvillier, ministre délégué chargé des Transports, lundi 11 février : "Frédéric Cuvillier, comme Jean-Paul Huchon, président du Stif, s’est étonné de cette information et a demandé des explications aux entreprises. La Ratp et la Sncf ont démenti de telles pratiques, en rappelant qu’elles exécutaient avec rigueur le plan transport fixé par le Stif."
La Ratp via son service de presse lundi 11 février. "Contrairement à ce qui est avancé (par Europe 1, ndlr), la RATP ne gagne aucun bonus sur ce type de mesures de régulation ; elle est même au contraire pénalisée. (...) Exceptionnellement, en cas de perturbation, il peut y avoir des mesures de régulation afin de "combler" un intervalle par rapport au train précèdent, pour diminuer l’attente des voyageurs dans les gares suivantes et limiter la pression sur les quais. Ces mesures exceptionnelles ne sont appliquées qu’à la condition qu’un autre train puisse desservir ces gares dans les 3 à 6 minutes suivantes."
Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d’Ile-de-France et président du Stif suite à une réunion organisée en urgence avec les PDG de la Sncf, Guillaume Pépy, et de la Ratp, Pierre Mongin, mardi 12 février : "Toutes les 3 semaines, un point technique de circulation et d’amélioration du fonctionnement sera fait aux côtés du Stif pour parler de la régularité, pour travailler en confiance avec les opérateurs et que ceux-ci parlent de la réalité de ce qui se passe sur le réseau."
Sur Twitter, Cédric Gentil, le blogueur-conducteur de RER A s’est dit étonné des réactions de Jean-Paul Huchon et Pierre Serne, qu’il a invité à venir en cabine goûter la réalité du terrain. Le vice-président du Stif Pierre Serne a répondu qu’il était un usager régulier des transports en commun.
ÉPILOGUE ? La réunion au sommet ce matin entre les présidents du Stif, de la Ratp et de la Sncf a permis d’annoncer la mise en place d’un "point technique" toutes les 3 semaines mais aussi et surtout de dégonfler la polémique. Jean-Paul Huchon a reconnu "un certain emballement" dans cette affaire alors que les mots "furieux" ou "fous" ont été prononcés hier par les intéressés. Le vice-président du Stif Pierre Serne a par ailleurs démenti l’intérêt pour la Ratp de "zapper" des arrêts pour toucher une prime puisque "tout arrêt non marqué entraîne des pénalités".
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