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Berthe Morisot
lundi 6 mai 2019, par
Présentation de l’artiste
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Berthe Morisot (1841-1895) étudia très tôt, avec sa sœur Edma, la peinture. Elles copièrent des tableaux du musée du Louvre, puis plus tard, approfondirent leur pratique à l’atelier de Jean-Baptiste Corot, à Ville-d’Avray.
Il est indéniable que, pour Berthe Morisot, sa rencontre avec Édouard Manet constitua un moment fondamental, ou fondateur, tant dans sa vie personnelle que pour sa sensibilité de peintre.
Elle rejoignit les Indépendants, qui allaient devenir les impressionnistes, et sera certainement LA femme de ce groupe, celle qui inspirerait respect et admiration aux plus grands, aux plus exigeants, pour la qualité, l’originalité et la force de sa peinture, enfin celle dont ils conserveraient et collectionneraient jalousement les tableaux. Et cela, dit sans exagération, inclura les Degas, Manet, Monet et Renoir, par exemple...
Berthe Morisot, Julie rêveuse, 1894 Collection particulière – © Dreyfus
Cette artiste-peintre française, membre fondateur et doyenne du mouvement d’avant-garde que fut l’Impressionnisme, recevait à sa table son beau-frère Édouard Manet (le plus mondain d’entre eux), Edgar Degas (le plus ombrageux), Pierre-Auguste Renoir (le plus sociable), et Claude Monet, le plus indépendant du groupe. Stéphane Mallarmé l’introduisit auprès de ses amis écrivains.
Son intérêt pictural la portait vers des motifs de scènes familiales, d’enfants, de femmes, des scènes d’harmonies quotidiennes, de nature, d’intérieur. Elle peignit relativement peu son mari Eugène Manet, le frère d’Édouard, juste quelques tableaux, de composition originale, sur lesquels il figurait avec leur fille Julie.
La palette de Berthe Morisot est très particulière, faite de blancs, d’argents, de roses, verts, bleus pâles, "pastélisés", et de recherches de transparences. On imagine aisément les longues conversations qu’elle eut à ce sujet avec son ami Claude Monet.
Berthe Morisot, Au bal, 1875 © musée Marmottan Monet, Paris / Bridgeman Art / Presse
Sa touche est tout autant caractéristique que sa palette, faite souvent de longs effleurements rectangulaires plus ou moins épais. Il émane de ses tableaux de l’harmonie, de la simplicité, de la fragilité et de la détermination tout à la fois, et de la douceur.
Originalité et innovation encore dans les choix de compositions, et dans les attitudes "innovantes" qu’elle choisit pour ses modèles ou pour elle-même. Edma sera peinte de dos, en train d’arroser ses plantes.
Devant un miroir, l’artiste se saisira sous deux angles inédits qui "aboutiront" tout à la fois portrait et tableau.
Dès la première exposition du groupe impressionniste, qui avait été organisée chez Nadar en 1874, Berthe Morisot se distinguait par sa thématique féminine et son style délicat, son habileté à retranscrire dans ses tableaux l’atmosphère limpide et la touche légère de l’aquarelle qui confère à son œuvre une fraîcheur particulière.
À partir de 1873-1874, cousines, amies et modèles professionnels posent pour des portraits en toilette de bal – dernières études de noir – ou pour des scènes intimes qui révèlent, de leur côté, l’évolution de la palette de Berthe Morisot vers des teintes pastel, lui valant d’être comparée à Watteau, Bonington et Fragonard, dont on dit qu’elle aurait été l’arrière-petite-nièce.
Sa fille Julie, qui naît en 1878, s’impose par la suite tout naturellement comme son modèle de prédilection.
Il existe de Berthe Morisot une biographie documentée, fine, sensible et passionnante : Dominique Bona, Berthe Morisot, le secret de la femme en noir, Grasset, aujourd’hui en poche.
L’ouvrage "Berthe Morisot", publié par Hazan est également remarquable (264p, 39€). Superbes reproductions et commentaires extrêmement documentés. À recommander, de même que celui publié en 2002 par la Fondation Martigny, devenu rare.
L’exposition au musée Marmottan-Monet
Ce fut tout à l’honneur du musée Marmottan Monet que d’organiser enfin, et son succès la fit prolonger jusqu’au 29 juillet, la première rétrospective, depuis près d’un demi-siècle en France, de l’œuvre remarquable et si originale de Berthe Morisot (1841-1895).
Décidément, l’année 2012 avait semblé vouloir faire davantage cas des artistes femmes : Artemisia, Berthe Morisot... Qui serait la prochaine ?
Il sera facile de constater, grâce à l’importance de cette exposition, l’ampleur, la féminité et l’ambition de son œuvre. 150 peintures, pastels, aquarelles, sanguines et fusains, avaient été rassemblés, ainsi que quelques carnets de croquis de l’artiste, provenant de nombreux musées et de collections particulières du monde entier.
Parmi ces collections, il convenait de souligner la prééminence de celle du musée Marmottan Monet, léguée par Annie et Denis Rouart, descendants directs de Berthe Morisot.
Une telle sélection d’œuvres permettait d’évoquer le parcours de l’artiste dans sa globalité, de ses débuts, vers 1860, jusqu’à sa mort à l’âge de 54 ans.
Rappelons que la dernière exposition la concernant fut organisée en 2002... mais c’était en Suisse, à la Fondation Martigny.
Berthe Morisot, La Psyché ou Le Miroir, 1876 © Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid
Un exceptionnel ensemble d’autoportraits, comme de portraits de Berthe Morisot par Édouard Manet ouvrait l’exposition dédiée à celle qui fut à la fois son égérie, sa confidente et son admiratrice, avant de devenir sa belle-sœur.
Mallarmé fut le tuteur de sa fille Julie, à la mort d’Eugène Manet, et à Renoir échut la charge de son éducation de peintre.
Le Portrait de Berthe Morisot par sa sœur Edma, des copies de Véronèse peintes au Louvre ou de la Vue de Tivoli, de Corot retraçaient la formation de Berthe Morisot et d’Edma, qui fut sa compagne de peinture jusqu’en 1869, puis son principal modèle entre 1869 et 1873.
Une quinzaine de peintures, exécutées entre 1882 et 1888, étaient regroupées au cœur de l’exposition. Par-delà le thème de l’enfance, elles témoignaient d’une œuvre parvenue à maturité qui, à travers ses couleurs, sa facture et ses effets de matière, incarnait « l’impressionnisme par excellence  ».
Dans la dernière partie de l’exposition, deux sections se faisaient face. L’une était dédiée aux paysages, un thème que Berthe Morisot avait abordé tout au long de sa vie et qui, vers 1894-1895, était le support privilégié de ses ultimes recherches sur la dissolution des formes.
L’autre rassemblait les trois versions du Cerisier et de la Petite Bergère allongée.
Berthe Morisot, Bergère nue couchée, 1891 © Carmen Thyssen-Bornemisza Collection, on loan at the Thyssen-Bornemisza Museum
Que dire de plus au sujet de Berthe Morisot ? Il suffira de regarder et de comparer ses trois versions du Cerisier (voir plus bas la couverture du catalogue Hazan), présentées dans cette exposition, de même que toutes ces "Bergère de Mézy"... Exigence de l’artiste. Exigences des artistes. Comme Monet aussi. D’ailleurs, by the way, Berthe Morisot fit aussi des meules !
Dans les derniers portraits de Julie, des œuvres soulignaient l’intérêt tardif mais essentiel du peintre pour les grandes compositions et, à partir de 1885, pour le dessin.
À travers cette rétrospective, le musée Marmottan Monet célébrait l’une des impressionnistes les plus inventives et les moins dogmatiques.
On se souvient qu’une de ses toiles en 2011, pourtant déclarée disparue de longue date, avait fait l’actualité en réapparaissant dans la chambre forte de l’Institut Wildenstein, rue de La Boétie, ce qui avait entraîné le dépôt d’une plainte de M. Yves Rouart, arrière-petit-fils de Berthe Morisot et arrière-petit-neveu d’Édouard Manet.
Musée Marmottan Monet 2 rue Louis-Boilly 75016 Paris.
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Vous retrouvez comme chaque année dans LES GRANDES EXPOSITIONS 2016 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.
Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14
Dans CALENDRIER 2016 des grandes expositions à Paris ces mêmes expositions sont classées par dates.
Dans la série Toutes les expositions 2016 dans les plus grands musées de Paris... lire également :
Au musée du Louvre, au Centre Pompidou, au Grand Palais, au musée d’Orsay, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Jeu de Paume, au Palais de Tokyo, à la Bibliothèque nationale de France, au musée du Quai Branly, au musée des Arts décoratifs, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain.
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Contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous établissons, au fur et à mesure de leur publication, notre sélection des catalogues d’expositions 2016 de Paris, comme nous l’avons fait les années précédentes : 2015, 2014, 2013, 2012.
Celui de cette exposition a fait partie de la sélection 2012 pour le Prix CatalPa.
Vous pouvez consulter quelques dizaines de présentations d’artistes, classées de A à Z.
Nous vous proposons aussi une sélection de musées et d’expositions dans les villes françaises suivantes, que nous nous efforçons de tenir assez régulièrement à jour :
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Et juste des musées et expositions temporaires pour quelques villes étrangères : Amsterdam, Berlin, Bâle, Bruxelles, Genève, Londres, Madrid, Milan, et Venise.
André Balbo
sources : Visite, Musée Marmottan Monet, Dominique Bona, Wikipédia, Hazan, visite