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La hommes politiques et la banlieue : Attentes et déceptions
mardi 16 février 2016, par ,
Un éphémère "ministère de la crise des banlieues", un tour de France, un débat national... Depuis la mi-février, AClefeu multiplie les initiatives pour porter la voix des quartiers populaires en pleine campagne présidentielle. Début mars le président d’AClefeu, Mohamed Mechmache, a passé au crible pour Evous.fr les propositions des 5 favoris de l’élection présidentielle : François Hollande, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon. Piqûre de rappel...
C’est un homme affairé et satisfait de son coup médiatique qui répond à Evous.fr. Le 21 février, AClefeu a implanté un éphémère "ministère de la crise des banlieues" en plein cœur du Marais. Le but : sensibiliser les candidats à l’élection présidentielle à la situation dans les quartiers populaires mais aussi dans les territoires ruraux. Depuis, François Hollande, Eva Joly, Nathalie Arthaud et Philippe Poutou ont rencontré les responsables de l’association née lors des émeutes de 2005. Les autres ? "On réitère l’invitation à tous les candidats ! Messieurs Bayrou, Sarkozy, Dupont-Aignan sont les bienvenus. Nous avons aussi beaucoup de questions à poser à Marine Le Pen", lance Mohamed Mechmache en ce début mars. Rappelant qu’aucun candidat ne satisfait pleinement les volontés de l’association, le thème des quartiers populaires restant clairement marginal dans la campagne, il critique les idées avancées par tous les candidats. Sans mettre les formes.
François Hollande (PS). Ses 60 engagements pour la France comportent plusieurs mesures concernant les banlieues : 25% de logements sociaux, la création de "150.000 emplois d’avenir pour faciliter l’insertion des jeunes", lutter contre "le délit de faciès" dans les contrôles d’identité… L’avis de Mohamed Mechmache, président d’AClefeu : "Créer de l’emploi, c’est toujours une bonne chose. Mais ces emplois d’avenir, ce sont les emplois jeunes réchauffés ! Certains contrats aidés ont débouché sur des CDI, tant mieux, mais beaucoup ont eu un contrat de 5 ans… et c’est tout. Nous, nous voulons des garanties sur des CDI. Ensuite, concernant le logement… 25% de logements sociaux, c’est bien mais les 20% actuels ne sont déjà pas respectés. Nous, nous proposons que l’Etat réquisitionne les terrains des communes qui ne respectent pas la loi et construise les logements sociaux."
Nicolas Sarkozy (UMP). Le jour de l’entretien, le président-candidat n’avait pas encore dévoilé son programme (lequel prévoit un plan de rénovation pour achever la rénovation urbaine ou une réforme de la justice des mineurs, entre autres). Dans le projet UMP pour 2012, il est notamment question d’adapter la loi SRU (sur les logements sociaux) "aux besoins des différents territoires", d’inciter les locataires HLM à acheter leur logement et d’instaurer une "meilleure adaptation des loyers HLM aux revenus des occupants". L’avis de Mohamed Mechmache : "Adapter les loyers de HLM, OK. Mais Nicolas Sarkozy n’a lui-même jamais respecté la loi sur les logements sociaux lorsqu’il était maire de Neuilly-sur-Seine !"
Marine Le Pen (FN). Concernant le logement social, le Front national veut notamment "adapter la loi SRU aux possibilités concrètes de chaque commune". Côté urbanisme, le FN explique dans son projet souhaiter orienter les règles d’urbanisation dans les zones denses en favorisant le parc locatif intermédiaire. Autre mesure marquante : "La destruction des cités construites dans les années 1955 à 1970 et leur remplacement par un habitat de taille et d’esthétique traditionnelles". L’avis de Mohamed Mechmache : "Détruire les vieilles cités ? Elle est en retard. Le plan de rénovation urbain est déjà passé par là."
François Bayrou (Modem). Le candidat centriste l’a redit mi-mars lors d’une visite à Mantes-la-Jolie : il veut créer un ministère de l’Egalité. Il insiste aussi sur l’intérêt de l’intégration d’une part de proportionnelle aux élections législatives afin de favoriser la diversité à l’Assemblée nationale. L’avis de Mohamed Mechmache : "La proportionnelle, c’est en effet une bonne chose. En revanche, le ministère de l’Egalité, nous avons vu ce que cela donnait avec Azouz Begag : un portefeuille vide. Il faudrait un grand ministère sur le modèle de ce qu’avait fait Nicolas Sarkozy pour Jean-Louis Borloo et l’Écologie, afin que les directives soient prises en fonction du droit commun."
Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche). Le leader du Front de gauche souhaite 25% de logements sociaux et une hausse à 30% en Ile-de-France, à l’image de ce que propose par ailleurs Eva Joly (EELV). Il souhaite surtout bloquer les loyers (François Hollande le souhaite aussi mais seulement dans certaines zones) et réquisitionner les logements inhabités. L’avis de Mohamed Mechmache : "Réquisitionner les logements vides : oui ! Mais nous proposons d’aller plus loin. Dans les communes qui n’ont que 1% de logement social, nous réquisitionnons 19% ! Là, cela ferait bouger les choses."
Les propositions d’AClefeu. L’association a émis 23 propositions parmi lesquelles un SMIC à 1.300€ nets par mois, des "clauses d’insertion" obligatoires dans les grandes entreprises, la réquisition de terrains et l’inéligibilité pour les maires ne respectant pas les quotas de logements sociaux... Evous.fr a demandé à Mohamed Mechmache d’en retenir deux qui lui semblent centrales : "L’emploi et l’instruction-éducation. Nous ne voulons pas que nos jeunes sortent du système scolaire. Or aujourd’hui, ils ont par exemple des difficultés pour accéder aux grandes écoles. L’autre point important, c’est l’emploi car sans travail, la discorde s’installe dans les familles."
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