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Salon de l’agriculture 2014 : quels politiques vont s’y rendre ?

vendredi 13 mars 2020, par Benoît, Morgan

Le Salon de l’agriculture est un rendez-vous important de la vie politique française (retrouvez ici notre article sur le rituel des visites de politiques). L’édition 2012, année de l’élection présidentielle, fut à ce titre éloquente. Et en 2014 ?

Image d’archive / Salon de l’agriculture 2012

QUI EST PRÉVU ? QUI POURRAIT VENIR ?

En 2012, le candidat François Hollande a passé 12 heures dans les travées du Salon de l’agriculture, et seulement une matinée en 2013, lors de l’inauguration. Alors qu’il est toujours au plus bas dans les sondages et que les agriculteurs grognent, le président de la République ne devrait faire qu’un bref passage lors de cette édition 2014, le 22 février au matin.

Autre politique annoncé : Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture. Logique. Il accompagera le président de la République pour l’inauguration.

Pour le reste, tout est supputation. Il est loin le temps de l’élection présidentielle où l’agenda des entrées des politiques au salon était connu à la minute... Les cadors de l’UMP n’ont pas encore annoncé leur venue mais il est probable que le président de l’UMP Jean-François Copé passe dans les travées. Marine Le Pen sera sans doute présente. Quand ? Le salon n’est pas à l’agenda officiel... Jacques Chirac ? S’il est retourné au salon plusieurs fois depuis 2007, son état de santé risque de l’en empêcher cette année.

Quid des candidats aux primaires aux municipales à Paris ? En tant que maire, Bertrand Delanoë se rend régulièrement au salon, peut-être sera-t-il accompagné d’Anne Hidalgo en cette année de primaires. Là encore, rien d’inscrit à l’agenda officiel, tout comme pour Nathalie Kosciusko-Morizet, la favorite des sondages à droite.

Pour cette édition 2014, qui fête les 51 ans du salon, plus de 700.000 visiteurs sont attendu.



RETOUR SUR L’ÉDITION 2012

Nicolas Sarkozy, dès l’ouverture. À tout seigneur, tout honneur. Le Président de la République a eu le privilège d’ouvrir le Salon en 2012. Arrivé tôt le samedi - "à l’heure à laquelle on trait les vaches" communique l’entourage du Président – Nicolas Sarkozy a passé la matinée à arpenter les allées du parc des expositions. Il est même resté légèrement plus longtemps que prévu. L’occasion bien sûr de rencontrer les producteurs, de vanter la qualité de leurs produits, mais aussi celle de tenir une de ces conférences, mélange de meeting, d’allocution formelle et de point presse, dont le Président s’est rendu familier durant son mandat. Comme il l’avait fait devant les agriculteurs en 2010, il a critiqué le tout environnement et les contraintes écologiques imposées au monde agricole. Nicolas Sarkozy a également tenu à rappeler la baisse des charges pratiquée sur l’emploi saisonnier, décidée durant le quinquennat. Moins gourmand que son prédécesseur, Nicolas Sarkozy a donc privilégié la parole aux actes. Le président sortant était accompagné de Frédéric Nihous. Le candidat des chasseurs était venu apporter les preuves de son ralliement tout neuf.

Quant au Premier ministre de l’époque, François Fillon, il a rendu visite aux agriculteurs le lundi. Lui aussi était accompagné puisque le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire était aussi présent. Tous deux ont défendu la Politique agricole commune. Ce plan européen de réorganisation de l’agriculture fête cette année son cinquantième anniversaire.

François Hollande, un marathon. Trois jours plus tard, le mardi, le candidat socialiste a tenu à suivre les pas d’une autre figure corrézienne, Jacques Chirac. L’ancien Président était connu pour ses interminables visites au salon. Alors, les proches du candidat Hollande avaient annoncé la couleur : "La visite durera dix heures." Elle en a en fait duré douze ! Dans une ambiance bon enfant, le candidat a déambulé entre agriculteurs et journalistes. Après avoir assisté à la traite matinale des vaches laitières, le favori des sondages a commencé son parcours en rendant visite à Audacieuse, une vache limousine présentée par un éleveur de Corrèze. Après une courte discussion avec un éleveur de moutons provençal, François Hollande a participé au nettoyage – jet d’eau et brosse en main – de la robe noire et blanche d’une vache Prim’Holstein. "Je veux faire en sorte que le monde rural, que je respecte et que je connais bien pour être l’élu d’un département rural, ait confiance" a-t-il déclaré ensuite. En outre, le Président du Conseil général de Corrèze a vu sa visite parasitée par sa proposition de créer une tranche d’impôt nouvelle, qui toucherait les très hauts revenus. Souvent, François Hollande a en effet souhaité recentrer la discussion avec les journalistes sur les problèmes rencontrés par le monde paysan. Comme le Président dimanche, François Hollande a parfois dû entendre les remarques désabusées d’un monde agricole en proie au doute. Un jet d’œuf a même été signalé. Contrairement au lancé de farine de Nantes, il n’a pas atteint sa cible...

François Bayrou, l’habitué. Plus tôt, le dimanche, comme en 2007, François Bayrou a souhaité se présenter comme un habitué du Salon. Tout sourire, caressant la corne d’une Limousine apaisée, le candidat Bayrou a rappelé que son père était agriculteur, à Bordères (Pyrénées-Atlantiques). Le monde agricole, "je suis né dedans, j’y ai vécu toute ma vie" a-t-il asséné, dans une cohue journalistique rendant difficile le contact du visiteur avec les exposants.

Marine Le Pen s’est rendue au salon le vendredi 2 mars. Elle, que les agriculteurs plaçaient alors en 2e position dans les enquêtes d’intention du vote paysan, a vertement critiqué la politique de l’OMC. Devant les éleveurs, elle a dénoncé les prix pratiqués par les grandes surfaces, l’une des sources des problèmes rencontrés par le monde agricole selon elle. Lors d’un échange plus informel avec un éleveur bovin, elle s’est étonnée de la place prise par les stands des grandes enseignes dans le hall principal du salon. Le parcours de la candidate frontiste a été marqué par les ovations, très nombreuses, comme par les sifflets. Dimanche dernier, à Châteauroux, elle s’était présentée comme la seule candidate défendant la ruralité.

Le jeudi était le jour d’Eva Joly. Sa confrontation avec un électorat majoritairement hostile était attendue par les journalistes, nombreux à couvrir l’événement. Tous avaient en mémoire les visites mouvementées de Dominique Voynet. Le député européen José Bové, un badge "J’aime le roquefort" à la veste, accompagnait l’ancienne magistrate. Eva Joly, très entourée par ses partisans et son service d’ordre, n’a finalement pas entendu la bronca annoncée. Quelques sifflets se sont mêlés aux bêlements aux stands des ovins. L’écologiste a défendu une agriculture faite de "circuits courts et d’élevage à l’herbe" et a affirmé que "c’est sous Nicolas Sarkozy qu’on a perdu un tiers des paysans".

La veille, le candidat Jean-Luc Mélenchon avait lui aussi rendu visite au monde agricole. Volontiers frondeur, il a souvent eu des échanges animés avec les agriculteurs. Lui aussi a souhaité revenir sur le bilan du quinquennat passé. "Les paysans se trompent s’ils soutiennent Sarkozy", a-t-il clamé. Aux journalistes, ainsi qu’à ses partisans venus l’accueillir, il a expliqué sa vision de l’agriculture : "Nous voulons une agriculture qui relocalise les productions, qui va faire une transition écologique."

Les outsiders. Nicolas Dupont-Aignan s’est rendu Porte de Versailles. Très en verve le jeudi, il a lâché ses coups contre la politique européenne. Invoquant De Gaulle à plusieurs reprises, il a appelé à une politique française en rupture avec les exigences de Bruxelles. "La libre concurrence totale prendra encore plus les éleveurs à la gorge" a-t-il expliqué. Accompagné de plusieurs producteurs laitiers, ce tenant du protectionnisme a assuré vouloir mettre en place des contrôles sanitaires aux frontières du pays, en s’insurgeant contre "la merde (sic) qu’on voudrait faire manger aux Français". Il a en outre décrit les autres candidats ayant visité le Salon comme des "marioles" venus faire leur show.

Dominique de Villepin, candidat de République Solidaire n’ayant pas obtenu suffisamment de signatures d’élus pour se présenter en 2012, a entamé sa visite peu avant l’arrivée de Marine Le Pen. Le nombre de promesses de parrainages qu’il a obtenu jusqu’alors semble indiquer qu’il ne pourra pas se présenter. Mais, en proche de Jacques Chirac, il a tenu à honorer le Salon de sa présence. Il a dit vouloir prendre du "plaisir" lors de sa visite, laissant à ses proches le soin de taper sur Nicolas Sarkozy et les pressions exercées par l’UMP sur les maires susceptibles de soutenir l’ancien Premier ministre. Appliquant à la lettre la leçon de Chirac, il a multiplié les plaisanteries avec les éleveurs. Dans une allusion à peine voilée au chef de l’État, il s’est exclamé devant un coq de Brahma : "Certains ont tendance à faire avec les électeurs comme avec la volaille, ils les plument !"

Retrouvez ici notre article plus général sur les hommes politiques et le Salon de l’agriculture.