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Ai Weiwei
lundi 6 mai 2019, par
Présentation de l’artiste
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Ai Weiwei est rapidement devenu davantage qu’un artiste ou qu’une simple personnalité aux yeux du monde entier. Il est et reste aujourd’hui l’image même de l’existence d’une contestation au pouvoir politique en Chine.
Et si Ai Weiwei était un situationniste abouti ? Maître ès média, comme d’autres le sont en arts martiaux, ne pouvant être à Paris le jour de l’inauguration de son exposition de photographies au Jeu de Paume en 2012, Ai Weiwei accordait le 16 février un entretien au quotidien le Monde, publié dans l’édition du jour de l’ouverture.
Le même jour, le quotidien Libération lui dédiait son édition avec un entretien qui ne respectait pas vraiment les limitations imposées par le régime. Toute la presse française s’intéressait au phénomène Ai en publiant des interviews réalisés en Chine et, au Jeu de Paume, pour la présentation aux journalistes de sa rétrospective, c’était la foule des grands jours. Personne ne manquait à l’appel.
Ai Weiwei est le fils d’un des poètes de Chine les plus vénérés, Ai Qing (1910-1996), qui connut en son temps la relégation en Mandchourie, en 1957, puis la déportation au Xinjiang, au bord du désert de Gobi durant la Révolution culturelle.
Laisser tomber une urne de la dynastie des Hans, 1995 © Ai Weiwei
5 ans à nettoyer les chiottes publiques, réputées particulièrement sales en Chine. Mais Ai Qing s’était attaché à les rendre particulièrement impeccables. Grève du zèle en quelque sorte, pour sauver sa raison. Sa famille, donc Ai Weiwei, le suivait dans sa déportation. Il en dit : "Je l’ai aidé dans son travail chaque jour pendant 5 ans. J’ai vu l’humiliation, les brimades, et toutes ses tentatives de suicide..."
Il confiait, dans son entretien au Monde que son père lui avait dit, bien plus tard, testament artistique ou soutien philosophique : "Weiwei, tu es ici chez toi. Tu n’es pas obligé d’être si poli. Fais ce que tu as envie de faire." La leçon entendue a bien été retenue, comme le prouve l’usage qu’il a su faire de la bienséance et la violence des diatribes lancées par l’artiste à la face du pouvoir en place.
Ai Weiwei a acquis son incroyable popularité par strates successives. Revenant à Pékin, il a publié 3 livres sur les artistes chinois. Spectaculairement, dans le monde du design et de l’architecture, en participant notamment à la conception du célèbre stade national de Pékin, surnommé "le Nid d’oiseau", pour les Jeux olympiques de Pékin de l’été 2008.
Mais avant même son inauguration, dès 2007, l’artiste avait déjà pris ses distances avec les autorités chinoises, à qui il reprochait notamment l’usage propagandiste qui serait fait des Jeux, justifiant a posteriori sa participation... par son seul intense besoin de créer.
Par la suite, il devait reprendre avec inventivité, élégance, courage et un humour ravageur, son éprouvant jeu, à la fois personnel et collectif, du chat et de la souris avec les forces gouvernementales. Ai Weiwei a de grandes dispositions de "sismographe des sujets d’actualité et des problèmes de société". Voir ce qu’il fait est le plus souvent proprement jubilatoire. Vous n’y résistez pas.
Sismographe ? Il œuvra aussi sur les suites du tremblement de terre du Sichouan, pour faire connaître le nombre et le nom des milliers d’enfants disparus dans l’effondrement des écoles construites "en tofu", c’est-à-dire sans que soient respectées les précautions et contraintes légales antisismiques, parce que les cadres locaux du Parti s’en étaient mis plein les fouilles ! Il aurait donc fallu en plus taire les enfants morts ! Pays admirable. Hors, la constitution chinoise imposerait de rendre ces informations publiques. Ai Weiwei et les volontaires qu’il fédéra adressèrent des centaines de lettres qui en faisaient la demande. En vain, bien sûr ! Quelle question ? Et ils produisirent eux-mêmes, grâce à leurs propres enquêtes et aux témoignages recueillis, 80 feuillets portant les noms de quelque 5 000 enfants.
Flash back. Au début des années 1980, Ai Weiwei a passé plus de 12 années aux États-Unis, notamment à New York, où il étudia brièvement dans une école d’art avant de devenir un authentique sans-papiers.
Profil de Marcel Duchamp, Ai Weiwei, 1985
Il y eut quelques fréquentations peu recommandables, c’est vrai, comme ce que New York comptait de l’avant-garde chinoise, des musiciens, un peu tout le monde, dont Allen Ginsberg, Jasper Johns, et Andy Warhol, pensez donc, la Beat Generation, le Flower Power, la spontanéité, la radicalité, le sexe.
Et il ressentit là-bas également un vif intérêt pour les principes de création de Marcel Duchamp (comme d’ailleurs Jasper Johns, et Berenice Abbott). "Jusqu’à Duchamp, je ne savais pas que l’art pouvait être une façon de vivre".
Ai Weiwei photographiait en ville, quotidiennement, ce qui l’environnait et lui-même, sa vie dans ses moindres détails, ses amis, de toutes couleurs et de tous sexes, la ville, ses habitants et ses événements.
En revenant à Pékin en 1993, en grande partie pour se rapprocher et s’occuper de son père (qui mourra en 1996), il persévéra dans cette pratique. Et il se retrouva naturellement très vite au cœur des avant-gardes artistiques (si actives en Chine !), sur lesquelles il établit donc ces 3 répertoires, et il montra les multiples aspects de la réalité urbaine et sociale d’alors dans ce pays, dont les méfaits d’un développement capitalistique anarchique, et les contradictions amenées par la modernité à tous prix.
Architecte, designer, sculpteur, photographe, féru des nouveaux médias comme fin pratiquant et même stratège des réseaux sociaux, Ai Weiwei est depuis devenu l’un des principaux artistes indépendants chinois, créant inlassablement une œuvre multiple, multiforme, iconoclaste et provocatrice.
Juin 1994, 1994 © Ai Weiwei. Souvenez-vous, Tiananmen, c’était un 4 juin. Cette jeune femme est la femme de Ai Weiwei, et non Marlyn Monroe.
Ai Weiwei, à la fois artiste généraliste et habile critique social, est partie prenante des changements de la société chinoise contemporaine dans la mesure où il est parvenu et parvient, dans cet ensemble sociétal menaçant et très contraignant, à « introduire de la vie dans l’art et de l’art dans la vie  ».
« L’idée qui le guide est qu’il est essentiel de libérer les potentiels dans le présent et pour l’avenir  ». Ses positions se sont notamment affirmées grâce aux dizaines de milliers de photos et de textes diffusés sur son blog ou par le biais de Twitter.
Dans un de ses tweets (le 29/09/2009 à 14h44 et 39"), il écrivit : "Ma patrie, si je devais en choisir une, serait Internet, car son espace et ses frontières satisfont largement à mon imagination. Les autres patries ne sont pas à la hauteur."
Aujourd’hui, Ai Weiwei vit et travaille à Berlin.
Présentation de l’exposition photographique au Jeu de Paume
Le Jeu de Paume présentait pour la première fois à Paris, et en France, l’exposition photographique « Ai Weiwei : Entrelacs  », du 21 février au 29 avril 2012. Cette rétrospective couvrait des années qu’il passa à New York à nos jours. Il en aurait établi la sélection parmi plus de 250 000 clichés (Libération).
C’était la toute première grande exposition consacrée en France à cet artiste qui observe si finement l’état du monde, l’analyse et tisse des liens avec ses semblables par de multiples canaux. En sachant se méfier des lieux et des symboles, de tous les symboles, de pouvoir.
L’événement rendait compte à la fois des mutations profondes du paysage urbain en Chine, et relèvait également d’une démarche plus artistique : "le Conte de fées" pour la Documenta de Cassel (1001 Chinois amenés en Allemagne, mais avant photographiés !), et les innombrables photos numériques diffusées sur son blog ou à l’aide de son téléphone portable. Des vidéos de l’artiste étaient aussi montrées à cette occasion. Par la richesse de son iconographie, cette exposition montrait la diversité et la complexité de la touche de Ai Weiwei, sa manière adroite de parvenir à demeurer en presque toutes circonstances en relation avec le monde, comme pouvait l’induire l’usage du mot "entrelacs", évocation des liens qui n’ont pas cessé de se tisser par-delà les frontières et les obstacles en tout genre.
La salle qui montrait ses "Paysages provisoires" était fabuleuse : 3 panneaux de 35 photos chacun, 4 écrans, des images prises ou saisies de 2002 à 2008 dans diverses villes chinoises. Comment mieux décrire la violence de la modernité que s’imposait le pays ? À quelle vitesse disparurent les hutongs, ces basses maisons traditionnelles, comme ces ruelles des villes anciennes. Rasibus. Terrains vagues, puis béton et des tours tristes, sans plaisir, sans vie, sans amour. Ce gouvernement chinois haït-il à ce point son passé ?
Ai Weiwei était en détention du 3 avril au 22 juin 2011, au motif invoqué de fraude fiscale. 1,5M€ d’amende infligé, dont 60% lui furent adressés par 30 000 personnes solidaires... Libéré sous caution à cette date, il était longtemps resté interdit de sortie du territoire et en "libération conditionnelle" jusqu’au 22 juin 2012.
Ai Weiwei a aussi fait la couverture du numéro du 24/12/2011 de M, le magazine du Monde, qui lui a consacré plusieurs articles passionnants et a déclaré "2011, l’année de... Ai Weiwei et de tous les révoltés !"
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Vous retrouvez comme chaque année dans PARIS 2017. LES GRANDES EXPOSITIONS de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.
Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14
Dans Le CALENDRIER 2017 des grandes expositions à Paris ces mêmes expositions sont classées par dates.
Dans la série Toutes les expositions 2017-2018 dans les plus grands musées de Paris... lire également :
Au musée du Louvre, au Centre Pompidou, au Grand Palais, au musées d’Orsay et de l’Orangerie, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Jeu de Paume, au Palais de Tokyo, à la Bibliothèque nationale de France, au musée du Quai Branly, au musée des Arts décoratifs, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, au musée Guimet, au musée Galliera, au Petit Palais, et au Château de Versailles.
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Vous pouvez consulter plus d’une centaine de présentations d’artistes, classées de A à Z.
Contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous établissons, au fur et à mesure de leur publication, notre sélection des catalogues d’expositions 2017 de Paris, comme nous l’avons fait les années précédentes : 2016, 2015, 2014, 2013, 2012.
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André Balbo
sources : Visite, Le Jeu de Paume, M, le magazine du Monde, Le Monde, Libération, Télérama, NouvelObs, et Ai Weiwei bien sûr