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Nobuyoshi Araki

lundi 6 mai 2019, par Expositions

Du 13 avril au 5 septembre 2016, le musée Guimet sortait de ses gonds avec une large exposition, très osée dans ses vénérables murs, du grand photographe japonais Nobuyoshi Araki.

Présentation de l’artiste

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Nobuyoshi Araki, grand photographe japonais né à Tokyo en 1940, a produit à ce jour plus de 500 livres et albums de photographie, et peut être à ce titre taxé d’artiste très prolifique, son œuvre englobant des dizaines si ce n’est des centaines de milliers de clichés.

Bien qu’il se conteste personnellement le titre d’artiste, il a été et reste certainement partie prenante et active de l’avant-garde photographique de sa génération.

Voyage à Tokyo (Tokyo Story) 1989. Épreuve argentique noir et blanc

Il a de toute façon, par sa simple pratique, fait bouger les lignes de la censure japonaise, et mondialement de ce que l’on peut montrer. Sa célébrité mondiale repose en grande partie sur ses photographies de femmes ligotées, approximativement selon les règles ancestrales du kinbaku, et sur sa plus célèbre série d’images Voyage sentimental (1971), véritable récit fondateur de son œuvre.

La spécialité du diplôme qu’il obtient en 1963 au département d’ingénierie de l’Université de Chiba est "Photo et mise en scène de cinéma". Et dès l’année suivante, en 1964, il reçoit le TaiyÅ Award, pour Satchin, une série de photographies d’enfants des shitamachi, les quartiers populaires de Tokyo où il a passé son enfance.

Durant 9 années il travaillera pour l’agence de publicité Dentsu, exigence dans le détail, et haute technicité. Il y rencontrera sa future femme.

Il épouse en 1971 son grand amour Aoki YÅ ko, qui sera son grand modèle, notamment pour l’album Voyage sentimental qu’il publie à ses frais, rêverie documentaire de leur mariage et de leur nuit de noce.

Araki fait ses premières photographies de fleurs à l’occasion d’Ohigan, une fête bouddhiste japonaise célébrée aux équinoxes de printemps et d’automne.

Bouquets fanés, en noir et blanc, évoquant la vie qui s’en va, et à l’inverse les fleurs en couleurs, chants à la vie, au génital, à la sève surabondante.

Nobuyoshi Araki est à l’origine de la création de l’école de photographie Workshop, avec d’autres photographes dont Fukase Masahisa, TÅ matsu ShÅ mei, Hosoe EikÅ et Moriyama DaidÅ .

Des femmes ligotées, des mises en scène érotiques de sexe et de corde sont devenues au fil du temps comme une signature stylistique d’Araki.

Cela se rattacherait au kinbaku, un ligotage devenu peut-être par la suite érotique, mais dont l’origine serait un art martial ancestral venu des samouraïs dès le XVIe siècle, et qui servait par de savants liages à maintenir mains, bras et corps des prisonniers. Le photographe détourne cette science traditionnelle pour en faire un jeu artistique dans lequel nulle trace de souffrance ou d’extase n’apparait sur les visages des femmes.

Et l’on remarquera, en regardant plus précisément, qu’Araki utilise des attaches "industrielles", bien éloignées de l’art des nœuds nippons traditionnels ou même des marins. Chez lui il y a arrêt sur image, une suspension du geste qui en souligne l’intensité et la beauté (miiye), un peu à la manière du théâtre Kabuki.

"La photographie (...) prend sa source (...) dans l’art de ficeler les choses et les événements."

Il exposera régulièrement à l’étranger à partir de 1985. Ses photographies font l’objet de différentes contraintes policières, pour la représentation d’organes génitaux et de poils pubiens, considérés comme obscènes dans la loi japonaise d’alors.

Les polémiques suscitées à son propos ont certainement contribué à ce qu’une application plus tolérante de la censure soit faite dans les contextes de productions artistiques et de porno soft.

Sa femme YÅ ko meurt en 1990, et l’œuvre du photographe acquiert depuis une dimension plus sombre, absolue et encore plus compulsive qu’elle n’était.

Les thèmes d’Araki sont les éternels grands sujets artistiques et philosophiques : la vie, la nature, la vie, le sexe et la mort, auxquels il ajoute Tokyo et les fleurs.

Si les pulsions de sexe et de mort sont pour lui inséparables, le sexe, comme les fleurs, symboles et métaphores par excellence, sont aussi forces de vie. La nudité des femmes, dont celle de la sienne, est souvent surprise par l’appareil, mais la nudité réelle, celle de l’intimité, est davantage apparente dans les portraits.

La technique du Palaroid, par son immédiateté et sa facilité d’usage, ne pouvait que le séduire. Malgré les progrès du numérique, Araki lui restera fidèle. "Le temps d’une photographie est comme celui d’une émotion, comme celui d’un coup de foudre." Ne peut-on y voir aussi image plus forte de notre impuissance à retenir un temps qui fuit...

Est-ce pour cela que Araki, systématiquement, documente chacun des instants de sa vie, sculptant ainsi un formidable "journal intime". La photographie est pour lui "avant tout une façon d’exister", un théâtre dont le modèle est captive. La femme attachée d’Araki, apprêtée, est à rapprocher des modèles contorsionnées aux gestes outrés d’un sculpteur comme Rodin, attitude qui laissent éclater musculatures, caractères et séduction.

Araki présente souvent, mais pas toujours, ses photographies en des continuités qui se liraient de gauche à droite, comme s’il s’agissait de rouleaux, de scénarios tranchés.

On peut remarquer assez fréquemment de petits jouets en plastique placés dans le cadre, généralement de petits reptiles ou sauriens, en signature, quasiment en emblème, comme a pu l’être la salamandre de François Ier.

Sa vie durant, la photographie, que déjà son père pratiquait avant lui en amateur, a accompagné sa vie au plus près, tout le temps, à chaque minute. En cela son œuvre peut être rapprochée de celles d’artistes contemporains comme Sophie Calle et Nan Goldin, et pour les mises en scène si précisément conçues de celle de Cindy Sherman, bien qu’Araki se représente assez peu.

Araki a été exposé en France à la Fondation Cartier pour l’art contemporain (1995), et au Palais de Tokyo (2005).

Retour arrière (67 Shooting Back). 2007/2008 impression directe RP H. 152,4 cm ; L. 101,6 cm collection privè e, New York © Nobuyoshi Araki / Courtesy Taka Ishii Gallery

Présentation de l’exposition Araki au musée Guimet

Première rétrospective de son œuvre dans un musée en France.

Avec cette exposition, le musée Guimet parvenait à nous surprendre, car cela changeait beaucoup de ces sujets moins contemporains et bien plus classiques voire archéologiques.

La sélection des photographies exposées avait été faite par les commissaires de l’exposition, Araki se remettant entièrement à leurs choix, à partir de milliers de clichés réalisés de 1965 (série Théâtre de l’amour) jusqu’à 2016. La touche qu’il avait en revanche tenue à apporter personnellement était une partie "Tokyo tombeau" dans laquelle il imaginait les images qu’il ferait... après sa mort, bien sûr !

Précisons qu’Araki était alors très malade, et qu’il n’avait pu, à son grand regret, venir alors à Paris.

L’antichambre de l’exposition était composée d’une bibliothèque rassemblant une conséquente partie de sa production, que l’on ne pouvait pas manipuler. Suivaient ensuite des salles mettant en valeur ses grandes thématiques : les fleurs, les récits autobiographiques dont ceux tournant autour sa femme YÅ ko, qu’elle soit présente (Voyage sentimental,) à l’agonie ou disparue (Voyage en hiver), l’érotisme, le désir, les femmes ligotées (Théâtre de l’amour).

Son laboratoire de Tokyo était aussi évoqué avec des tapis de clichés se reflétant à l’infini dans de profonds jeux de miroirs, faible représentation de sa production totalement démesurée.

Quelques exemples de photographies historiques du musée Guimet rappelaient le contexte muséal, un peu distant de l’exposition, si ce n’était l’image sépia du samouraï et de son prisonnier, savamment ligoté dans le dos, qui rattache ainsi les femmes liées d’Araki davantage au Kinbaku qu’au bondage, pratique triviale et certainement un peu perverse, qui n’aurait bien sûr aucunement sa place dans un musée d’une telle érudition mainte fois démontrée.

D’autres œuvres d’Araki démontraient sa recherche permanente d’originalité et de besoin de trouver de nouvelles limites à son média : négatifs grattés, calligraphies ou peintures en recouvrements de ses photographies.

Si à ses débuts les épreuves aux sels d’argent étaient monochromes, il limitait dans ses premières expériences le coloriage du visage, lieu prééminent du corps, pour évoluer vers une démarche plasticienne plus inventive. Ses explorations ont fait appel à la peinture, l’appliquant en pleine pâte ou très fluide, jouant des transparences des couleurs obtenues, soulignant ainsi la liberté totale qu’il octroyait à la peinture devenue à part entière son partenaire.

Les éléments qui composaient cette exposition exceptionnelle à plus d’un titre provenaient de collections privées et publiques (Tokyo, New York, Paris essentiellement), mais aussi des propres archives de l’artiste.

Les photographie de ciels d’Araki ont pour lui, depuis la mort de sa femme, une valeur sentimentale. Chaque jour il prend un fragment de ciel où celle-ci est sensée se trouver. La conversation avec Yoko ainsi se prolonge-t-elle. À ciel triste, trop silencieux, il utilisera plutôt la calligraphie. Vaste sujet et domaine dans lesquels il baignera bientôt lui aussi.

La mort est aussi très présente donc. "J’ai déjà un pied dans la tombe. J’essaie d’imaginer à quoi pourraient ressembler les photos que je prendrais après ma mort." Tokyo Tombeau, était la partie de l’exposition qu’il avait lui-même voulue et conçue. Photos déjà faites, d’autres moments, ou nouvelles images. Refaire, au bout de sa vie, se dérouler comme un maki le rouleau de sa vie... Pourquoi ce titre ? "Tokyo est un cimetière, ou un parc d’attractions. En fait, je ne sépare pas le paradis et l’enfer. Pour moi, si le paradis n’inclut pas des éléments d’enfer, ce n’est pas le paradis."

Cette exposition était déconseillée au "public familial" comme aux personnes sensibles, certaines photographies ayant été susceptibles de les heurter, mais vivement conseillée par ailleurs à un public averti.

Araki, du 13 avril au 5 septembre 2016, au musée national des arts asiatiques - Guimet, 6, place d’Iéna, 75116 Paris.

D’autres photographies d’Araki, que certains auront peut-être trouvé encore plus licencieuses, étaient également exposées jusqu’au 25 juin 2016 à la Galerie & Co . "Polanography", installation de 132 polaroids coupés puis assemblés, autour de ses grands thèmes obsessifs que sont les fleurs, le sexe, les femmes, le kinbaku et la mort. Å’uvres hybrides obtenues à partir de ses propres photographies.

Nobuyoshi Araki. Polanography, 2016. Two Polaroids cut in the middle and attached. 10.8 x 8.9cm. Unique. Courtesy Taka Ishii Gallery

Et à la même adresse, et aux mêmes horaires, la Taka Ishii Gallery Photography Paris , exposait du 28 avril jusqu’à la fin juin 2016 une sélection de photographies importantes d’une toute autre série, onirique et teintée, de l’ensemble "Blue Period" ou des tirages de "Tokyo Story".
119 rue Vieille du Temple 75003 Paris (01 42 77 68 98) du mardi au samedi de 12 à 19h.

La librairie Yvon Lambert , sur le trottoir d’en face, exposait aussi de jolis petits cadres de clichés d’Araki.

Lire aussi Toutes les expositions au musée Guimet.


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Vous retrouvez comme chaque année dans PARIS 2017. LES GRANDES EXPOSITIONS de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans Le CALENDRIER 2017 des grandes expositions à Paris ces mêmes expositions sont classées par dates.

Dans la série Toutes les expositions 2017-2018 dans les plus grands musées de Paris... lire également :
Au musée du Louvre, au Centre Pompidou, au Grand Palais, au musées d’Orsay et de l’Orangerie, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Jeu de Paume, au Palais de Tokyo, à la Bibliothèque nationale de France, au musée du Quai Branly, au musée des Arts décoratifs, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, au musée Guimet, au musée Galliera, au Petit Palais, et au Château de Versailles.

Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez être amenés à apporter à ces programmes.

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Vous pouvez consulter plus d’une centaine de présentations d’artistes, classées de A à Z.

Contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous établissons, au fur et à mesure de leur publication, notre sélection des catalogues d’expositions 2017 de Paris, comme nous l’avons fait les années précédentes : 2016, 2015, 2014, 2013, 2012.

Nous vous proposons aussi une sélection de musées et d’expositions 2017 dans les villes françaises suivantes, que nous nous efforçons de tenir assez régulièrement à jour :
 Aix-en-Provence - Albi - Les Alpilles - Angers - Angoulême - Antibes - Arles - Aubagne - Avignon - Bègles - Biarritz - Biot - Blois - Bordeaux - Bourg-en-Bresse - Brest - Cagnes-sur-Mer - Cannes - Carcassonne - Dijon - Grasse- Grenoble - Hyères - Ile-de-France : Auvers/Oise, Boulogne-Billancourt, Bussy-Saint-Martin, Chamarande, Chantilly, Châtenay-Malabry, Compiègne, Écouen, Fontainebleau, Giverny, L’Isle-Adam, Jouy-en-Josas, Malmaison, Marne-la-Vallée, Meudon, Milly-la-Forêt, Noisiel, Pantin, Pierrefitte/Seine, Poissy, Pontoise, Royaumont, Rueil-Malmaison, Saint-Cloud, Saint-Denis, Saint-Germain-en-Laye, Saint-Ouen-l’Aumône, Sceaux, Sèvres, Versailles, Vitry/Seine, Yerres - L’Isle-sur-la-Sorgue - Landerneau - Le Cannet - Le Havre - Lens - Le Rayol - Le Canadel/Mer - Les Sables-d’Olonne - Les-Saintes-Maries-de-la-Mer - Libourne - Lille : Villeneuve d’Ascq, Roubaix, Tourcoing, Croix, Graveline, Cassel, Valenciennes - L’Isle-sur-la-Sorgue - Lodève - Lyon - Marseille - Martigues - Metz - Monaco - Montauban - Montpellier - Mougins - Nantes - Narbonne - Nice - Nîmes - Nogent/Seine -Ornans - Rennes - Rodez - Rouen - Saint-Étienne - Saint-Nazaire - Saint-Paul-de-Vence - Saint-Tropez - Sérignan - Sète - Strasbourg - Toulon - Toulouse - Tours - Valence - Vallauris - Vence - Vendôme - Villeurbanne

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André Balbo

sources : Visite, musée national des arts asiatiques - Guimet