Près de 4.000 SDF à Toulouse ! Ce chiffre effrayant donné aujourd’hui par la Dépêche fait froid dans le dos. Ce constat affiche l’un des échecs les plus terribles de notre société, alors que les températures descendent en dessous de zéro. Sans compter que leur nombre accentue un lourd sentiment d’impuissance générale, voire de "sauve qui peut" en cette période de crise.
Le journal toulousain raconte l’histoire de Patrick C., 40 ans. Expulsé de son HLM en juin dernier, ce magasinier cariste vit et dort depuis 5 mois dans sa voiture, dans une petite rue de Marengo. Il refuse « par honte, de se rendre dans un foyer d’accueil. » Comme lui, ils sont près de 4.000 personnes, selon la préfecture. Seuls ou en groupes, quelques centaines de personnes en rupture ou en galère dorment à Toulouse dans leurs voitures, des camions, sous les ponts ou dans des abris de fortune. Patrick C. continue de raconter : « D’abord, le soir, je fais les poubelles pour manger dans le quartier. Puis je m’enferme. Je rabats le siège avant en couchette et je dors tout habillé avec mon anorak, deux sacs de couchage par-dessus. ça va. J’ai pas trop froid… »
D’autres témoignent... « C’est pas le froid qui est dur, c’est l’humidité », dit Patrick T, 50 ans, qui vit dans la rue à Toulouse depuis bientôt sept ans. « La journée, en ce moment tu traînes dans la rue comme un clebs. Tu essaies de te mettre au chaud. Je vais au forum ou à la médiathèque pour lire, pour voir la télé... J’ai jamais fait la manche. Je picole pas. J’ai pris des cuites quelque fois. Mais si tu dors dehors et que t’es cuité, avec le froid, tu passes pas la nuit ! » Ce solitaire dort dans un duvet, sur la terre battue, quelque part sous un pont en ville qu’il garde secret. « Moi je suis contre le fait qu’on oblige les SDF à aller se mettre aux abris », ajoute-t-il.
Le froid n’est pas leur seul ennemi. La faim, les clans, les policiers parfois et les drogues... « Avec des SDF qui sont à tox. A tox d’héro, d’alcool ou de subutex. Ceux-là, ils ne se rendent pas compte que, shootés, ils peuvent crever de froid ».
- Le 115, veille sociale, hébergement d’urgence, est opérationnel à Toulouse, comme partout en France.
- En Haute-Garonne, le plan d’accueil et d’hébergement d’urgence hivernal est activé jusqu’au 31 mars 2009. Ce plan complète et renforce le dispositif permanent d’accueil et d’hébergement. Il prévoit la mobilisation de 40 places d’hébergement supplémentaires et 30 places d’accueil sans hébergement (Halte de nuit). L’ensemble du dispositif de veille sociale est renforcé, s’agissant des équipes chargées de répondre aux appels du 115, des équipes de rue ou des lieux d’accueil de jour. Lorsque les conditions météorologiques le nécessitent, en accord avec la ville de Toulouse, des capacités supplémentaires peuvent être mobilisées. Cette semaine, en raison des chutes de température, des dispositions renforcées ont été prises : les deux dernières nuits, 5 places en plus ont été ouvertes au CHRS Antipoul (Centre d’Hébergement de Réinsertion Sociale, pour les hommes) et 42 places en plus également au Grand Ramier, mixte et accueil d’une famille, géré par la ville de Toulouse. En cas de conditions particulièrement difficiles, l’ensemble des collectivités territoriales est mobilisé afin que toute personne isolée ou en famille trouve une solution d’hébergement d’urgence.
Alain Rassat. Evous. Source La Dépêche.
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