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PREMIERS JOURS : le Louvre se penche sur le dessin dans l’Égypte ancienne

samedi 15 décembre 2018, par Expositions

Alors que l’égyptologie passionne (le mot est faible) nos sociétés depuis des générations, que la production de dessins et d’écriture, justement hiéroglyphique, est plus de trois fois millénaire au pays des pharaons, le musée du Louvre innove en tentant de cerner et de définir la place, le rôle et les différentes formes que le dessin a pu revêtir dans l’Égypte ancienne. Jamais une telle investigation n’avait encore été menée sur le sujet.

Première difficulté, la fonction du scribe, qu’il serait d’ailleurs plus précis de nommer "scribe des contours".

Détail d’un fragment de paroi peinte : femme respirant une fleur (banquet). XVIIIe dynastie, Kestner Museum 1962-69, Hanovre © Christian Tepper, Museum August Kestner, Hanovre

Cette figure, qui s’impose initialement à nous sur un tel sujet, n’était pas sensée soit "écrire", soit "dessiner", puisque le même terme désignait indifféremment l’ensemble, englobant de plus l’acte de "peindre".

Cette exposition du Louvre, à partir de 200 œuvres dont 80 proviennent d’exceptionnels prêts extérieurs (musées, institutions, collections privées), interroge les liens qui existaient entre dessin, écriture et magie, l’apprentissage du dessin, comme les étapes de réalisation des tableaux et des papyrus illustrés.

Cet "art du contour" était-il de l’art ou de l’artisanat ? N’aurions-nous pas ici quelques difficultés à démontrer que les Égyptiens anciens, dont les œuvres de dessin développaient des aspects fonctionnels, se préoccupaient de la problématique du "beau" ?

La transmission du talent passait traditionnellement chez les scribes par l’apprentissage du maître à l’élève, le plus souvent d’ailleurs du père au fils. L’élève travaillait les contours à l’encre rouge, et le maître le reprenait à l’encre noire, version définitive. L’organisation était souvent en ateliers.

L’élève se soumettait à des exercices, à partir de modèles, passant par des études préparatoires et des ébauches. Une grille de repères, ou mise au carreau, permettait de positionner chacun des détails du dessin. Cette technique de mise en place conférait au dessin un caractère orthogonal et stable qui permettait l’augmentation des proportions sur le tableau définitif.

Le devenir du dessin pouvait être de 3 natures : peinture, sculpture ou architecture, cette dernière n’offrant pas d’exemple dans l’exposition.

En revanche vous y trouverez des spécimens caractéristiques de palettes verticales de peintres / dessinateurs, avec en pinceaux de fines tiges de jonc à l’extrémité mâchonnée, et des cupules pour garder les pains de couleur, avant qu’ils ne soient broyés au pion et mortier et mélangés à l’eau du godet.

L’exposition présente une sélection d’"ostraca" (l’ostracon étant l’éclat de calcaire ou le tesson de poterie ayant servi de support au dessin ; en égyptien ancien il signifiait "coquille"), dont la variété permet de mesurer la diversité d’inspiration des artistes/artisans, et dont la production pouvait aussi être intime et personnelle. Initialement, l’ostracon n’avait pas vocation à être conservé.

Cet événement a été l’occasion d’une campagne de restauration systématique des ostraca conservés au département des Antiquités égyptiennes.

Souvent au-delà du contour, s’il fallait peindre les à-plats de couleur, le scribe du contour s’en chargeait lui-même.

Exceptions notables : les codes formels et stricts des phases préparatoires pouvaient ne pas être respectées lorsqu’il s’agissait de faire entrer la magie dans le dessin.

Ostracon figuré : Tête de Ramsès VI coiffé de la couronne royale, XVIIIe dynastie. N 498, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre, Paris © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Christian Décamps

Les canons de beauté ou de divinité étaient le plus souvent scrupuleusement respectés : voir le grand ostracon de la Tête de Ramsès VI coiffé de la couronne, ou le fragment de paroi peinte montrant la Femme respirant une fleur. Mais quelques œuvres montrées attestent que les limites du respect des codes établis pouvaient aussi quelques fois être franchies : dessins atypiques, entorses aux proportions classiques, représentations de personnages obèses, d’hommes hirsutes (parce que commençant un deuil, ou parce que négligé comme ce menuisier), différents (nain armé), ce qui peut aussi éventuellement signaler une attention réaliste au modèle.

Tout au fond bien entendu les exemples les plus inattendus, drôles, satiriques ou érotiques sont rassemblés, autour du très fameux papyrus pornographique de Turin et de sa version transcrite.

Difficile et passionnante, cette exposition a pour commissaire Guillemette Andreu-Lanoë, directeur du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre.

L’art du contour. Le dessin dans l’Égypte ancienne, du 19 avril au 22 juillet 2013, au musée du Louvre, aile Richelieu, espace Richelieu. (Entrée Pyramides, entrée Richelieu, entrée Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli, 75001 Paris. Tlj sauf mardi de 9 à 18h. Nocturne mercredi et vendredi jusqu’à 21h45. 01 40 20 50 50

Vous retrouverez dans les articles 2012 à Paris : les grandes expositions de A à Z et 2013 à Paris : les grandes expositions de A à Z les différentes expositions 2012 et celles de 2013 déjà annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

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Nous procédons de la même manière en 2013, avec les MEILLEURS CATALOGUES des expositions 2013.

André Balbo

sources : Visite, Guillemette Andreu-Lanoë, musée du Louvre