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DERNIERS JOURS de l’exposition Splendeurs et misères. Images de la prostitution (1850-1910)

samedi 26 novembre 2016, par Expositions

Du 22 septembre 2015 au 17 janvier 2016, "Splendeurs et misères"... réalités et fantasmes des artistes de cette époque, et des visiteurs de la nôtre.

Attirer l’attention. Éveiller la curiosité. Pimenter la culture. Scorer. Après Degas et le nu, la surprise que fut Masculin-masculin, puis l’événement Sade, le musée d’Orsay consacre la première grande exposition au thème, "racoleur, forcément racoleur", de la prostitution. Ah, Paris avait mondialement une haute réputation en ce domaine dans la seconde moitié du XIXe siècle et à la Belle Époque !

Depuis la loi de 1829, la prostituée était cachée et se devait de ne pratiquer que dans des lieux clos. Paris compta en 1878 jusqu’à 128 maisons de tolérance... qui n’abritaient dans les faits qu’un petit tiers des prostituées en exercice, et oubliaient les occasionnelles. Paradoxalement, malgré cette loi, de toute évidence débordée par la réalité, la deuxième moitié de ce siècle allait devenir l’âge d’or, si l’on peut dire, de la représentation de la prostitution dans les lettres comme dans les arts.

Édouard Manet, Bal Masqué à l’Opéra (1873), huile sur toile, National Gallery of Art

Les œuvres rassemblées pour cette exposition témoignent des manières dont les artistes, qui étaient fascinés par les acteurs et actrices comme par les lieux étranges et mystérieux de ce fait social, n’ont cessé de rechercher de nouveaux moyens picturaux pour en représenter signes distinctifs, châles jaunes ou rouges, parapluies et chapeaux de couleurs vives, nudités offertes et provocantes, quand cela ne prenait pas "les dehors d’une bourgeoise voire d’une aristocrate" (Véronique Bui). Réalités de ces personnages et/ou fantasmes.

Édouard Manet, Olympia, 1863, huile sur toile, musée d’Orsay, Paris

Il faut souligner aussi que certaines de ces femmes étaient assez souvent d’une grande proximité avec les artistes, régulièrement leurs modèles (Renoir à Montmartre), leurs amies, voire bien entendu les compagnes des misères et de la vache enragée comme des fêtes qui composaient aussi bien la vie de Bohème des jeunes désargentés que les réjouissances sans limites de quelques-uns des riches amateurs et premiers collectionneurs, avides d’événements, de beautés et de plaisirs.

C’était aussi le triomphe de la bourgeoisie, un temps d’une exceptionnelle vénalité, cruellement dépeint par les successeurs de Daumier, illustrateurs et caricaturistes, dont le formidable Gustave Doré comme l’indépassable et talentueux Jean-Louis Forain, dont les œuvres sont très présentes dans cette exposition, montrant de vieux barbons venant faire leur marché auprès des petits rats de l’Opéra.

Une époque aussi pendant laquelle c’était la femme entretenue, et non l’épouse, avec laquelle le bourgeois viveur se montrait... et se devait donc de la parer des signes éclatants de sa réussite sociale. Un climat, dirons-nous.

Les courtisanes, dites de "haute prostitution", couronnent, par leur présence et leurs atours exceptionnels et spectaculaires, le nec plus ultra de l’enrichissement de leur client. Si par ailleurs elles se sont rendues célèbres dans les arts... Leur marketing personnel passe par la diffusion de leur portrait, qui prend la forme de photographies, de tableaux voire de sculptures. Elles se révèleront prescriptrices en matière de mode et de goût.

Enfin c’était à l’heure où les peintres s’attachaient à montrer le monde qui les entourait tel qu’il était, avec ses habits, ses modernités et ses mœurs. Où la nudité quittait la mythologie et faisait par et pour eux la conquête du quotidien. Choquant parfois, bien sûr, comme cette femme au premier plan du Déjeuner sur l’herbe, moins pourtant pour le public d’alors que celle à l’arrière (mais au centre du tableau !), qui se rince dans l’eau, certainement après un rapport. Les temps changeaient.

Concernant les artistes, de L’Olympia de Manet à L’Absinthe de Degas, des incursions dans les maisons closes de Toulouse-Lautrec et Munch aux figures audacieuses de Vlaminck, Van Dongen ou Picasso, la manifestation s’attache à montrer au travers de plus de 260 œuvres, photographies et documents, la place centrale occupée par cet univers interlope... dans le développement de la peinture moderne.

Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) Au Moulin Rouge1892-1895 Huile sur toile H. 123 ; L. 141 cm. The Art Institute of ChicagoHelen Birch Bartlett Memorial Collection, 1928.610 © The Art Institute of Chicago

Le thème est également évoqué dans ses dimensions sociales et culturelles à travers la peinture de Salon, la sculpture, les arts décoratifs et la photographie. Un riche matériau documentaire permettra enfin d’évoquer le statut ambivalent des prostituées, de la splendeur des demi-mondaines à la misère des pierreuses, ces "prostituées du dernier rayon qui racolaient dans les terrains vagues ou les chantiers de construction", si nombreux au temps du Baron Haussmann.

Ces mondes d’une extrême variété sont brossés par les artistes dans un mélange de complicité, de gourmandise et de réprobation : Munch, Kupka, Rouault, de Vlaminck, Van Dongen, Toulouse-Lautrec ou Picasso.

L’exposition, si l’on excepte les premières salles, qui sont celles des ambiguïtés... et les dernières, de la modernité, où certaines œuvres, notamment de Picasso, moins connues, peuvent surprendre, l’exposition donc se languit dans un propos esthétique un peu répétitif.

Les esprits critiques et ironiques relèveront également les 2 espaces interdits aux moins de 18 ans, le retour du trop fameux siège, et certains tableaux, jamais au repos, qui sont de toutes les expositions. Cela étant posé le sujet est étudié avec un systématisme et un angle clinique impressionnants.

Splendeurs et misères. Images de la prostitution en France (1850-1910). Du 22 septembre 2015 au 17 janvier 2016, au musée d’Orsay, 1, rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris, 01 40 49 48 14, ouvert de 9h30 à 18h les mardi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche, de 9h30 à 21h45 le jeudi. Fermé le lundi, les 1er mai et 25 décembre. Visites-conférences en juillet les jeudi et vendredi à 14h30. Du 9 au 20 septembre, le jeudi à 19h, et les vendredi et samedi à 14h. Visite en langue des signes les samedis 5 juillet et 6 septembre à 14h. Métro Solférino, RER C, station Musée d’Orsay. Bus 24, 63, 68, 69, 73, 83, 84, 94. Tarifs 11 ou 8,50€. Gratuit le 1er dimanche du mois.

Lire aussi l’intéressant article de Véronique Bui "Le châle jaune des prostituées au XIXe siècle : signe d’appartenance ou signe de reconnaissance ?" http://www.fabula.org/colloques/document939.php

Lire aussi : Toutes les expositions 2016 au musée d’Orsay.


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Vous retrouvez comme chaque année dans LES GRANDES EXPOSITIONS 2016 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans CALENDRIER 2016 des grandes expositions à Paris ces mêmes expositions sont classées par dates.

Dans la série Toutes les expositions 2016 dans les plus grands musées de Paris... lire également :
Au musée du Louvre, au Centre Pompidou, au Grand Palais, au musée d’Orsay, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Jeu de Paume, au Palais de Tokyo, à la Bibliothèque nationale de France, au musée du Quai Branly, au musée des Arts décoratifs.

Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez être amenés à apporter à ces programmes.

Nous vous indiquons chaque semaine les nouveautés, les expositions qui fermeront bientôt leurs portes, et... nos préférences, car on ne se refait pas : LA SEMAINE des expositions, musées, et galeries : que faire à Paris du....

Contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous établirons bientôt pour Paris, au fur et à mesure de leur publication, notre sélection des catalogues d’expositions 2016, comme nous l’avions fait les années précédentes : 2015, 2014, 2013, 2012.

Nous vous proposons aussi une sélection de musées et d’expositions dans les villes françaises suivantes, que nous nous efforçons de tenir assez régulièrement à jour :
 Angoulême - Arles - Avignon - Bordeaux - Dijon - Grenoble - Ile-de-France - Lens - Lille - Lyon - Marseille - Metz - Montpellier - Nantes - Nice - Ornans - Rennes - Rodez - Rouen, Le Havre - Saint-Étienne - Strasbourg - Toulouse - Tours

Et juste des musées et expositions temporaires pour quelques villes étrangères : Amsterdam, Berlin, Bâle, Bruxelles, Genève, Londres, Madrid, Milan, et Venise.

André Balbo

sources : Visite, Orsay, Véronique Bui, Wikipédia