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DERNIERS JOURS : ne manquez pas l’Âge d’Or des cartes marines, à la BnF. Exceptionnel !
jeudi 24 mai 2018, par
Arrivée de marchands à Ormuz : leur bateau transporte un chameau et un éléphant, extrait du Livre des Merveilles, de Marco Polo, 1412, BnF, département des Manuscrits
Exceptionnel. Une exposition à voir et revoir.
Du 23 octobre 2012 au 27 janvier 2013, le site François-Mitterrand de la BnF présente dans la Grande Galerie la plus grande collection au monde de "portulans", ces cartes marines enluminées sur parchemin, souvent rehaussées d’or, dont la plus ancienne qui soit connue date de la fin du XIIIe siècle, la "carte Pisane".
Cette appellation viendrait de l’italien "portolano", les "cartes portulans" donnant la succession des ports et des havres le long des côtes, tandis que l’espace maritime est sillonné par des lignes géométriques (lignes de rhumbs) qui correspondent aux directions de la boussole.
Ce système graphique permettait aux marins de s’orienter en reportant sur la carte la distance qu’ils estimaient avoir parcourue.
Innovations techniques, autant qu’objets de science et miroirs de la quête d’un ailleurs, les portulans nous apparaissent aujourd’hui comme de véritables œuvres d’art.
Madagascar et l’océan Indien, planche manuscrite sur parchemin de l’Atlas Miller, 1519 BnF, dpt des Cartes et plans
Visiteur, vous entrez là dans ce monde ancien, curieux et extraordinaire, qui ne connaissait pas encore ses limites et brûlait, pour toutes sortes de raisons, les meilleures comme les pires, de les connaître...
En bruits d’ambiance, vous entendrez les grincements de vieux gréements, pauvres vieux voiliers majestueux au long cours ployant sous les contraintes conjuguées des flots et des vents, et le bruit de lourds charriots transportant de précieux chargements d’épices mystérieuses et de butins évidemment arrachés aux populations.
Atlas catalan, 2 des planches de la partie orientale, 1375, manuscrit enluminé, inspiré notamment d’informations recueillies du Livre des Merveilles de Marco Polo, BnF, département des Manuscrits
À partir d’une sélection de 200 pièces, dont 80 cartes portulans (sur un total conservé à la BnF de 500, la plus grande collection au monde, je le répète !), cartes mais aussi globes, instruments astronomiques (boussoles, astrolabes nautiques, arbalestrille...), objets d’art et d’ethnographie, estampes, tableaux et manuscrits, des animaux naturalisés, l’exposition aborde plusieurs phénomènes :
– le rôle des cartes,
– les grandes découvertes,
– l’hégémonie européenne,
– et la création d’une iconographie des Nouveaux Mondes.
Carte portulan anonyme dite de Christophe Colomb, vers 1492, BnF, département des Cartes et plans
Les prêts proviennent des musées Branly, Guimet, Louvre, Arts et Métiers, du Service historique de la Défense, de la British Library, du Mobilier national, ou du musée de la Marine, bien entendu, mais aussi de bien d’autres collections tout aussi prestigieuses que nous n’aurions pas la place ici de mentionner.
Grâce à cet angle inédit que sont les premières cartes maritimes, nous découvrons de quelle façon les Européens découvrirent progressivement le monde, conquis, dominé, pillé, mais aussi étudié.
Battista Agnese, Mappemonde avec le trajet de la première circumnavigation entreprise sous la conduite de Magellan, 1543, BnF, département des Cartes et plans
Et comment ils parvinrent, étape par étape, à compléter l’image de notre planète, par approximations, corrections, nouvelles hypothèses, et expéditions maritimes.
Comment, du XIVe au XVIIIe siècle, ont-ils pu s’avancer ainsi, toujours au-dessus et à la rencontre du "nouveau vide restant", et à compléter ainsi leur connaissance de ces derniers bouts de planète sauvages.
Ces cartes marines, qu’étaient les portulans, étaient élaborées à partir d’un réseau de lignes en étoiles, et les toponymes des rivages étaient portés perpendiculairement au trait des côtes. Les ports les plus importants étaient en rouge, les mouillages secondaires en noir. Des échelles sommaires permettaient, pensait-on, d’évaluer les distances.
Vous en dire plus serait certainement vous priver - et sur un tel sujet ce serait pêché - des joies et émotions de la découverte.
Sachez tout de même encore que le recueil des informations successivement rapportées par les marins était systématiquement fait et dépendait des couronnes.
Que les Portugais furent de loin les pionniers de cette aventure-là, dont ils furent progressivement délogés par la suite par les Espagnols, les Français, les Anglais, puis par les Hollandais, que le commerce planétaire plaçait, presque fatalement, en tête des géographes au XVIIe. Que ces cartes montrent aussi pour la première fois les espèces d’animaux jusqu’alors inconnues : rhinocéros, éléphants, girafes, chameaux de Bamiyan.
Et qu’enfin, je ne voulais pas vous le dire mais je ne peux me retenir, vous verrez dans cette formidable exposition :
– L’Atlas catalan, d’Abraham Cresques, réalisé vers 1375, qui puisa certaines informations dans le Livre des Merveilles de Marco Polo (dont un exemplaire est en vitrine !) ;
– La planisphère nautique, de Nicolo de Caverio, entre 1502 et 1506 ;
– L’Atlas portugais, de Lopo Homen, ralisé vers 1519 ;
– La Cosmographie universelle, de Guillaume Le Testu, achevé en 1556 ;
– La Carte du Pacifique, de Hessel Gerritsz, réalisé en 1622.
Et tant d’autres objets (moulage d’ancienne borne repaire posée en Afrique par les Portugais, camées représentant des rois africains, tableaux allégoriques représentants, et hiérarchisant, bien entendu, les races, et tant d’autres...) qui témoignent de ces épopées plus ou moins glorieuses, mais où soufflaient l’aventure, la soif de conquête, la suffisance de pays européens si sûrs de leurs bons droits et de leur supériorité, et qui avaient en fait besoin d’aller au tout bout de la planisphère et de la géographie pour enfin s’autoriser à comprendre l’unicité de l’Humanité et profiter de la sagesse d’un début de modestie.
L’Âge d’Or des cartes marines, quand l’Europe découvrait le monde. Site François-Mitterrand de la BnF, Grande Galerie, du 23 octobre 2012 au 27 janvier 2013.
Vous retrouverez dans les articles « 2012 à Paris : les grandes expositions de A à Z  » et 2013 à Paris : les grandes expositions de A à Z  » les différentes expositions 2012 et celles de 2013 déjà annoncées par leurs établissements et musées.
Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14
Dans les articles « Calendrier 2012 des grandes expositions à Paris  », et « Calendrier 2013 des grandes expositions à Paris  », ces mêmes expositions sont classées par dates.
Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez apporter à ces programmes.
Nous vous indiquons chaque semaine les nouveautés, les expositions qui fermeront bientôt leurs portes, et... nos préférences, car on ne se refait pas : "LA SEMAINE des expositions, musées, et galeries : que faire à Paris du...".
Nous tenterons aussi de vous les présenter chaque mois , à partir de Février 2013.
Enfin, contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous avons établi notre sélection, pour Paris, des MEILLEURS CATALOGUES des expositions 2012, celui de cette exposition en fait partie, en vous indiquant en plus les nominés, et les primés au Prix CatalPa 2012 pour les catalogues d’expositions de Paris.
Nous procéderons de la même manière en 2013, avec PARIS 2013 : les meilleurs catalogues d’expositions de Paris.
André Balbo
sources : visite, BnF, Le Seuil
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