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La Cité Fleurie, havre de paix pour artistes dans le 13ème
dimanche 24 décembre 2023
Sur le Boulevard Arago, non loin du square Henri Cadiou, se cache la Cité Fleurie, havre de paix qui accueille des artistes depuis plus d’un siècle.
La cité s’étend sur 2 000 m², bordés de 29 ateliers. Elle fut construite en 1878, avant la Ruche et le Bateau-Lavoir, restés sans doute plus célèbres. Si le lieu est un espace de résidences privées, on peut y pénétrer facilement car la grille est souvent ouverte. En outre, les ateliers de certains artistes qui y vivent et travaillent sont en libre accès lors de la manifestation Lézarts de la Bièvre, qui a lieu chaque année le deuxième week-end de juin.
On découvre après avoir passé un porche, une cité étonnante, très calme. Les maisons sont alignées, avec toits pointus, rideaux de dentelle écrue et pans de bois. Plus champêtre que ses voisines, la Cité Florale ou le Square des peupliers, la Cité Fleurie se distingue par son atmosphère de campagne ancienne. On y voit de nombreux meubles de jardins envahis par la verdure, des outils éparpillés ça et là, des chats peu farouches, quelques œuvres dans les cours, de vieilles pierres sculptées au milieu des plantes, bambous et herbes folles. Au sol, pas de pavés comme souvent dans ce type de micro-quartier parisien, mais de la terre, qui finit de donner au lieu sa personnalité.
La cité se divise en plusieurs zones : dans la principale, après le premier porche, les maisons partagent le jardin central ; la deuxième, située derrière un autre porche, accueille d’autres logis, qui jouissent de courettes individuelles ; la dernière est un peu différente. Nommée la "Cité Verte", elle rejoint la rue Léon Nordman, mais elle est elle, privée (même si la grille est de temps en temps ouverte du côté de cette dernière rue). Chaque espce est plus vert et champêtre que le précédent.
Cet ensemble d’ateliers a été construit entre 1878 et 1888, à l’aide de matériaux provenant du Pavillon de l’Alimentation, conçu par Hunebelle pour l’Exposition Universelle de 1878. La cité a accueilli depuis sa création plusieurs artistes de renom. On compte parmi ses résidents le peintre et décorateur français Louis Bouquet, qui y réalisa des commandes pour le Musée des Colonies, le peintre et sculpteur néerlandais César Domela, le sculpteur français Henri Laurens, le patineur Limet, à qui Auguste Rodin rendait souvent visite, le peintre français Gauguin, le peintre et sculpteur italien Modigliani. Ces deux derniers y vécurent peu de temps : dans ce qui fut leur atelier précaire, s’installa en 1935 avec sa famille, l’une des figures les plus importantes de la Cité, le peintre français Henri Cadiou, fondateur du mouvement Trompe-l’œil / Réalité. Militant dans des associations de défense du patrimoine parisien, il fit beaucoup pour la sauvegarde de la Cité Fleurie, menacée de destruction par la promotion immobilière dans les années 1970.
UNE HISTOIRE MOUVEMENTÉE
C’est Henri Cadiou qui choisit un nom à l’endroit qui n’en portait pas encore : il le nomma "la Cité Fleurie", pour mieux la défendre en tant qu’entité car, disait-il, « Un lieu qui n’a pas de nom n’existe pas  ». Cette appellation permettait en outre d’invoquer dans le débat la protection de l’environnement, thème naissant dans le discours public. Le peintre créa une association de défense de la zone, qui rallia de nombreux riverains du quartier, dont certains ne connaissaient même pas l’existence de la cité. Cadiou fut aidé dans sa tache par le sculpteur Armand Lacroix : les deux hommes reçurent en 1976 le prix "SOS Paris" pour leur action. Ils délaissèrent un temps leurs activités artistiques pour se consacrer à leur combat, rédiger des articles, faire entendre leur cause auprès d’un large public, etc.
L’opinion publique et la presse furent alertées. En février 1972, l’émission de Michel Péricard et de Louis Bériot, « La France défigurée  », est consacrée à la Cité. Pierre Bellemare lance un appel sur Europe 1 dans son émission "Il y a sûrement quelque chose à faire". A la fin de l’année 1972, le Ministre des Affaires culturelles de Pompidou, Jacques Duhamel, décida une mise en instance de classement de la Cité Fleurie, avec interdiction de modification du site pendant un an. Le classement fut prononcé le 22 janvier 1976, grâce à l’implication du président Valery Giscard d’Estaing. En 1981, Francois Mitterrand vint visiter la Cité fleurie pour la faire racheter par l’État. Elle est depuis gérée par une société d’HLM, et toujours réservée aux artistes.
Une plaque commémorative rappelle que la cité a également abrité de 1934 à 1939 la "Deutsche Freiheitsbibliothek", bibliothèque allemande de la liberté, fondée par des écrivains allemands anti-hitlériens, avec l’aide d’écrivains français : elle regroupait des livres proscrits par l’Allemagne nazie, plus de 11 000 volumes, réunis grâce aux contributions de réfugiés du monde entier.
A l’occasion, ne manquez pas d’aller voir à quoi ressemble ce lieu d’art et d’histoire : il le mérite !
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