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Auguste Rodin, dessinateur

lundi 6 mai 2019, par Expositions

Présentateur de l’artiste

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Auguste Rodin (1840-1917), artiste de génie, monstre sacré mondial de la sculpture, avait une autre corde à son arc qui utilisait tout autant que la sculpture les emportements artistiques volcaniques, nerveux, rapides, de ce travailleur acharné, et… méthodique. Et si l’on croit connaître assez bien le Rodin sculpteur, que sait-on vraiment du Rodin... dessinateur ?

C’est à plus de 60 ans que l’Auguste Rodin commence ce qu’on peut véritablement appeler sa carrière de dessinateur. Il va en effet lui consacrer une part croissante de son activité. S’il avait jusqu’alors toujours dessiné, ce qu’il réalise à partir de 1890 sur papiers peut tout à fait être considéré comme la dernière manifestation de son génie.

Dessinant chaque jour, d’après des modèles vivants, ce mode d’expression passionné aboutira à près de 7 000 feuillets, 6 000 rien que pour la période considérée. 4 300 sont au musée Rodin.

À partir de 1903, des expositions sont dédiées exclusivement à son œuvre dessiné.

Elles sont donc organisées de son vivant, dans le cadre de la 8e exposition de la Sécession de Berlin consacrée aux arts graphiques, en 1903, puis en 1907 à Paris, à la galerie Bernheim-Jeune.

Pour Rodin, le chemin obligatoire du dessin à la sculpture, de la 2D à la 3D, se fait par étapes. Un premier crayonné rapide oublie corps et visage, pour ne saisir qu’un mouvement, de préférence bref, voire intime. Position impossible à conserver un temps soit peu pour le modèle, comme surpris en vol.

Le croquis si vite croqué sera repris, retravaillé, et forcément habité d’un corps et d’une « carnalité  », puisqu’il s’agit d’Auguste Rodin. Viendra parfois aussi le découpage, le multiple, la simplification et la mise en contexte.

L’artiste cherche, tâtonne, et fouille, fougueux et inlassable. Matisse ici n’est pas si éloigné dans sa recherche.

Et le sexe de la femme, si central et si omniprésent dans ces dessins ? Bien plus rare dans ses sculptures, mises à part certaines, dont Iris, messagère des Dieux, venue après Courbet, dont Rodin ignorait forcément l’Origine du monde.

Le sexe de la femme était pour l’Auguste Rodin le suprême lieu de vie, de mystère, et de fascination. Le début de tout, la justification, et plus que tout la grande source, celle de la création, de la sexualité, de la trivialité, et du devenir de tout être et de toute humanité.

En fait, le savoir vivre. Et voilà pourquoi les postures sont si extrêmes pour le donner à voir, si en suspens, pour pouvoir saisir du regard toutes ces évidences, et toutes ses indécences.

Et les taches si fréquentes sur les dessins ? Rodin trouvait des rebonds dans les accidents de création qu’il rencontrait dans son travail. Qu’il s’agisse de dessin ou de sculpture, l’incident survenu, la tache, la déchirure, la fente, la brisure, tout devenait motif à poursuivre plus loin, voire à relancer l’artiste à la poursuite de la création…

Autre marque de modernité ? Les couleurs choisies, si vives, dont il isole certains dessins : orange fort, rouge opéra ou violet !

Une surprise totale ? Le portrait de Séverine, la secrétaire de Jules Vallès au Cri du peuple. Et certains autres dessins si précis, si proches d’Ingres... et cela dans le même tempo que Picasso !

Pour Dominique Viéville, Conservateur général du patrimoine et Directeur du musée Rodin : « À la volonté clairement exprimée par Rodin de bannir toute pose figée mais surtout apprise de la part du modèle correspond dorénavant de sa part le désir de saisir par le dessin les "mouvements naturels" qu’il en attend.  »

Présentation de l’exposition

Le musée Rodin conserve la plus importante collection d’œuvres du sculpteur sur ses deux sites, l’un à Paris, à l’hôtel Biron, l’autre à Meudon, site de l’ancien atelier du sculpteur, ses réserves et son ancien domicile. Créé en 1916, grâce à la donation, par Auguste Rodin lui-même, de ses œuvres et de ses collections à l’État français, il a ouvert ses portes en 1919.

L’exposition « La Saisie du modèle. Rodin, 300 dessins 1890-1917  », au musée Rodin s’est achevée au 1er avril 2012. Elle a fait grand bruit. Pour beaucoup cela équivalait quasiment à découvrir un autre artiste que le sculpteur qui nous est davantage familier.

300 de ses dessins, expression forte, puissante et si moderne du processus de création de cet artiste exigeant, venaient judicieusement combler cette éventuelle lacune. Ils ont été réalisés dans la dernière partie de sa vie, de 1890 à 1917. Choisis parmi un vaste ensemble conservé dans les caves du musée, ils étaient rassemblés pour cette exposition, de façon spectaculaire, scandée et didactique, superbement mis en scène et éclairés.

Malgré un classement proposé en chapitres, la fougue que Rodin exprime dans presque chacun de ses dessins poussait le regard du visiteur à transgresser les séparations mises, à revenir sur ses pas, à faire ses propres chemins, et à rétablir entre les œuvres liens, rappels et proximités.

Certaines grandes séries de Rodin, identifiables, avaient été reconstituées :
 les petits dessins à l’encre et à l’aquarelle de 1890-1895,
 les dessins au trait et au lavis faits autour de 1900,
 les Psychés,
 les Femmes aux peignoirs,
 les danseuses cambodgiennes (1906-1907),
 les dessins modelés et estompés autour de 1910,
 les derniers dessins envahis de couleurs...

Des thèmes et des caractéristiques du dessin de l’artiste étaient explorés :
 la pratique du dessin et les enjeux de la forme reprise, corrigée, raturée, découpée, dédoublée... ;
 la maîtrise du trait continu et synthétique ;
 le rapport des corps à l’espace ;
 et enfin la femme fatale, ou les corps sexués.

Les ultimes dessins de Rodin étaient l’aboutissement du parcours, permettant de « saisir la pleine tension que l’artiste introduit entre le naturalisme d’un dessin, en captant un geste, un mouvement dans toute son immédiateté, et l’indépendance grandissante du trait et de la couleur. La liberté du dessin de Rodin a très certainement contribué à ouvrir aux artistes du XXe siècle un espace immense. Le véritable propos de cette exposition était de mettre en exergue cette liberté  ».

Les dessins ne sont pas datés, à quelques rares exceptions près. L’adoption, dans l’exposition, d’un classement des dessins en 15 sections d’inégale importance correspondait à l’état de la connaissance des conservateurs. N’en bridait-elle pas un peu la sensibilité et la liberté de la perception du visiteur ?

Des questions comme des évidences submergeaient aussi parfois le spectateur. Parfois des influences surgissent.

Comme celle du japonisme, par exemple. Nous savons que le talent et la réputation de Rodin avaient suscité de son vivant des échanges d’estampes et de bronzes avec des artistes du Japon.

Certains de ces dessins dévoilent nettement cette forme d’empathie.

Auguste Rodin (et maintenant son musée) n’était-il pas d’ailleurs l’heureux possesseur de la célèbre toile de van Gogh Le Père Tanguy, le tableau le plus japonisant qui soit, dont tout le fond révèle de petits tableaux japonais ? Il est visible au musée Rodin.

Profitez bien entendu de votre prochaine visite pour revoir ce van Gogh, le Monet, les sculptures de Rodin, dont Iris bien sûr, celles du pavillon comme celles du jardin : le Baiser, la Porte de l’Enfer, les Bourgeois de Calais, et les autres...

La Saisie du modèle / Rodin 300 dessins (1890-1917). Musée Rodin, Paris. C’était jusqu’au 1er avril 2012.

Lire aussi :
L’Enfer, selon Rodin
Rodin, la chair, le marbre
Rodin, la lumière de l’Antique
Rencontre Mapplethorpe - Rodin
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Rodin : l’exposition du Centenaire


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Vous retrouvez comme chaque année dans LES GRANDES EXPOSITIONS 2016 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans CALENDRIER 2016 des grandes expositions à Paris ces mêmes expositions sont classées par dates.

Dans la série Toutes les expositions 2016 dans les plus grands musées de Paris... lire également :
Au musée du Louvre, au Centre Pompidou, au Grand Palais, au musée d’Orsay, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Jeu de Paume, au Palais de Tokyo, à la Bibliothèque nationale de France, au musée du Quai Branly, au musée des Arts décoratifs, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain.

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Contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous établissons, au fur et à mesure de leur publication, notre sélection des catalogues d’expositions 2016 de Paris, comme nous l’avons fait les années précédentes : 2015, 2014, 2013, 2012.

Vous pouvez consulter quelques dizaines de présentations d’artistes, classées de A à Z.

Nous vous proposons aussi une sélection de musées et d’expositions dans les villes françaises suivantes, que nous nous efforçons de tenir assez régulièrement à jour :
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Et juste des musées et expositions temporaires pour quelques villes étrangères : Amsterdam, Berlin, Bâle, Bruxelles, Genève, Londres, Madrid, Milan, et Venise.

André Balbo

sources : musée Rodin, Dominique Viéville, visite

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