Présentation de l’artiste
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Katsushika Hokusai (1760–1849) doit une grande part de son immense réputation mondiale à la sè rie des Trente-six vues du Mont Fuji, et en particulier à la Grande Vague.
En France, ce furent les artistes et les è crivains qui les premiers jouèrent un roÌ‚le dè terminant dans la redè couverte de l’art d’Hokusai à la fin du XIXe siècle, de Fè lix Bracquemond à EÌ mile Gallè , en passant par Edmond de Goncourt, et cela alors qu’il était encore relativement peu considéré au Japon.
Leur intérêt marqué contribua fortement à la diffusion du japonisme en Europe, de nombreux artistes puisant allégrement des motifs dans les 15 volumes d’Hokusai Manga, ainsi qu’en tè moignent tant de peintures, dessins, estampes et objets d’art.
Des thèmes, abondamment traités par Hokusai furent très porteurs pour de nombreux artistes européens, dont les impressionnistes et van Gogh, comme les effets de transparences des fluides, les variations climatiques sur nos perceptions d’un même environnement, l’attention à la société telle qu’elle est et nous entoure, tous les plaisirs de la vie, et la communion avec la nature, les oiseaux, les poissons et les fleurs.

Katsushika Hokusai (1760 -1849). Hokusai Manga. Carnet de croquis divers de Hokusai. Hokusai manga. EÌ€re Bunka, an XI (janvier 1814) Livre edehon, format hanshibon Signature : Katsushika Hokusai hitsu Sceau : Raishin EÌ diteur : Eiraku-ya ToÌ„shiroÌ„. Japon, collection particulière
Hokusai Manga, l’œuvre-phare d’Hokusai, est une anthologie de croquis en 15 volumes conçus comme autant de manuels à l’usage des jeunes artistes. Ces mangas constituent une forme d’encyclopè die du vivant et de la vie quotidienne du Japon sous l’è poque Edo (du nom de l’ancienne capitale).

Katsushika Hokusai (1760 -1849), Choshi dans la province de Chiba (dè tail), Sè rie des Mille images de la mer, estampe, 18,2 x 19 cm, Paris, Musè e national des arts asiatiques - musè e Guimet © Rmn-Grand Palais (musè e Guimet, Paris) / Thierry Olivier
Peintre, dessinateur, graveur, Hokusai changea plusieurs fois d’identitè artistique au cours de sa longue carrière. Né sous le nom de TokitaroÌ„, il entra en 1778 dans l’atelier de Katsukawa ShunshoÌ„, spè cialisè dans les portraits de comè diens. Il y réalisa ses premières estampes en couleurs sous le nom de Katsukawa ShunroÌ„, des estampes commerciales à bon marchè , des portraits d’acteurs, de jolies femmes, de guerriers cè lèbres, illustrant par ailleurs divers types de livres imprimè s.
En 1794, le nom SoÌ„ri fut créé. Il était liè à son rapprochement de l’École Rinpa. Son style change de façon radical. Son activitè se concentre alors autour des egoyomi, calendriers illustrè s, et des surimono, gravures en une seule feuille destinè es à un usage privè . Hokusai bâ‚tit sa rè putation sur ces œuvres luxueuses et raffinè es, sur son habiletè à traiter une grande variè tè de sujets, mais è galement sur sa capacitè à illustrer le genre à la mode des kyoÌ„ka ou poèmes-bouffe, traduction picturale de joutes poè tiques sous forme d’estampes d’abord, de livres illustrè s ensuite. Maniant le pinceau avec une assurance nouvelle, l’artiste produit par ailleurs un nombre de peintures nettement plus important.
En 1798, ce nom SoÌ„ri est transmis à l’un de ses è lèves, le nom Hokusai (le fou de peinture) est créé, et il s’installe en artiste indè pendant.
Devenant Katsushika Hokusai (1805-1810), l’artiste apporte une contribution majeure aux livres de lecture (yomihon). Ces fictions longues aux intrigues è piques et fantastiques, alors très populaires à Edo, constituent un dè fi pour les dessinateurs, contraints de faire montre de vastes connaissances et d’une forte capacitè d’invention, n’utilisant que l’encre de Chine noire et les nuances de gris qu’elle autorise.
Dans ces livres, l’influence de la peinture chinoise est visible sur sa manière. La beautè gracieuse de la pè riode SoÌ„ri a laissè place à une plus grande sensualitè . Moins nombreuses, très diverses, ses estampes tè moignent alors d’esprit et d’humour.

Katsushika Hokusai (1760 -1849). Album de peintures. NikuhitsujoÌ„. Vers l’ère Bunka, an V ou VI (vers1808-1809) 1 volume, shihon Signature : Hokusai Sceaux : KimoÌ„dasoku ou Tokimasa. Londres, Victoria and Albert Museum © Victoria and Albert Museum, Londres
AÌ€ compter de 1810, Hokusai se consacre au genre des manuels de peinture (etehon). Il est suivi par un nombre croissant d’admirateurs, sollicitè par de plus en plus de disciples. L’artiste conçoit des manuels qui font office de recueils de modèles pour les artisans, à l’usage des jeunes artistes.
Les Hokusai manga, qui doivent ce titre synonyme de « dessins variè s  » à l’artiste lui-mè‚me, sont publiè s à partir de 1814. Véritable prouesse, ils rassemblent plus de 3 900 dessins d’une è tonnante variè tè , allant de la description des mœurs urbaines à d’inattendues lè gendes ou encore au monde des religions.
Manuels d’apprentissage, recueils de modèles, les Manga deviennent è galement des objets de dè lectation. Maintenue à un rythme irrè gulier pendant de longues annè es, la publication de l’ensemble s’achève en 1878, avec la parution posthume du Carnet 15.
En 1820 sera créé le nom Iitsu, pè riode plus particulièrement consacrè e aux nishiki-e (estampes en couleurs). Trente-six vues du Mont Fuji est réalisé en 1830-1834. En quelques annè es, Hokusai crée, sous ce nom, ses œuvres les plus cè lèbres, et il concentre son activitè sur la conception de ces estampes du monde flottant (ukiyo-e) qui fascineront tant les Occidentaux.
Il se dè gage des contraintes du genre, et c’est ce qui fait la modernitè de ses grands ensembles comme les Trente-six vues du mont Fuji ou celle des Voyages au fil des cascades des diffè rentes provinces. Contrairement aux usages, ses estampes de paysage ne s’appuient plus sur des sites clairement identifiables, illustrant davantage les mè tamorphoses du motif choisi. La pè riode Iitsu se caractè rise aussi par un regain d’activitè dans le genre du surimono, ainsi que par l’originalitè et la force de ses peintures. Maniant le pinceau et l’encre de Chine avec une grande subtilitè , Hokusai s’impose è galement comme un peintre remarquable.
Il prend en 1834 le nom de GakyoÌ„ RoÌ„jin Manji, (Manji, le Vieil Homme fou de peinture), réalisant de nombreuses peintures, publiant la première partie du livre illustrè Cent vues du mont Fuji, conclusion au trait de toutes ses reprè sentations de la cè lèbre montagne.
Dans la postface, il dè clare vouloir vivre plus de 110 annè es afin de parvenir à son plein accomplissement artistique. Rè affirmè e dans des ouvrages postè rieurs, cela tè moigne de sa totale implication dans son travail. Il s’è loigne progressivement du monde de l’estampe pour se consacrer plus largement à la peinture. Les images du monde flottant, illustrations des mœurs de son temps, disparaissent au profit d’autres thèmes (monde animal, vè gè tal ou sujets religieux). AÌ€ partir de 80 ans, Hokusai indiquera sur ses peintures en général la date prè cise à laquelle elle est rè alisè e. Il décède en 1849.

Katsushika Hokusai (1760-1849) « Longue vue  » Sè rie : Sept manies des jeunes femmes sans è lè gance, FuÌ„ryuÌ„ nakute nanakuse ToÌ„megane. EÌ€re KyoÌ„wa (1801-1804) Estampe nishiki-e, format oÌ„ban 36,5 × 25,4 cm Signature : KakoÌ„ ga. EÌ diteur : Tsuta-ya JuÌ„zaburoÌ„, collection particulière © Galerie Sebastian Izzard LLC
Ce sera vers 1856-1859 que Félix Bracquemond allait découvrir Hokusai Manga, marquant le début de la vogue du japonisme en France. Hokusai est alors dè peint en gè nie absolu par tous les critiques d’art français. Peintres et dessinateurs trouvent dans ses petits dessins saisissants de vie, comme dans les Trente-six vues, un vocabulaire nouveau à è tudier, à copier, à transposer dans leurs propres rè alisations.
L’œuvre de Hokusai se rè vèle d’une inè puisable richesse, au grè de ses frè quents changements d’identitè et de style. L’exposition donne à voir le très large éventail de l’œuvre d’un artiste protè iforme, qui produisait des œuvres par milliers, et dont la qualitè n’avait d’è gale que la diversitè : portraits de courtisanes ou d’acteurs de kabuki, scènes de la vie quotidienne, cartes de vœux raffinè es, illustrations de rè cits et de mythes populaires...
C’est toutefois avec la publication de ses grandes sè ries de paysages qu’il marque le plus profondè ment l’art de l’estampe japonaise. Il rè alise alors, en composant des paysages d’une beautè saisissante, une synthèse originale entre les principes traditionnels de l’art japonais, de l’art chinois, dont il s’est visiblement aussi inspiré, et l’assimilation des influences occidentales.

Katsushika Hokusai (1760 -1849). « Vent du sud, ciel clair [le Fuji rouge]  » Sè rie : Trente-six vues du mont Fuji Fugaku SanjuÌ„rokkei GaifuÌ„ kaisei. Dè but de l’ère TempoÌ„ (vers 1830-1834) Estampe nishiki-e, format oÌ„ban 26,1 × 38,1 cm Signature : Hokusai aratame Iitsu hitsu EÌ diteur : Nishimura-ya Yohachi. Londres, The British Museum © The British Museum, Londres, dist. Rmn-Grand palais / The Trus- tees of the British Museum
L’exposition au Grand Palais
Si le travail d’Hokusai avait déjà fait l’objet de nombreuses expositions, le Grand Palais présentait une monographie d’une ampleur tout à fait inè dite qui surprenait les visiteurs.
Hokusai Manga, l’œuvre-phare d’Hokusai, et véritable anthologie du croquis, faisait l’objet d’une prè sentation inè dite et exceptionnelle au sein de cet événement, qui marquait le bicentenaire de la publication du premier de ses 15 volumes.
L’exposition mettait en lumière la vie et l’œuvre du "fou de dessin" si prolifique qu’était Hokusai, montrant bien davantage que les quelques clichè s et les images les plus répandues.
Dans cette monographie, les six pè riodes de la vie de cet artiste étaient successivement évoquè es, et illustrè es par des sè ries d’estampes (dont les prè‚ts exceptionnels de la collection des Musè es royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles), des livres, mais aussi de nombreuses peintures, pour partie inè dites, ainsi que de prè cieux dessins prè paratoires. Au total plus de 500 pièces exceptionnelles avaient été ainsi rassemblè es.
Qu’il a pu toutefois paraître étrange de visiter le rez-de-chaussée de cette exposition, dans un grand bâtiment si imposant, où, par souci de conservation, la lumière se devait d’être tamisée, et où une majorité des œuvres présentées étaient de petit format. Ambiance quasi religieuse... L’étage en revanche explosait de liberté et de couleurs !
Rè alisè e par la RMN – GP et the Japan Foundation, cette exposition, afin de garantir au mieux la bonne conservation des œuvres les plus fragiles, était dè coupè e en deux volets. Si le propos gè nè ral et le parcours scè nographique restaient les mè‚mes, une centaine d’œuvres avaient été remplacè es en cours d’exposition : les estampes par des è quivalentes, souvent issues de la mè‚me sè rie ; et les peintures sur soie et sur papier interverties avec des œuvres de nature et de qualitè comparables.
Cette opè ration avait nè cessité 10 jours de relâche entre le 21 et le 30 novembre 2014.
Le commissariat de l’exposition était assuré par Seiji Nagata, spè cialiste d’Hokusai et directeur du Katsushika Hokusai Museum of Art, en collaboration avec Laure Dalon, adjointe du directeur scientifique de la RMN – GP.
Hokusai (1760-1849). Du 1er octobre 2014 au 18 janvier 2015 au Grand Palais, entrée Clemenceau. Mè tro Champs-Élysè es-Clemenceau ou Franklin-D.-Roosevelt.
Dans le cas où votre curiosité de l’art du maître Hokusai n’aurait pas été complètement satisfaite par ce que ce que le Grand Palais vous offrait dans cette formidable exposition aux 500 œuvres, vous pouvez encore voir le versant érotique de ce pédagogue boulimique de travail et de ce fou de dessins en visitant l’article d’une exposition qui s’était tenue à la Pinacothèque L’Art de l’amour au temps des geishas. Les chefs-d’œuvre interdits de l’art japonais d’Utamaro à Hokusaï et Hiroshige, du 6 novembre 2014 au 15 fè vrier 2015.
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Vous retrouvez comme chaque année dans LES GRANDES EXPOSITIONS 2016 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14
Dans CALENDRIER 2016 des grandes expositions à Paris ces mêmes expositions sont classées par dates.
Dans la série Toutes les expositions 2016 dans les plus grands musées de Paris... lire également :
Au musée du Louvre, au Centre Pompidou, au Grand Palais, au musée d’Orsay, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Jeu de Paume, au Palais de Tokyo, à la Bibliothèque nationale de France, au musée du Quai Branly, au musée des Arts décoratifs, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain.
Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez être amenés à apporter à ces programmes.
Nous vous indiquons chaque semaine les nouveautés, les expositions qui fermeront bientôt leurs portes, et... nos préférences, car on ne se refait pas : Paris Expos Hebdo : Nouveautés, Conseils, Derniers Jours.
Contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous établissons, au fur et à mesure de leur publication, notre sélection des catalogues d’expositions 2016 de Paris, comme nous l’avons fait les années précédentes : 2015, 2014, 2013, 2012.
Le catalogue d’Hokusai a fait partie de la sélection CatalPa de l’année 2014.
Vous pouvez consulter quelques dizaines de présentations d’artistes, classées de A à Z.
Nous vous proposons aussi une sélection de musées et d’expositions dans les villes françaises suivantes, que nous nous efforçons de tenir assez régulièrement à jour :
– Angoulême - Arles - Avignon - Bordeaux - Dijon - Grenoble - Ile-de-France - Lens - Lille - Lyon - Marseille - Metz - Montpellier - Nantes - Nice - Ornans - Rennes - Rodez - Rouen, Le Havre - Saint-Étienne - Strasbourg - Toulouse - Tours
Et juste des musées et expositions temporaires pour quelques villes étrangères : Amsterdam, Berlin, Bâle, Bruxelles, Genève, Londres, Madrid, Milan, et Venise.
André Balbo
sources : Visite, RMN-GP