Situé dans la continuité du célèbre Passage des Panoramas (1799), le Passage Jouffroy lui fait face, de l’autre côté du boulevard Montmartre. Il se trouve dans le quartier des "Grands Boulevards", très en vogue à la fin du XXème siècle, notamment grâce au Théâtre des Variétés.
Édifié sur les anciens jardins de l’hôtel d’Augny (actuelle mairie), il est l’œuvre de l’architecte François Destailleurs.

C’est l’un des passages parisiens les plus remarquables d’un point de vue architectural. Au moment de sa construction, les avancées techniques ont permis l’emploi systématique du fer remplaçant le bois dans l’élaboration de la structure. La verrière convexe constitue un autre élément novateur. Les surfaces vitrées prennent le pas sur les éléments décoratifs : le passage Jouffroy annonce en ce sens l’architecture des vitrines des grands magasins qui verront le jour dans la deuxième moitié du XIXe siècle (Bon Marché, Samaritaine, Printemps).
Le passage Jouffroy compta, et compte encore, plusieurs établissements célèbres. Sur le boulevard Montmartre, on identifie l’ancien hôtel de la Terrasse Jouffroy, situé au-dessus du passage, qui prendra en 1868 le nom
d’ hôtel Ronceray. Il fut construit à l’emplacement de l’ancienne ambassade de Turquie (détruite en 1836) où le célèbre compositeur Rossini, directeur du Théâtre-Italien, loua un appartement de 1824 à 1829.
L’un des premiers cafés chantants de Paris, l’Estaminet Lyrique y fut ouvert en 1848. On venait y écouter le chanteur Darcier interprétant les textes du poète-chansonnier Pierre Dupont.
Au n°34, une façade insolite surmontée de bois d’élan abrite une des plus belles boutiques parisiennes : celle des frères Segas, spécialisés dans les cannes anciennes. Le décor de miroirs et de rideaux rouges rappelle le XIXe siècle. Pour en savoir plus, cliquez ici.
Du n°48 au n°62, l’ancienne librairie Paul Vulin étale sa longue devanture de livres d’arts neufs à prix d’occasion.
Enfin, bien qu’il ait une sortie dans le passage Jouffroy, le musée Grévin (entrée au n°10 boulevard Montmartre) n’est pas son contemporain : il fut inauguré en janvier 1882, mais redonna au passage un regain d’intérêt à une époque où les passages couverts étaient déjà passés de mode.
Source : Guide du Promeneur Paris 9e.