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La Renaissance et le rêve... Bosch, Véronèse, et Le Greco, bouquet choisi au Luxembourg

lundi 6 mai 2019, par Expositions

En droite ligne du Palazzo Pitti, de Florence, ce qui peut offrir une garantie d’authenticité, le musée du Luxembourg, avec la RMN-GP et la Soprintendenza del Polo Museale Fiorentino, présente l’exposition "La Renaissance et le rêve : Bosch, Véronèse, le Greco..." du 9 octobre 2013 jusqu’au 26 janvier 2014.

La Renaissance, cette espérance d’une nouvelle vigueur née en Italie, qui essaime très vite vers les autres pays d’Europe, accorde aux rêves, à leur interprè tation comme à leur reprè sentation, une importance toute particulière. L’art pénètre la sphère du privé... et des idées, qui elles-même se libèrent progressivement du religieux.

Battista Dossi, La Notte (dè tail), vers 1543-1544, huile sur toile, 82x149,5 cm, Dresde, Gemâˆldegalerie © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / Elke Estel / Hans-Peter Kluth

On redécouvre l’Antiquité. Le nu est davantage présent qu’au Moyen-Âge. On assiste alors dans le même temps à un renouveau des pratiques divinatoires, à des évolutions notables en littè rature, avec Francesco Colonna et Rabelais, l’Arioste et le Tasse, ou la Plè iade et d’Aubignè .

La passion et la déraison gagnent les dè bats mè dicaux et thè ologiques, comme ce sera le cas lors de chasses aux sorcières qui sévissent en Europe du XVe au XVIIe siècle.

À cette époque, on prête au sommeil et aux rêves les vertus de mettre en relation avec les puissances de l’Au-delà. Mais de quelles puissances s’agit-il ? Suppose-t-on que l’homme s’è vade dans les bras de Morphée des contraintes physiques de son corps pour pouvoir communiquer avec le divin ? Ou se trouve-t-il a contrario livrè à des créatures démoniaques ? Les songes lui facilitent-ils une connaissance divinatoire ? Sont-ils favorables à l’éclosion de plus grands talents artistiques ? À la compréhension d’un vocabulaire, d’un langage qui seraient propres au rêve ?

Quand le corps s’engourdit et que la vacance de l’âme gagne, l’homme est-il saisi de la "fureur poétique", quand enfin dansent les muses ? Le rêve ne fait-il comme l’allégorie que signifier une chose pour une autre ? Et enfin le sommeil n’ouvre-t-il pas la voie à l’acedia, cette peste de l’âme qui menace les paresseux ? N’est-il pas cet instant où les disparus, les absents, les non-encore nés peuvent rencontrer les vivants ?

Les peintres et les graveurs de la Renaissance allaient se pencher sur ces questions philo-métaphysiques à leur manière avec leurs modes d’expression. Ces sujets, pour fascinants qu’ils aient été, dépassaient les dè bats de l’è poque. Existait-il une affinité entre les images qu’obtenait l’art et les images oniriques ? Comment reprè senter le rè‚ve du rè‚veur ?

Si certains explorent le rè‚ve, aux XVe et XVIe siècles, comme la rè vè lation d’un autre monde, saint ou infernal, si d’autres l’utilisent pour transfigurer le quotidien ou insister sur sa dimension è rotique, il est perçu par les plus exigeants comme une mè taphore de l’art lui-mè‚me. Ainsi la vie devient-elle elle-même un songe dont l’artiste serait le rè‚veur.

AÌ€ l’exception près de Dürer (1471-1528), è voquè e à la fin de l’exposition, les artistes de la Renaissance ne peignent pas leurs propres rè‚ves mais ceux des autres, ou ceux qu’ils pourraient avoir. Ils s’inspirent de rè cits de rêves présents dans les mythologies ou dans l’histoire sainte.

Avec la difficulté spécifique que le sujet n’est toujours pas le réel mais l’apparition, et que le songe paraît è chapper à la saisie. Comment alors pousser l’art au-delà de ses limites ? Comment prouver qualité, habileté et sensibilité, et relever un tel dè fi ? Le domaine de l’art s’élargissait.

Cette exposition réunit des œuvres très variées d’artistes illustres, comme Bosch (1450-1516), Dürer ou Michel-Ange (1475-1564), ou de réputations moindres comme Mocetto (1470-1531) ou Naldini (1537-1591).

Le parcours conduit le visiteur de la nuit et de l’endormissement au rè veil final, en toute logique et chronologiquement, l’essentiel è tant pleinement consacrè aux rè‚ves et aux visions.

Vous verrez successivement des figurations de la nuit (dont celles de Michel-Ange et de Battista Dossi, 1489-1542), et de belles endormies dont l’â‚me est « en vacance  » (comme celles de Paris Bordone, 1495-1570).

L’è tape dè cisive est celle où l’artiste, non content de reprè senter le dormeur-rè‚veur, s’aventure de surcroit à tenter de rendre compte du phè nomène onirique lui-mè‚me, à nous montrer des « songes vrais  », tirè s de la Bible ou des vies de saints (Garofalo, 1481-1559, Vè ronèse, 1528-1588), ou pour offrir aux regards d’infernales visions (Jan Brueghel, 1568-1625, Jè roÌ‚me Bosch, 1450-1516).

Certains, dont Giotto, 1267-1337, qui n’est pas à proprement parler un artiste de la Renaissance, juxtaposent en un mè‚me lieu le rè‚veur et le rè‚ve. D’autres, dont le Greco, imaginent des mè diations.

Les artistes du Nord nous feront entrer dans l’univers du cauchemar... La nuit révèle aussi des choses. Loin de masquer le visible, l’obscuritè fait surgir d’autres espaces, de jeu, de libertè ou d’inquiè tude...

L’exposition "La Renaissance et le rêve : Bosch, Véronèse, le Greco..." appelle aussi l’attention sur quelques œuvres è nigmatiques comme Le Songe de Raphaël, du graveur Raimondi, ou Le Songe du docteur, de Dürer.

Le propos ici n’est pas qu’historique. Il s’agit aussi de rappeler l’intè rè‚t que l’ancien rè gime, celui qui précédait la Renaissance, portait au rè‚ve, largement effacè de nos mè moires par les rè volutions successives et contraires de la psychanalyse et des neurosciences. Elle est aussi pour le public une invitation, à partir d’un tel ensemble d’œuvres de la Renaissance, à rè‚ver lui-mè‚me en toute liberté, et à déployer toutes les formes que sera capable de prendre son imagination.

Une exposition d’œuvres judicieusement choisies, de Bosch, Véronèse, Le Greco, Andrea del Sarto, du Corrège, et de bien d’autres...

Alessandro Cecchi, directeur de la Galleria Palatina et du Jardin de Boboli au Palazzo Pitti, Florence, Yves Hersant, professeur à l’École des Hautes Études en sciences sociales, Paris, et Chiara Rabbi-Bernard, historienne de l’art sont commissaires de cette exposition.

La Renaissance et le rêve : Bosch, Véronèse, le Greco, du 9 octobre 2013 au 26 janvier 2014, au musée du Luxembourg, métro Saint-Sulpice ou Mabillon, Rer B Luxembourg, Bus 58, 84, 89.

Vous retrouverez dans l’article 2013 à Paris : les grandes expositions de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans Calendrier 2013 des grandes expositions à Paris, ces mêmes expositions sont classées par dates.

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Celui de cette exposition en fait partie.

Les Grandes Expositions et Calendrier 2014 peuvent déjà être consultés sur Évous.fr... et complétés, si vous disposez de plus d’informations que nous !

André Balbo

sources : Visite, RMN-GP, Soprintendenza del Polo Museale Fiorentino