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Exposition à Galliera : Anatomie d’une collection

lundi 27 novembre 2017, par Expositions

"L’émotion d’un corps disparu, évanoui, persiste dans le creux des corsages coquillages. Le soufle d’un geste, la mémoire d’un mouvement est un sédiment plus apparent qu’il n’y paraît. Les couturiers de mode sont des auteurs."

Anatomie d’une collection ne fait que présenter une sélection (mais quelle sélection !), presque un teasing des trésors conservés par le Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. Mais ceux-ci, très fragiles, reposent en bien plus grand nombre, et d’aussi belle qualité, dans de confortables tiroirs profonds et bien frais lotis à l’ombre... du Père Lachaise.

Manchon de la princesse Mathilde (1820-1904). Vers 1860-1870. Plumes de lophophore et de paon, fourrure d’hermine. Doublure en laine de mouton ou de chèvre.

En effet, peu de choses seraient aussi sensibles à la lumière que les étoffes d’un certain âge, et c’est l’unique raison qui justifie cette pénombre que l’on retrouve en général dans les expositions de mode et de costumes... d’autres époques. Et cela au point qu’après une exposition même à des lumières relativement tamisées, les pièces anciennes partent en convalescence pour un temps bien plus long que ne fut celui de leur épisode de gloire.

De l’habit de Cour au bleu de chauffe, modestes vêtements d’anonymes ou atours et parures de célébrités, qu’elles soient de l’histoire, des arts, des rubriques mondaines ou des hautes sphères de l’argent-roi, cette exposition réunit une centaine de pièces et d’accessoires issus du fonds Galliera pour revisiter la mode du XVIIIe siècle à nos jours.

À droite, robe de jour portée par George Sand vers 1850, sur la gauche et au centre, robe de mariée et robe de lendemain de noces portées par l’épouse du Docteur Gachet (1868)

Ainsi, parmi tous les corsets des réserves du musée de la Mode de la ville de Paris, l’événement présente celui de Marie-Antoinette, un des premiers soutien-gorge attribué au bourreau des corsets qu’était Paul Poiret, et, parmi toutes les blouses, "Anatomie d’une collection" choisit celle d’une infirmière de la Première Guerre mondiale dont l’histoire n’a pas retenu le nom... irruption de la femme que la guerre projette comme actrice sur la scène de la conflagration humaine.

Collet porté par Sarah Bernhardt vers 1897. Fourrure d’agneau de Mongolie, fourrure d’hermine. Doublure en satin de soie ivoire.

Vous y verrez encore l’habit du Dauphin, un gilet de Napoléon, son habit de membre de l’Institut d’Égypte, une robe de l’impératrice Joséphine, une veste d’amazone de la splendide Cléo de Mérode, un pantalon d’ouvrier, une robe de George Sand, un incroyable collet de Sarah Bernhardt, des salomés de Mistinguett, un habit de forçat, le chapeau-chaussure de Gala, qui illustre l’affiche et la couverture du catalogue, le tailleur si chou d’Audrey Hepburn, un manteau d’Elsa Schiaparelli, une robe de la duchesse de Windsor, un pyjama du soir de Tilda Swinton...

Bref, une centaine de pièces, avec ou sans pedigree, qui nous suggèrent des silhouettes, des fantômes, et dont on devine aisément les bruissements d’étoffes en mouvement, les parfums, les vanités, comme les odeurs du dur labeur.

Yves Saint Laurent. Ensemble (chemisier, jupe et ceinture) porté par la duchesse de Windsor. Printemps-été 1969. Organza de soie imprimée multicolore, patchwork de soie imprimée de Brossin de Méré, ruban de satin rose vif

Ces jalons esthétiques, de représentations, de luxe et de vêtements ancillaires reflètent au cœur mais à la marge ce que recouvre la constitution même des collections en même temps que la complexité d’attribution exigée par chacune des pièces de ce patrimoine.

L’exposition a ses étapes.

 Les reliques du passé. Ces reliques "de contact", luxueuses ou anodines, ont été portées, simples exemples, par Marie-Antoinette (vers 1785), ou le Prince de Ligne (vers 1750), par Louis XVII (1792) ou le général Bonaparte (1798), par la femme du Docteur Gachet (1868), ou un simple forçat (1820-1850).

 Les artistes de scène et figures de femmes. Comédiennes, cantatrices, mondaines et aristocrates ont été dès ses débuts clientes et propagatrices de la haute couture au milieu du XIXe siècle. On entre là dans le spectaculaire, l’émotion, l’anecdote avec des vêtements et accessoires de célébrités telles que Sarah Bernhardt, Cléo de Mérode, Réjane...

Tablier de femme de chambre (1895) tissu de soie, broderie mécanique de fil de soie.

 De la cliente charismatique à la parfaite inconnue. Audrey Hepburn, Catherine Deneuve, la duchesse de Windsor, et également toutes ces clientes fidèles et richissimes qui permirent aux couturiers de cracher leurs étincelles, sans limites. On se rencontre parfois qu’on reste un peu fleur bleue, préférant intuitivement les vêtements que portèrent nos artistes fameuses à ceux des clientes qui durent les payer à leur vrai prix. Comme quoi il n’est pas toujours vrai que Sic gloria transit. Les robes exposées sont le plus souvent merveilleuses, Chanel, Schiaparelli, Balanciaga, Dior...

 Au plus près du couturier. Worth, Denise et Paul Poiret, la jonction des XIXe et XXe siècle fut grandiose. Une infime réserve sera faite sur le choix des photos de Denise Poiret, mannequin si belle, si sublime, qui pouvait être plus heureux.

 Prototypes de défilé, vêtements de personne. Quelques pièces exceptionnelles que l’on pourrait dire contemporaines si elles n’étaient déjà devenues classiques par leur audace même : robe aux seins obus de Jean Paul Gaultier (1984), manteau et perruque de Martin Margiela...

Le commissaire est Olivier Saillard, passionné et hyperactif directeur du Palais Galliera.

Anatomie d’une collection, du 14 mai au 23 octobre 2016, au Palais Galliera, 10 avenue Pierre Ier de Serbie 75116 Paris, 01 56 52 86 00, métro Iéna ou Alma-Marceau, bus 32, 63, 72, 82, 92. Du mardi au dimanche, de 10 à 18h. Nocturne le jeudi jusqu’à 21h. Fermeture lundis et jours fériés. 8 ou 6€, jeunes (14-26 ans) 4€. Gratuit moins de 13 ans.

Lire aussi Toutes les expositions 2016 au musée Galliera,


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Vous retrouvez comme chaque année dans LES GRANDES EXPOSITIONS 2016 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans CALENDRIER 2016 des grandes expositions à Paris ces mêmes expositions sont classées par dates.

Dans la série Toutes les expositions 2016 dans les plus grands musées de Paris... lire également :
Au musée du Louvre, au Centre Pompidou, au Grand Palais, au musée d’Orsay, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Jeu de Paume, au Palais de Tokyo, à la Bibliothèque nationale de France, au musée du Quai Branly, au musée des Arts décoratifs, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, au musée Guimet, au musée Galliera, et au Petit Palais.

Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez être amenés à apporter à ces programmes.

Nous vous indiquons chaque semaine les nouveautés, les expositions qui fermeront bientôt leurs portes, et... nos préférences, car on ne se refait pas : Paris Expos Hebdo : Nouveautés, Conseils, Derniers Jours.

Contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous établissons, au fur et à mesure de leur publication, notre sélection des catalogues d’expositions 2016 de Paris, comme nous l’avons fait les années précédentes : 2015, 2014, 2013, 2012.

Le catalogue Anatomie d’une collection, édité par Paris-Musées / Palais Galliera, fait partie de notre sélection de catalogues d’expositions de Paris 2016.

Ce titre est l’un des 10 Nominés au Prix CatalPa 2016.

Vous pouvez consulter une centaine de présentations d’artistes, classées de A à Z.

Nous vous proposons aussi une sélection de musées et d’expositions dans les villes françaises suivantes, que nous nous efforçons de tenir assez régulièrement à jour :
 Angoulême - Arles - Avignon - Bordeaux - Dijon - Grenoble - Ile-de-France - Lens - Lille - Lyon - Marseille - Metz - Montpellier - Nantes - Nice - Ornans - Rennes - Rodez - Rouen, Le Havre - Saint-Étienne - Strasbourg - Toulouse - Tours

Et juste des musées et expositions temporaires pour quelques villes étrangères : Amsterdam, Berlin, Bâle, Bruxelles, Genève, Londres, Madrid, Milan, et Venise.

André Balbo

sources : Visite, musée de la Mode de la Ville de Paris, Olivier Saillard, Wikipédia