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Prolongation jusqu’au 24 mars, à la Fondation Cartier, de Yue Minjun, l’ombre du fou rire et du réalisme cynique chinois
lundi 6 mai 2019, par
Très belle opération de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, qui organise du 15 novembre 2012 au 17 mars 2013 (prolongation exceptionnelle jusqu’au 24 mars) la première exposition monographique majeure du peintre chinois Yue Minjun en Europe, dont même la discrétion est... célèbre.
Yue Minjun, Memory 2, 2000, Huile sur toile, Collection de l’artiste, Pékin, © Yue Minjun
Pour l’occasion, près de 40 de ses tableaux ont été rassemblés, provenant de collections publiques et particulières disséminées dans le monde entier.
Avec une telle sélection, l’événement met bien en lumière le travail conceptuel et pictural de cet artiste reconnu. On pourrait dire également politique et méchamment rebelle, parce que violemment ironique. Il permet ainsi d’explorer assez complètement l’iconographie si particulière qu’il a développée.
Yue Minjun est considéré comme le principal représentant du mouvement du réalisme cynique ayant émergé au début des Années 1990 en Chine.
Yue Minjun, Sky, 1997 Huile sur toile Collection privée, Europe © Yue Minjun
Ce courant artistique rompait au début des Années 1990 avec le réalisme socialiste, et également avec les avant-gardes. Ces jeunes artistes portaient alors un regard moins idéaliste et plus acerbe sur la société chinoise, qui faisait par exemple que Yue Minjun disait à ses débuts : "le fait de sourire, de rire pour cacher son impuissance a (une grande) importance pour ma génération".
Et ce sera en effet le rire, dans sa plus complète plénitude, qui deviendra le style, l’identifiant, le totem et le message central de cet artiste. Le rire si intense qu’il en déforme les traits et ne laisse plus rien apparaître d’autre de la personnalité. Tout se fond et se masque sous cette crispation ultime.
Regardons mieux ce rire. Est-on si sûr qu’il ne serait que chinois ? N’y retrouvons-nous pas celui des masques des théâtres japonais, grecs ou de la commedia dell’arte ? Ou celui des mascarades chamaniques africaines ou caraïbes ? Et pourquoi n’inclurions-nous pas dans cette grande soupe universelle de souffrances et d’impuissances mélangées le rire tragique et monstrueux de l’Homme qui rit, de Victor Hugo, mutilé par des Bohémiens pour devenir objet de cirque... représentant du peuple, avant d’échapper à tous regards.
Toutefois, par cette exposition, la Fondation Cartier voudrait, en montrant un si large ensemble d’œuvres, dépasser cette étiquette trop restreinte accolée à Yue Minjun de pape du réalisme cynique, et faire plus intimement connaître, et reconnaître, l’artiste et son travail.
Et effectivement, l’œuvre de Yue Minjun, à travers la présentation de ces tableaux significatifs, paraît être notamment très étroitement liée à l’histoire de la Chine, et bien plantée dans le mollet du régime politique de ce géant aux si grandes enjambées économiques mais aux incommensurables fragilités sociales et économiques.
Yue Minjun, Isolated Island, 2012, Huile sur toile, Collection de l’artiste, Pékin, © Yue Minjun
Une centaine de dessins, qui ne furent encore jamais présentés au public, sont également montrés. Ils ajoutent leurs nuances par le fait que, brouillonnant les intentions du peintre, ils ne font que nous les rendre plus lisibles.
Et quelle merveille que de savoir ainsi dire, dans ses tableaux placés sous le signe de l’absence, que si notre monde a sagement su au fil des années rester absurde, ceux qui nous dirigent seraient de cette absurdité la substantifique moelle.
Sur la terrasse de Tiananmen, les soubresauts du régime n’effaçaient les anciens dirigeants chinois qu’au compte-goutte. Heureusement, Yue Minjun n’est pas aussi avare de ses efforts. Il les a tous supprimés et la terrasse apparaît dans sa beauté originelle, poétique et désertique, comme le Marat de David, tout mal en point qu’il ait été, a abandonné sa baignoire...
Yue Minjun, The Execution, 1995 Huile sur toile Collection privée © Yue Minjun
La dérision et la critique des artistes, pour nous être perceptibles, se doivent d’être en proportion des oppressions subies. Yue Minjun n’a pas faibli. Les siennes sont atomiques !
Yue Minjun, du 15 novembre 2012 au 17 mars 2013, première exposition monographique majeure de ce peintre chinois. Fondation Cartier.
Vous retrouverez dans les articles « 2012 à Paris : les grandes expositions de A à Z  » et 2013 à Paris : les grandes expositions de A à Z  » les différentes expositions 2012 et celles de 2013 déjà annoncées par leurs établissements et musées.
Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14
Dans les articles « Calendrier 2012 des grandes expositions à Paris  », et « Calendrier 2013 des grandes expositions à Paris  », ces mêmes expositions sont classées par dates.
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Enfin, contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous avons établi notre sélection, pour Paris, des MEILLEURS CATALOGUES des expositions 2012, en vous indiquant en plus les nominés, et les primés au Prix CatalPa 2012 pour les catalogues d’expositions de Paris.
Nous procédons de la même manière en 2013, avec PARIS 2013 : les meilleurs catalogues d’expositions de Paris.
Celui de cette exposition en fait partie.
André Balbo
sources : visite, Fondation Cartier pour l’art contemporain
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