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Décès de Ray Harryhausen, la biographie du maître des effets spéciaux

lundi 13 mai 2013, par Morgan

Le monde du cinéma a appris avec tristesse la disparition de Ray Harryhausen à l’âge de 94 ans à Londres le 7 mai dernier. Considéré comme un maître des effets spéciaux, il a travaillé sur des chef-d’oeuvres comme Le Septième voyage de Sinbad ou encore Jason et les Argonautes, et a beaucoup influencé des réalisateurs comme Tim Burton. De nombreuses personnalités du cinéma ont exprimé leurs regrets, comme Joe Dante pour qui "Ray Harryhausen a emporté avec lui une grosse part de notre enfance".

Ray Harryhausen, l’homme, naît le 29 juin 1920 à Los Angeles. Ray Harryhausen, le maître des effets spéciaux naît lui en 1933 au Grauman’s Theatre sur Hollywood Boulevard durant la projection de King Kong de Cooper et Schoedsack. Déjà fasciné par les dinosaures et autres créatures visibles dans Le Monde Perdu de Harry O. Hoyt, le jeune Harryhausen subit un choc immense à la vision de King Kong et décide dès lors de consacrer son temps à la réalisation de petits films en stop-motion (image par image) mettant en scène des bêtes monstrueuses. Surnommé " l’homme qui a vu King Kong quatre-vingt dix fois ", Ray Harryhausen trouve en Willis O’Brien, le superviseur des effets spéciaux du film, un modèle.

La première rencontre entre les deux hommes se fait très tôt : en 1939, le jeune homme rend visite à O’Brien sur un tournage en compagnie de ses parents. " Je me souviens qu’il a regardé le dinosaure que j’avais apporté, avec ses pattes qui ressemblaient à des saucisses, et il a prononcé une phrase qui ne m’a jamais quitté depuis. Il m’a dit : il faut que tu mettes plus de caractère dans tes figurines ". Sur cet encouragement, Ray Harryhausen se lance dans des recherches sur l’anatomie puis dans des études de cinéma au City College de Los Angeles. Il se lie d’amitié avec Ray Bradbury, qui deviendra un auteur de science-fiction renommé, notamment avec Fahrenheit 451. Il réalise aussi de petits films avec l’aide et l’appui de ses parents. Il montre alors ses travaux à Georges Pal, autre amateur d’animation et metteur en scène, qui l’engage sur une série, les Puppetoons dès 1941.

Durant la deuxième guerre mondiale, Ray Harryhausen met ses talents au service de Franck Capra, le réalisateur nommé responsable du département cinéma de l’armée américaine avec qui il produit des films à caractère « éducatif  ». A partir de 1945, les Contes de la mère l’Oie, réalisés en famille dans son garage, remportent un vif succès surtout dans les circuits des écoles ou des bibliothèques.

En 1947, Ray Harryhausen collabore sur son premier long métrage avec Willis O’Brien. Il s’agit de Mighty Joe young, une suite de King Kong, dans lequel un gentil gorille devient méchant quand il boit du whisky… Willis O’Brien remporte l’année suivante un Oscar pour ce film, mais surtout pour l’ensemble de sa carrière. A partir de ce moment, Ray Harryhausen ne développera plus que des projets personnels, à commencer par The Beast from 20,000 fathoms d’Eugène Lourié.

1955 marque une nouvelle étape décisive dans sa carrière. Il rencontre en effet le producteur Charles H. Schneer avec qui il travaillera durant vingt-cinq ans. Leur première production commune est Le Monstre vient de la mer, suivi en 1956 du film Les Soucoupes volantes attaquent. La collaboration entre les deux hommes sera surtout marquée par un grand projet, la création d’une série de films fantastiques adaptés de contes anciens, tels ceux des Milles et une Nuits.

Leur volonté d’intégrer les effets spéciaux dans une histoire solide, et non l’inverse comme bien souvent, les incite à partir travailler en Grande-Bretagne où l’éloignement des studios hollywoodiens leur procure une indépendance nécessaire à la réalisation de leur tâche. Le Septième voyage de Sinbad sort en 1958. Une bande son signée Bernard Hermann, un scénario écrit avec la participation de Ray Harryhausen, une histoire mythique et des effets spéciaux toujours plus impressionnants  : la recette du couple Schneer-Harryhausen est née.

Le film, pour lequel ce dernier utilise la technique de la Dynamation améliorant le stop-motion, remporte un vif succès populaire et six millions de dollars de recette. Les voyages de Gulliver suivent en 1960 et deux ans plus tard L’Île mystérieuse adapté de Jules Verne. Cyclopes, dragons, lilliputiens et crabes géants ornent déjà la galerie des horreurs de Ray Harryhausen.

Il se fait force d’agrandir son musée dès 1963 avec les squelettes, le géant de bronze et l’hydre du doublement mythique Jason et les Argonautes. Mythique d’abord parce que le film s’inspire directement du poème d’Apollinos de Rhodes sur la quête de la Toison d’Or menée par Jason, et mythique ensuite parce que ce film reste comme l’un des plus aboutis de Ray Harryhausen. Tim Burton, Georges Lucas, Joe Dante, ou Peter Jackson entre autres ne cesseront de le classer parmi leurs films fétiches.

Si la presse et le public anglais se pressent pour aller voir le film, il n’en est pas de même pour le reste du monde. Face à ce demi échec, Schneer et Harryhausen se doivent de réagir : en 1964, avec Les Premiers Hommes sur la Lune, ils décident de se tourner vers le futur. Un Million d’années avant Jésus Christ, sans Charles H. Scnheer, puis La vallée de Gwangi suivent avec un succès variable.

Avec les années 1970, les " fantasy features " telles que l’ont imaginé les deux acolytes deviennent démodées. Le réalisme et le fantastique d’anticipation priment sur les adaptations de mythes et de contes anciens. Deux suites des aventures de Sinbad sortent tout de même, Le Voyage fantastique de Sinbad en 1974 puis Sinbad et l’œil du tigre en 1977 permettent à Ray Harryhausen d’accumuler les prouesses techniques et visuelles en mettant en scène Kali, un centaure, un singe joueur d’échecs… Le travail de l’animateur continue à être salué de toutes parts même si la naïveté et l’onirisme parfois de ses films attirent moins de public.

Le Choc des Titans sorti en 1981 sera le dernier projet de Ray Harryhausen, même s’il fait des apparitions comme acteur dans Le Flic de Beverly Hills III en 1994, ou Mon Ami Joe en 1998. Malgré sa retraite, la griffe Harryhausen laisse des marques dans les productions postérieures à son travail, des films de Tim Burton à Starship Troopers de Paul Verhoeven et même jusqu’à Monstres et cie dans lequel les auteurs ont donné au restaurant tendance de la ville le nom de…Harryhausen.