Accueil > Paris > 8ème Arrondissement > Guide Paris 8e > Se promener, Paris 8e > L’hôtel Alexandre par Etienne-Louis Boullée
L’hôtel Alexandre par Etienne-Louis Boullée
mercredi 23 novembre 2011, par
Alors qu’il est considéré comme l’architecte français le plus représentatif du néo-classicisme français avec Claude-Nicolas Ledoux, Etienne-Louis Boullée (1728-1799) n’a pas eu de chance avec son oeuvre bâtie censée rester pour la postérité : en effet, la quasi totalité de son oeuvre construite a été détruite, à l’exception de l’hôtel du financier Alexandre, situé dans le 8e arrondissement de Paris.
Mais faisons d’abord un tour d’horizon de son parcours et de son oeuvre, dont heureusement les projets réalisés ou non réalisés nous sont connus par les plans et élévations sur papier qui subsistent.
Fils d’un géomètre, il étudie l’architecture sur les recommandations de son père alors qu’il désirait être peintre, et suit l’enseignement de Blondel et Boffrand. Devenu architecte, il exerce avant de devenir membre de l’Académie Royale d’Architecture en 1762 et devient même architecte de Frédéric II de Prusse, souverain féru de tout ce qui était français. Professeur à l’École Nationale des Ponts et Chaussées entre 1778 et 1788, Boullée se fait alors connaître comme théoricien.
Sa "marque de fabrique" est un style géométrique propre, inspiré par les formes classiques et caractérisé par la suppression de toute ornementation superflue : il imagine un cénotaphe pour Isaac Newton en forme de sphère (voir illustration ci-dessus), ou encore des bâtiments en forme de cube ou de pyramide. Il imagine souvent des oeuvres monumentales, hors d’échelle, comme un projet d’une Métropole (basilique) ou de Palais de Justice, et n’hésite pas à recourir à la répétition en très grand nombre d’éléments tels que les colonnes. Enfin, il est également un des premiers à s’intéresser à l’ombre et la lumière dans l’architecture (il dessine des élévations diurnes et nocturnes), très en avance sur son temps. Son oeuvre a d’ailleurs été redécouverte au XXe siècle et continue d’inspirer des architectes contemporains, tel Aldo Rossi. Parfois taxé de mégalomanie, son travail produit le plus souvent une impression de majesté censée inspirer le respect au citoyen, tout en suggérant la puissance de l’univers.
C’est au n°16 rue de la Ville l’Évêque, à côté de la Madeleine, que subsiste sa seule oeuvre parisienne non détruite, l’hôtel Alexandre, également connu sous le nom d’hôtel Soult, car le Maréchal de Napoléon l’occupa de 1802 à 1818. Aujourd’hui abrité par une verrière (qui hélas écrase son volume), l’édifice ne manque pas d’intérêt, même s’il reste une de ses oeuvres de jeunesse. Daté de 1763, il annonce d’ailleurs le Petit Trianon réalisé de 1762 à 1768 par Jacques-Ange Gabriel pour Madame de Pompadour à Versailles. D’une grande sobriété, sa façade sur cour est uniquement animée par des consoles au-dessus des ouvertures, oculiformes, au niveau du premier étage traité en attique. 4 colonnes ioniques soutiennent sa partie centrale, non en portique comme souvent mais à l’aplomb de la façade. Sur le jardin, l’architecte a traité la façade avec des pilastres colossaux. Occupé par des bureaux, l’hôtel est tout à fait visible de la rue en semaine.
Pendant la Révolution française, dont il épouse les idées, Boullée propose des projets à la Nation, dont un projet d’Académie nationale des Arts (1791), ou encore un projet de Palais national (1792). En 1793, il lègue ses dessins et ses manuscrits à la Nation, aujourd’hui conservés à la Bibliothèque nationale de France. Il s’éteint en 1799.
Parmi ses oeuvres construites mais détruites, on peut citer :
– l’hôtel de Brunoy (1774-1779, rue du Faubourg-Saint-Honoré.
– l’hôtel de Thun (1771), à la Chaussée d’Antin.
– les Hôtels de Montville (1764) rue d’Anjou
– le château de Chaville (1764)
Parmi ses projets non réalisés, il faut notamment rappeler :
– un projet pour l’église de la Madeleine (1771-1781).
– un projet fort intéressant de reconstruction de l’Opéra de Paris (1781), illustré ci-dessus.
– un projet de basilique à l’Être Suprême (1781), baptisée Métropole.
– un projet pour le Palais de Justice (1782).
– un projet de cénotaphe à Isaac Newton (1784)
– un projet pour le Palais de Justice (1782)
– un projet pour la Bibliothèque nationale (1785)
– un projet de Palais national (1792)
Franck Beaumont
Adresse & Carte, horaires, numéro de téléphone
16 rue de la Ville l’Évêque