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DERNIERS JOURS de la Pluie, au musée du Quai Branly

lundi 6 mai 2019, par Expositions

 Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps,
 Le beau temps me dégoûte et m’fait grincer les dents,
 Le bel azur me met en rage,"

… chantait Brassens, pour des raisons qui lui restaient très personnelles, et nous saurons rester discrets, à ce sujet.

Parapluie, Bambou, papier huilé, fil Tokyo, Japon © musée du quai Branly

En revanche, de tous temps... il y a toujours eu beaucoup à dire sur la pluie... C’est ce que tente de faire, de façon non exhaustive bien sûr, cette exposition du musée du Quai Branly, qui se tient du 6 mars au 13 mai 2012, Mezzanine Est, au moment même où pour nous la nature s’éveille, à la veille du printemps.

Un bon nombre d’évocations de la pluie y sont convoquées : la pluie que l’on prévoit, celle que l’on appelle, que l’on craint parfois, qui emporte, et dont on doit se protéger, et enfin celle que l’on reçoit comme le plus grand cadeau.

D’aussi loin que l’on s’en souvienne ou qu’il nous soit parvenu des représentations ou des traces de civilisations, la pluie était présente et accompagnait les hommes. Que ses images aient été réalistes, figuratives ou abstraites, dans une traduction symbolique ou métaphorique.

La Pluie donne également lieu à des analogies musicales ou, plus largement, sonores.

Enfin, ne l’oublions pas, elle a été, est, et sera sans doute encore longtemps divinisée.

Phénomène météorologique, la pluie fait aussi partie du système global de l’univers, de sa bonne (ou mauvaise) marche, et, à ce titre, elle s’intègre dans les théories cosmologiques que les différentes sociétés ou civilisations ont développées.

« Exposer la pluie  » se révèle donc d’un orgueil démesuré, demande quelques précautions, et reste une gageure. Cela incite en tout cas, et astreint, à une large diversité des approches, symbolique, religieuse, artistique et matérielle.

L’exposition explore ces différents aspects à travers une sélection provenant de différentes aires culturelles, souvent d’ailleurs celles les plus visitées des ethnologues, anthropologues, explorateurs, aventuriers chasseurs d’exotisme et chercheurs de différences. Ces régions du monde, Sud-Est asiatique, Afrique, Amérique Centrale ou du Sud, où des objets à forte charge émotionnelle et esthétique côtoient des objets ordinaires ou strictement utilitaires. Le trivial et le spirituel, le profane et le religieux sont ainsi réunis et confrontés en un contraste qui constitue comme une métaphore de la vie elle-même.

Rassemblant 94 pièces et documents iconographiques, issus des collections du musée du Quai Branly, accompagnés d’extraits de films (dont certains de Jean Rouch), cette exposition sur la Pluie inclut également des archives sonores liées à ces rituels et aux musiques qui constituent des représentations analogiques de la pluie, et des objets de sonnailles sur bâtons ou carapaces.

Certaines des pièces montrées, ou des explications un peu courtes fournies, pourraient induire à un certain universalisme. Est-ce le cas par exemple de ce bronze khmer du Laos, montrant, lovés nus au fond d’une barque, prêts à reproduire à nouveau le genre humain, un homme et une femme échappés d’un déluge ? Sans certitude possible pour le visiteur, la pièce n’étant pas datée. Influence chrétienne ou animiste khmère ?

Belles vitrines de représentations de pluie, d’humidité et de fertilité, qu’il s’agisse de celles des Indiens Zunis de l’Arizona, de pierres taillées ou polies du Mexique, d’un lourd bracelet d’apparat du Cameroun, en ivoire, ou d’un pendentif en or venu de Colombie.

Les batraciens pullulent et leurs figurines sont présentes quel que soit le continent. La magie ne sera jamais bien éloignée.

Spécimens de pierres magiques, bâtons cultuels, haches de tonnerre, et aussi étonnant sac-à-dos andin, avec astucieuse cape protégeant de la pluie, splendide anorak eskimau, en paroi translucide d’estomac de phoque, dans une vitrine où est répété "il n’y a pas que le k-way"...

Quelques objets puissants, aussi, fortement évocateurs, dont les fantastiques fers en formes de serpents, du Nigeria. Mais il est vrai que l’on reste un peu sur sa faim au long de cette exposition, ou plutôt sur sa soif.

Peu de choses de Chine (une robe de dignitaire, brodée du dragon aux 5 griffes), ou d’Inde (un bout de char montrant Indra, dieu brahman de l’orage et de la pluie, juché sur son éléphant).

N’est-il pas un peu approximatif de présenter l’usage du masque du jaguar, au Mexique, comme un possible appel à l’eau ?

Cette exposition laisse une sensation étrange de survol un peu court, et d’imprécision. La volonté d’avoir voulu trop embrasser peut-être ? Peut-être aussi parce que le sujet est certainement encore chargé pour chacun de nous et que nous ne saurions n’être ici que des spectateurs. Mais l’Europe est hélas bien absente et cela peut être dommage ! Sur un tel sujet, c’est assez étonnant. Le Quai Branly n’est-il pas fondé à signifier également des passerelles, des ressemblances entre Nous et Les Autres ? Ce temps n’est-il pas enfin venu ?

L’exposition La Pluie partage l’espace de la Mezzanine Est avec Patagonie, images du bout du monde.

Vous retrouverez dans l’article « 2012 à Paris : les grandes expositions de A à Z  » les différentes expositions 2012 déjà annoncées par leurs établissements et musées, et dans l’article « Calendrier 2012 des grandes expositions à Paris  », ces mêmes expositions classées par dates.

David méditant devant la tête de Goliath, d’Orazio Gentileschi, huile sur lapis-lazuli, exposition Artemisia

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André Balbo

sources : Brassens, Quai Branly, visite