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François Hollande président : comment se passera la passation de pouvoir ?

lundi 15 février 2016

Après l’élection de chaque nouveau président de la République, le fonctionnement du pouvoir connait une courte période de flottement. La transition est régie par des rituels politiques singuliers lors d’une journée très particulière. François Hollande a été élu président, Nicolas Sarkozy devra lui céder son fauteuil à l’Élysée : retour sur le rituel de la passation.

Sous la Ve République, Valéry Giscard d’Estaing en 1981, François Mitterrand en 1995 ou Jacques Chirac en 2007, ont laissé leur fauteuil à leur successeur. En 1969, la démission de De Gaulle pousse Alain Poher à assurer l’intérim. C’est lui qui accueille Pompidou après l’élection anticipée. Il n’y a donc pas de passation de pouvoir à proprement parler.

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UN PEU D’HISTOIRE : LES CIRCONSTANCES DE LA PASSATION

La passation la plus douloureuse fût certainement celle 1981. Le Président Giscard d’Estaing avait sollicité un second mandat auprès des électeurs. Ceux-ci ont choisi François Mitterrand. La mort dans l’âme, Giscard d’Estaing dût céder son fauteuil à son concurrent...

Les autres passations de pouvoir se firent plus naturellement. Mitterrand puis Chirac arrivaient tous deux au bout de leurs parcours politiques. Ils n’entendaient pas poursuivre leurs tâches. La transition fut donc paisible. Pourtant, les relations entre François Mitterrand et Jacques Chirac, marquées par la cohabitation de 1986 à 1988, n’ont pas toujours été au beau fixe. Chacun se souvient de la tension du débat d’entre-deux- tours de 1988. L’expérience étant mère de toute sagesse, la passation entre le socialiste et le corrézien se fit sans heurts. Sans doute, François Mitterrand s’était-il éloigné personnellement de la candidature de Lionel Jospin. Durant la campagne, ce dernier avait réclamé un "droit d’inventaire" concernant les deux septennats écoulés.

La transition entre Chirac, sortant, et Sarkozy, élu en mai 2007, ressemble à celle de 1995. Les relations entre les deux hommes ont parfois été tendues. "Je décide et il exécute", avait recadré Chirac à l’endroit de son ministre des Finances lors d’une garden party restée fameuse. Néanmoins, c’est un Président fatigué et usé par le pouvoir qui cède son fauteuil à Nicolas Sarkozy. La passation est donc apaisée. Le Président sortant est raccompagné jusqu’à sa berline noire par le vainqueur de mai. La voiture quitte la cour de l’Élysée sous les applaudissements du nouveau chef de l’État. Faisant fi de leurs divergences personnelles, les deux hommes font bonne figure en ce jour qui couronne la souveraineté de l’électorat.


UN CÉRÉMONIAL COUTUMIER

La cérémonie a lieu le dixième jour suivant le second tour de l’élection présidentielle. Comment se déroule cette journée singulière où la continuité de l’État se donne en spectacle ? Accompagnée par un cortège de motos de la garde républicaine, la berline du nouvel élu entre dans la cour de l’Élysée. Le tapis rouge est déroulé. Le vainqueur du scrutin l’emprunte. Sur le perron, le sortant vient le saluer, l’accueillir. Après échange d’amabilités de circonstance, les deux hommes entrent dans le Palais. Souvent, ils s’entretiennent dans le bureau présidentiel. A l’abri des oreilles indiscrètes, le sortant communique à son successeur le code d’accès aux manœuvres de l’arme nucléaire. Chacun peut se figurer la solennité du moment. En 1981, François Mitterrand - ne se fiant pas à sa mémoire - glisse dans sa poche un petit papier sur lequel est inscrit le code secret...

L’entretien entre le sortant et l’élu est plus ou moins long. Ensuite, le nouveau locataire raccompagne l’ancien. En 2007, Chirac se rend en voiture dans son appartement du quai Voltaire. En 1995, François Mitterrand quitte l’Élysée pour se rendre rue de Solférino. Le natif de Jarnac a voulu symbolique ce retour au siège du parti qui lui avait permis d’accéder à la fonction suprême, 14 ans plus tôt. En 1981, Valéry Giscard d’Estaing avait quitté à pied le palais présidentiel. Ces adieux se font le plus souvent sous les applaudissements émus du personnel de l’Élysée.

Dans la salle des fêtes, commence une cérémonie simple. Le nouvel élu a convié ses proches. En 2007, en rupture avec la tradition républicaine, femme et enfants ont été mis en avant par le nouveau locataire. Le Président de la République se voit remettre les insignes de Grand maître de l’Ordre de la Légion d’honneur par le Grand chancelier de l’Ordre. Il prend ensuite la parole pour une courte et formelle allocution.

Ensuite, dans la cour intérieure de l’Élysée, la Garde républicaine et plusieurs corps d’armée rendent les hommages au nouveau Président. On joue la Marseillaise. En 1974, Valéry Giscard d’Estaing était soucieux de montrer son dynamisme. Il avait demandé à ce que l’hymne soit interprété avec une cadence plus rapide qu’à l’accoutumée. Après les hommages, le Président passe en revue les troupes de la garde. Il avance au son de La Marche de la Garde consulaire à Marengo. Cet air militaire était le préféré de Napoléon. Un autre signe de la continuité de l’État.

La plupart des Présidents ne résident pas au palais de Élysée. Mitterrand comme Sarkozy ont préféré loger dans leurs appartements parisiens, plus commodes à la vie contemporaine. François Hollande résidera t-il à l’Élysée ?