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Le Castel Béranger - Chef-d’oeuvre de l’Art Nouveau français

mercredi 30 novembre 2011, par Franck Beaumont

Insolite, étrange, polychrome, organique, peuplé d’animaux... le Castel Béranger est sans doute l’immeuble le plus pittoresque et le plus singulier du 16e arrondissement. Parfaitement restauré, il est d’ailleurs considéré comme l’un des chefs-d’oeuvre de l’Art Nouveau français.

Son architecte n’est autre qu’ Hector Guimard, chef de file de l’Art Nouveau en France, que tous les Parisiens connaissent essentiellement pour ses édicules verts à l’entrée des bouches de métro. Et pourtant, Guimard a laissé une oeuvre très importante à Paris, presque exclusivement dans le 16e arrondissement.

Le Castel Béranger est une de ses oeuvres de jeunesse, qui va lui apporter la célébrité. Il s’agit d’une commande d’immeubles à loyers modérés de 36 appartements, et l’architecte va s’employer à ce que les matériaux ne soient pas onéreux, utilisant très peu de pierre de taille.

Héritier des rationalistes et marqué par le travail de Viollet-le-Duc, Guimard refuse comme eux la planéité et la symétrie dans ses bâtiments. Il décide même d’exprimer dans les articulation de la façade et la variété de matériaux, l’agencement des volumes intérieurs ; il est tout à fait en avance sur son temps, puisque après lui, les architectes de la Modernité proclameront "la fonction fait la forme".

Son inspiration, il la puise dans le Moyen-Âge (l’échauguette), dans la nature et ses formes courbes, chez les animaux : observez les façades, vous y découvrirez des hippocampes, un chat, un volatile, des petits crustacés, une fontaine déguisée en scorpion... sans oublier le masque symbolisant l’architecte.

En 1895, date du début de la construction, nous sommes dans sa période "polychrome", qu’il abandonnera dans la deuxième partie de sa carrière. C’est la plus joyeuse et la plus audacieuse. A son habitude, il n’hésite pas à utiliser un langage de banlieue pour les matériaux et à les mélanger avec audace et bonheur. Sur les façades, on remarque donc de la brique, de la meulière, du métal, de la pierre. L’ensemble forme une harmonie de tonalités claires : orangés, verts d’eau, beiges. Mais le morceau de bravoure reste les garde-corps et les balcons en métal, somptueusement ouvragés, mais qui n’ont pas coûté très cher car fabriqués en série.

Ne manquez pas non plus la porte d’entrée : sa grille ondulante, ses colonnes stylisées et surtout le vestibule (visible de la rue) tapissé de panneaux de grès vernissés d’Alexandre Bigot, aux tonalités cuivrées et aux formes étranges. Le style de Guimard semble ici très proche de celui d’un autre architecte très libre du début du XXe siècle, l’espagnol Gaudi.

La "modernité" de Guimard lui valu d’ailleurs bien des critiques. Le public, plutôt que d’y imaginer un monde fantastique, y vit parfois des démons... Son architecture mit les Parisiens mal à l’aise et le Castel-Béranger fut méchamment surnommé le "castel dérangé" ou "la maison des diables". Le peintre Paul Signac y habita dans un atelier que l’on aperçoit encore donnant sur la rue. Lui s’y plut beaucoup, le jugea "gai, clair, pratique", et le surnomma même "excentric house".

L’immeuble gagna en 1898 le prix de la plus belle façade de la ville de Paris. Le style Art nouveau était né en France, mais il n’allait durer qu’une dizaine d’année.

Franck Beaumont

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