Accueil > Paris > Vivre à Paris > Débats à Paris : vos questions > Danielle Simonnet vous répond : "Hidalgo est la candidate de l’austérité, (…)
Danielle Simonnet vous répond : "Hidalgo est la candidate de l’austérité, moi je m’y oppose !"
vendredi 13 mars 2020, par
Le Parti de gauche a désigné le 21 mai sa secrétaire nationale Danielle Simonnet comme candidate à la mairie de Paris. La ligne maison : aucune alliance avec le PS possible. Cette ligne de conduite met le PCF, l’autre composante du Front de gauche, face au mur : le parti communiste n’a pas encore décidé s’il fera équipe avec le PS aux municipales 2014... Vous avec posé des questions à Danielle Simonnet. Elle vous répond !
Béatrice Guillemot : Qu’est-ce qui fait vraiment la différence entre Hidalgo et vous ?
Danielle Simonnet, candidate du Parti de gauche à la mairie de Paris : Hidalgo est une candidate qui s’inscrit dans le soutien aux politiques du gouvernement en faveur de l’austérité, alors que je suis la candidate qui s’y oppose. J’ai été élue en 2008, j’étais en effet au Parti socialiste. Mais à la gauche du parti ! Cependant, depuis 2008, j’ai voté différemment des socialistes à de nombreuses reprises. Surtout, nous sommes à une période politique très particulière. La droite n’est plus au pouvoir. Pour un Parisien, le PS dirige la ville, la région, l’Assemblée nationale, le Sénat, le gouvernement, la présidence de la République… Or depuis que Nicolas Sarkozy a été battu dans les urnes, les mêmes politiques se poursuivent. Hidalgo se soumet à la logique de l’austérité. Celle-ci se traduit très concrètement dans la politique municipale. Un exemple : les années précédentes Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo réclamaient la dette de l’État envers la Ville de Paris. Ils s’opposaient au fait que les Parisiens en pâtissent, du fait du transfert des charges sans les moyens. Or ils ont décidé depuis le changement de locataire de l’Élysée d’effacer l’ardoise. Et dans le budget voté en décembre dernier, ils ont de fait décidé de se soumettre à la baisse des dotations de l’État aux collectivités. Ils revendiquent être l’une des villes ayant le moins recours à l’emprunt. Or je pense que pour sortir de la récession, il faut viser la relance de l’activité utile socialement et responsable écologiquement. Au niveau de Paris, cela se traduit par une politique bien plus ambitieuse en termes de logement social, de services publics et en termes d’effectifs.
IMMOBILIER
Évous : Sur cette question du logement, comptez-vous mettre en place le blocage des loyers qui avait été évoqué lors de l’élection présidentielle ?
D. Simonnet : Nous, nous sommes non seulement pour le blocage mais aussi pour l’encadrement à la baisse des loyers. Paris doit résister à la spéculation immobilière. Il faut ouvrir beaucoup plus de logements sociaux, et non seulement au nord et à l’est de Paris. Mais il faut aussi agir sur la question des loyers du parc privé. Sinon les listes d’attente du logement social ne désemplissent pas.
SES CHANCES AUX MUNICIPALES
Ju : Au deuxième tour, appellerez-vous à voter pour Hidalgo contre NKM ?
D. Simonnet : Il y a un premier tour et personne ne sait qui sera en tête dans les arrondissements ! Après, il est évident que nous souhaitons battre la droite et l’extrême droite. Mais je ne crois pas au retour de la droite à Paris. Maintenant, qu’Anne Hidalgo fasse attention à ses déclarations ! Si elle entend gouverner Paris avec le Modem qui est un parti de droite, elle va continuer durablement à diviser la gauche.
Évous : Avez-vous espoir de peser dans des arrondissements spécifiques ?
D. Simonnet : Je suis une élue du 20e et je vois depuis l’annonce de ma candidature une très forte attente des Parisiens du 20e et des responsables associatifs pour qu’il y ait un véritable changement dans cet arrondissement. Car la mandature qui se clôt s’est soldée par une dégradation de la vie dans cet arrondissement qui reste très populaire et une dégradation de la démocratie participative.
TRANSPORTS
Marc Soulhol : Es-tu favorable aux transports publics gratuits ?
D. Simonnet : Cela doit être un objectif puisque c’est une mesure qui répond à la fois à des problématiques environnementales et sociales. Est-ce possible du jour au lendemain dans une ville comme Paris et dans la région Ile-de-France ? Evidemment non. Il y a des mesures intermédiaires à porter. Nous nous sommes ainsi battus contre la fin de la gratuité de la carte Emeraude. Nous avons réussi à sauver la gratuité pour les revenus en dessous du seuil de pauvreté. On a évité le pire ! Nous estimons qu’il faut d’urgence rétablir la gratuité au moins pour tous les revenus inférieurs ou égaux au Smic et pour tous les jeunes de moins de 25 ans. On souhaite enfin l’instauration d’un tarif unique calé sur le forfait zone 1-2. Paris doit soutenir une conception solidaire de l’Ile-de-France. Nombre de Franciliens ne choisissent pas d’habiter loin de la capitale du fait des loyers trop élevés. Il n’est pas juste qu’ils aient à payer des frais de transports exorbitants pour aller travailler. Il en va de même pour nombre de Parisiens qui travaillent loin de leur domicile. Il est urgent de repenser complètement l’aménagement du territoire parisien et francilien afin de réduire les distances domicile-travail. C’est un enjeu social et écologique !
aZRIA : Vous proposez beaucoup : gratuité, gratuité, nouveaux services publics... Et comment vous financez ?
D. Simonnet : Exemple : nous défendons la gratuité des premiers m3 d’eau qui sont indispensables à la vie. L’eau est un bien commun universel et non une marchandise. Nous faisons donc une distinction entre les différents usages. La tarification doit être différente pour les entreprises, quand l’eau entre de fait dans le chiffre d’affaires ou en cas de surconsommation d’eau. Par ailleurs, le financement de nos services publics doit correspondre à une nouvelle logique budgétaire, en faisant appel à l’emprunt, notamment via la BPI (banque publique d’investissement). Celle-ci devrait devenir une réelle banque publique issue de nationalisation, pouvant emprunter directement à la BCE (banque centrale européenne) et prêter aux collectivités à taux zéro ou très faible afin de permettre à ces dernières de s’émanciper des marchés financiers et de leurs agences de notation. Les questions municipales sont étroitement liées aux questions nationales et européennes !
TOUR TRIANGLE
Christian Jeannot : Que pensez-vous de l’opportunité de construire une tour (Tour Triangle) 180 mètres de hauteur, 42 étages de bureaux à la place du Hall N° 1 du parc des expositions de la porte de Versailles alors que nous manquons cruellement de logement sur Paris ?
D. Simonnet : Je suis totalement opposée à ce projet antisocial et anti-écologique. Nous devons prendre conscience que nos ressources naturelles sont "finies" et non inépuisables. L’exigence de la sobriété énergétique est aussi essentielle que le développement des énergies renouvelables. Nos préoccupations écologiques nous indiquent qu’il ne faut plus construire de bâtiments consommant plus de 50 kWh par m2 et par habitant. Or les tours de 180 m de hauteur consomment plus de 180 hWh par m2 et par an… Elles sont une aberration écologique. En outre, le projet de la Tour triangle va à l’encontre de la modernisation du parc des expositions de Versailles qui a besoin d’être modernisé et agrandi. Pour finir, c’est un cadeau à un gros promoteur-spéculateur, Unibail, le tout voué à des bureaux dans un arrondissement où nous manquons cruellement de logements sociaux ! C’est aberrant ! J’ai voté contre ce projet en Conseil de Paris et je suis impliquée dans le collectif qui a été instauré contre cette tour.
REDÉCOUPAGE ÉLECTORAL
Claude Domec : Pensez-vous qu’il faudrait élire le maire au suffrage universel direct ? Ça pourrait être un plus pour la démocratie... Allez-vous vous opposez au charcutage électoral du PS ?
D. Simonnet : On voit que NKM a essayé de faire le buzz. Déjà il faut rectifier l’historique. La droite a commencé par batailler contre le redécoupage électoral à Paris parce que celui-ci visait à rééquilibrer l’élection des conseillers de Paris en fonction de la démographie par arrondissement. Ce qu’ils ont obtenu du conseil constitutionnel, c’est certes de casser le projet mais pas dans le sens qu’ils souhaitaient. Ils voulaient conserver leur nombre d’élus UMP dans les arrondissements bourgeois et centraux de la capitale. In fine, le conseil constitutionnel a demandé de revoir le rééquilibrage électoral en tenant compte des évolutions démographiques dans les gros arrondissements. Cela désavantage l’UMP, alors ils surfent sur une polémique en demandant l’élection du maire de Paris au suffrage universel. Je ne suis pas tour la présidentialisation des municipales parisiennes. Je suis pour une VIe République. Cela se décline aussi sur le fonctionnement municipal. Pourquoi ne pas oser la proportionnelle et sortir du bipartisme ? Et bien d’autres avancées démocratiques au service de l’implication citoyenne sont à l’impulser ! Mais l’attachement au bipartisme de NKM ne l’amène pas dans ce sens-là.
Posez vos questions à Danielle Simonnet, candidate du Parti de gauche à la mairie de Paris (article du 13 juin 2013)
QUI EST DANIELLE SIMONNET ?
Conseillère d’orientation psychologue, Danielle Simonnet fait désormais partie du paysage politique de Paris. Membre des secrétaires nationaux du Parti de gauche, le parti de Jean-Luc Mélenchon, elle est surtout connue dans la capitale comme l’une des figures œuvrant à la gauche du PS. Elle partage ce champ médiatique avec Ian Brossat (PCF) et Alexis Corbière (Parti de gauche).
Son ancrage local ? Le 20e arrondissement où elle fut nommée adjointe au maire PS, Michel Charzat, en 2001. C’est là qu’elle a été élue conseillère de Paris en 2008. Elle a aussi pu y tester son potentiel électoral en 2012, lors des législatives. Candidate dans la 6e circonscription, elle recueille 16,29% des voix, loin derrière Cécile Duflot mais au coude à coude avec l’UMP Jack-Yves Bohbot (18,30%). Ce fut le meilleur score du Front de gauche à Paris lors des législatives.
QUESTIONS-RÉPONSES
Posez dès aujourd’hui vos questions à Danielle Simonnet, en commentaires. Nous publierons les réponses de Danielle Simonnet jeudi 20 juin 2013.