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DERNIERS JOURS pour Maurice Pialat, rebelle, peintre et cinéaste : exposition et rétrospective à la Cinémathèque
lundi 6 mai 2019, par
De 1942 (il avait alors 17 ans...) à 1946, Maurice Pialat, formè aux Arts dè coratifs de Paris, peignait.
L’Enfant ivre. Fonds Maurice Pialat. Dépôt Sylvie Pialat
La Cinémathèque française expose, grâce au dépôt fait par sa femme, Sylvie Pialat, une sélection de 33 de ses tableaux et 16 dessins : nature morte, portraits, paysages, marines et paysages urbains, certaines recelant déjà des ferments qui resurgiront dans ses films.
Seul son autoportrait était présent dans la quotidien de Pialat, accroché dans le salon. Le reste était rangé au fond d’une cave : "Maurice était un grand gardeur" dit-elle.
Maurice Pialat ne commença sa carrière de cinéaste qu’à 43 ans. Après 10 ans de galères, d’emploi de visiteur médical, de bureau chez Olivetti, d’apprentissage du métier d’acteur et de quelques projets non aboutis...
Mais il avait une conscience certaine de quelques-uns de ses talents. De l’œil qu’il avait peut-être acquis au cours de sa courte période de peintre, cadrage, usage de la lumière, qui lui avait aussi laisser une approche brusque et posée à la fois de l’usage qu’il ferait de l’esthétique.
Et il disait aussi : "Je n’écoute rien, je ne sais rien, je tourne. Quand ça se passe bien, on le sent, il est rare que le plan déçoive après. J’ai des facilités pour les scènes longues et c’est le rêve des cinéastes de ne pas s’arrêter, de filmer un seul plan".
Sylvie Pialat a par ailleurs fait don à la Cinémathèque des archives de cinè aste de son mari disparu en janvier 2003 : notes, scè narios annotè s, projets non tournè s (37 !, signe et preuve d’une grande ténacité), documents, correspondances, affiches et photos (nombreuses, de tournages avec, au travail, Sandrine Bonnaire, Gè rard Depardieu, Isabelle Huppert, Nathalie Baye, Jacques Dutronc, ou Jean Yanne).
Gérard Depardieu et Maurice Pialat, tournage de Loulou, Étienne George, 1979.
Cette exposition sur Maurice Pialat, réalisateur de talent au caractère réputé difficile, qui s’estimait tellement l’oublié et le mal-aimé du cinéma français, retrace l’ensemble de la carrière de Maurice Pialat, depuis sa première vocation, la peinture, jusqu’à son dernier film Le Garçu, sorti en salle en 1995.
Des correspondances, parfois inè dites, font aussi apparaître des actrices ou acteurs un temps envisagè es pour certains rôles, comme Simone Signoret pour La Gueule ouverte, par exemple. Lettre manuscrite merveilleuse de l’actrice, de tact et de sensibilité, dans laquelle elle explique à Pialat, après avoir vu son film projeté, qu’elle ne lui avait pas dit non à lui mais à la mort en refusant ce projet, mais qu’elle serait enthousiaste et partante avec lui sur n’importe quel autre projet.
Lettre étonnante aussi de Jean-Luc Godard qui l’encense et le remercie d’avoir tant su le bouleverser avec son film Van Gogh.
Les synopsis, scè narios et cahiers de notes, pour beaucoup manuscrits et annotè s, montrent un rapport à l’è criture à la fois volcanique, impulsif et intransigeant, qui traduisent un cinè ma très personnel, même singulier, dont l’écriture se poursuivait durant... le tournage.
Maurice Pialat et Sandrine Bonnaire, tournage d’AÌ€ nos amours. William Karel 1982-1983. Fonds Maurice Pialat, don Sylvie Pialat © William Karel
La "méthode Pialat" transparaît dans certains entretiens, révélés à cette occasion, inédits avec des proches, comme Sandrine Bonnaire, la scè nariste Arlette Langmann, le monteur Yann Dedet, ou encore la chef dè coratrice Katia Wyszkop.
Visiteurs et spectateurs dè couvriront dans cette exposition, et en revisionnant ses films, des facettes mè connues de la vie du cinè aste et de son œuvre, l’une des plus intenses du cinè ma français, dense et comme marquè e par le ressassement, l’exaspération, le remord et une forme de solitude.
Très impliqué dans ses films et dans ces tranches de romans familiaux, il en disait : "Tout cela m’est arrivé à moi. J’ai fait le film pour me détacher d’une obsession (...) Jean Yanne, c’est moi" (Nous ne vieillirons pas ensemble). Ou "Je ne suis pas Depardieu, je suis Guy Marchand" (Loulou).
Du 20 fè vrier au 4 mars 2013 (alors que l’exposition durera jusqu’au 7 juillet 2013), une rè trospective complète de ses films sera organisée en prè sence de nombre de ses acteurs et collaborateurs : 10 films de long métrages, et un chef-d’œuvre de 6 heures tourné pour la télévision.
– À nos Amours (1983), avec Sandrine Bonnaire, Maurice Pialat, Dominique Besnehard. Restauré. Le 23/02 à 14h30 et le 4/03 à 19h15.
– L’Enfance nue (1967), avec Michel Tarrazon (dont certaines attitudes m’ont fait penser au Jean-Pierre Léaud des 400 Coups), Marie-Louise Thierry, Renè Thierry. Le 20/02 à 16h30 et le 24/02 à 14h.
– Le Garçu (1994), avec Gè rard Depardieu, Gè raldine Pailhas, Antoine Pialat. Le 20/02 à 21h30 et le 1/03 à 21h30.
– La Gueule ouverte (1973), avec Nathalie Baye, Hubert Deschamps, Philippe Lè otard. Le 1/03 à 19h30 et le 4/03 à 17h.
– Loulou (1979), avec Isabelle Huppert, Gè rard Depardieu, Guy Marchand. Le 23/02 à 21h30 et le 27/02 à 21h30. Restauré.
– Nous ne vieillirons pas ensemble (1971), avec Marlène Jobert, Jean Yanne, Macha Mè ril, Christine Fabrè ga, Harry-Max. Le 23/02 à 19h et le 3/03 à 19h. Restauré.
Jean Yanne et Marlène Jobert dans Nous ne vieillirons pas ensemble Bernard Prim 1971 Collections Cinè mathèque française © DR.
– Passe ton bac d’abord (1978), avec Sabine Haudepin, Philippe Marlaud, Annick Alane. Le 22/02 à 19h et le 27/02 à 14h30. Restauré.
– Police (1984), avec Gè rard Depardieu, Sophie Marceau, Richard Anconina, Pascale Rocard, Sandrine Bonnaire. Le 25/02 à 19h et le 4/03 à 21h45. Restauré.
– Sous le soleil de Satan (1986), avec Gè rard Depardieu, Sandrine Bonnaire, Maurice Pialat, Alain Artur. Le 25/02 à 21h30 et le 3/03 à 14h30. Restauré.
– Van Gogh (1991), avec Jacques Dutronc, Alexandra London, Gè rard Sè ty. Le 22/02 à 21h et le 28/02 à 21h. Restauré.
– Parmi les films pour la télévision : La Maison des bois, 1970 (è pisodes 1, 2, 3, 4 le 24/02 à 16h et le 2/03 à 16h30), (è pisodes 5, 6, 7 le 24/02 à 21h et le 2/03 à 21h).
Un homme n’est peut-être pas suffisamment présent dans cette exposition : Daniel Toscan du Plantier (décédé quelques jours après Pialat, le 11/02/2003), qui sut produire tant de ses films pour la Gaumont, et Dieu sait que ce n’était pas une sinécure, mettant le cap sur son talent mais essuyant souvent les violentes bourrasques de son caractère tourmenté et définitivement difficile.
Un petit film le montre à ses côtés, à Cannes. Ils sont à la conférence de presse de présentation de "Sous le soleil de Satan", où le nom de Toscan apparaissait pour la première fois. Cet extrait savoureux, dans lequel Toscan s’exprime avec humour et même gourmandise, est présenté avec un court "making of" de Police, pris au 17e jour du tournage... tension sur le plateau.
Un catalogue de l’exposition est en préparation, coédité par Somogy, éditions d’art / La Cinémathèque française, 160 pages, 150 illustrations couleurs, 29€.
Pialat, peintre et cinéaste, du 20 février au 7 juillet 2013, à la Cinémathèque française, 51 rue de Bercy 75012 Paris, lundi, et de mercredi à samedi de 12 à 19h, le dimanche de 10 à 20h. 5€ ou 4.
Vous retrouverez dans les articles 2012 à Paris : les grandes expositions de A à Z et 2013 à Paris : LES GRANDES EXPOSITIONS de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.
Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14
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Enfin, contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous avons établi notre sélection, pour Paris, des meilleurs catalogues des expositions 2012, en vous indiquant en plus les nominés, et les primés au Prix CatalPa 2012 pour les catalogues d’expositions de Paris.
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Celui de cette exposition en fait partie.
André Balbo
sources : visite, Sylvie Pialat, Jérôme Seydoux, Serge Tubiana, Cinémathèque française