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Voir absolument l’âge d’or des Miniatures flamandes (1404-1482), à la BnF

lundi 6 mai 2019, par Expositions

Jusqu’au 10 juin !

Bienvenus à l’origine même de la peinture ! À la grande étape qui succéda aux représentations rupestres ! À la naissance du détail, du nu, du message, de l’érotisme, de l’humour, de la licence comme du sens critique, des morales et des religions péremptoires et à géométries variables, à celles de l’éducation et de l’esthétique en images. À l’éclosion du goût ! Ajustez bien vos lunettes et soyez attentifs.

Pour commencer, si vous ne pouvez voir qu’une des deux expositions sur les enluminures présentées en ce moment à Paris, c’est, selon nous, "l’âge d’or des Miniatures flamandes (1404-1482)", à la BnF, site François-Mitterrand, mais si votre passion vous permet de visiter les deux, vous en serez ravis.

Le XVe siècle a donné une place majeure à l’art des enlumineurs. C’est aussi l’époque où l’on assiste au développement de l’orfèvrerie, de la tapisserie, et... de la peinture sur chevalet.

La BnF François-Mitterrand et la Bibliothèque royale de Belgique présentent cet exceptionnel moment dans l’histoire de la « peinture de livres  », par les 90 manuscrits les plus prestigieux des collections belges et françaises, véritables chefs-d’œuvre de l’art flamand, dont le précieux manuscrit de la Vie de sainte Catherine d’Alexandrie (1re illustration), récemment acquis par la BnF, et classé trésor national.

Ce sera sous l’impulsion des ducs de Bourgogne que l’art de l’enluminure atteindra son apogée. Les héritiers de Philippe le Hardi, qui meurt en 1404, étendent leur pouvoir aux anciens Pays-bas méridionaux, territoires du Nord de la France et de l’actuelle Belgique.

Chroniques de Hainaut

Jean sans Peur, Philippe le Bon, et Charles le Téméraire se révèlent mécènes et bibliophiles actifs, délaissant sensiblement le creuset artistique que constitue Paris, pour s’approvisionner davantage dans leurs possessions les plus prospères : Flandre, Artois, Brabant et Hainaut.

Ils s’adressent alors aux meilleurs enlumineurs, contemporains de Jan Van Eyck ou Rogier Van der Weyden, et c’est à Bruges, Anvers, Bruxelles, mais aussi Hesdin, Lille ou Valenciennes que les manuscrits sont réalisés.

Parce que la demande est aussi soutenue par les courtisans, bourgeois fortunés, fonctionnaires et ecclésiastiques de haut rang, la production du livre enluminé connaîtra un essor sans précédent.

Attention. De tels livres étaient alors considérés comme des biens luxueux et valaient des fortunes. Une bibliothèque, appelée à cette époque "librairie", rassemblant 40 ouvrages, était jugée prestigieuse.

Alors jugez de l’importance que purent avoir dans le développement de ces arts une lignée de mécènes telle que celle des ducs de Bourgogne, quand par exemple Philippe le Bon héritait d’une "librairie" de 248 volumes, et rendait après une vie de bibliophile éminent un effectif de 865 volumes, quelques dizaines d’autres ouvrages n’ayant même pas été répertoriés !

Les reliures de ces livres, qui étaient très lourds, étaient en général protégées de l’usure et des heurts par 5 picots métalliques.

Dans cette exposition, vous pourrez admirer quelques bifeuillets, qui ne sont encadrés que dans l’attente d’une reliure...

Ces manuscrits enluminés, œuvres le plus souvent collectives, sont confectionnés en ateliers selon une division du travail aboutie, ces artisans-artistes habitant et travaillant fréquemment dans des structures "familiales".

Les volumes, pour la plupart de grand format, sont calligraphiés d’une belle écriture lisible, et pourvus d’un décor luxueux. Leur contenu littéraire, essentiellement en français, est souvent profane : traités moraux, traductions de textes antiques, hagiographies, épopées chevaleresques et romans.

Histoires de Troie

Les œuvres sont souvent inédites et leur iconographie toujours rare. L’intérêt des manuscrits présentés dans cette exposition va bien au-delà de leurs superbes ou étonnantes miniatures. Ils nous informent sur leurs commanditaires et le contexte de leur production. Ils témoignent du faste de la cour de Bourgogne, des ambitions politiques des ducs, mais aussi de l’apparition d’une esthétique nouvelle, sensible et picturale, à la recherche d’effets réalistes ou expressifs.

De l’art chatoyant et gracieux du Maître de Guillebert de Mets au style expressionniste du Maître de la Chronique d’Angleterre, ou la légère ironie des dessins aquarellés du Maître de Wavrin, la richesse et la variété des œuvres dessinent un âge d’or de la miniature flamande auquel cette exposition rend hommage.

Le manuscrit de la Vie de sainte Catherine, de Simon Marmion, l’un des plus grands artistes du XVe siècle en Europe, et dont les collections nationales ne possédaient jusqu’ici aucune œuvre majeure, est l’un des fleurons de l’exposition.

Ce panorama exceptionnel de la miniature flamande réunit des collections que l’histoire avait dispersées, les fleurons des bibliothèques des princes du XVe siècle.

Pour l’éminent spécialiste Roberto Ballabeni, la possibilité et la chance de pouvoir contempler la seule enluminure connue de Van der Weyden dans le manuscrit des Chroniques de Hinaut, justifieraient à elles seules votre visite de cette exposition.

Nous vous conseillons aussi d’accorder toute votre attention au Roman de Jean d’Avesnes (1460-1470), de Maître du Girart, établi pour Philippe de Croy ; au Bréviaire de Philippe le Bon (partie d’hiver), (1460-1462) établi par Jean le Tavernier, notamment pour sa splendide Nativité. Observez les physionomies des personnages et la finesse du rendu des mains... À l’ouvrage de Jean Mansel La Fleur des histoires (1450-1458) ; et à La Vie de Saint André, non pas parce que c’est mon prénom, ou que ce saint fut le patron de la Bourgogne, de Philippe le Bon et de l’Ordre de la Toison d’Or, mais plus esthétiquement pour la profondeur exceptionnelle accordée à ses paysages.

Amateurs d’enluminures, nous ne pouvons que vous encourager vivement à visiter également les Belles Heures du duc de Berry, au musée du Louvre à la BnF, site François Mitterrand, jusqu’au 25 juin 2012.

Miniatures flamandes (1404 - 1482)sous la direction de Bernard Bousmanne et Thierry Delcourt, avec la collaboration d’Ilona Hans-Collas, de Pascal Schandel, Cè line Van Hooreebeeck et Michel Verweij, 472 pages, 350 illustrations. Coédition Bibliothèque nationale de France / Bibliothèque royale de Belgique. 49€.

Vous retrouverez dans l’article « 2012 à Paris : les grandes expositions de A à Z  » les différentes expositions 2012 déjà annoncées par leurs établissements et musées, et dans l’article « Calendrier 2012 des grandes expositions à Paris  », ces mêmes expositions classées par dates.

David méditant devant la tête de Goliath, d’Orazio Gentileschi, huile sur lapis-lazuli, exposition Artemisia

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André Balbo

sources : BnF, Bibliothèque royale de Belgique, Roberto Ballabeni, visite