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Expo Berlin, l’effacement des traces 1989-2009

mardi 10 novembre 2009, par Christian Frank

Exposition jusqu’au 31 décembre 2009.

A l’occasion du 20e anniversaire de la chute du Mur de Berlin, le trop peu connu Musée d’Histoire Contemporaine propose une passionnante exposition sur le Mur de Berlin, et l’effacement des traces de l’ancien Berlin-Est dans la refonte du nouveau Berlin.

Les commissaires de l’exposition se sont appuyés sur des travaux d’artistes (photographies de Jean-Claude Mouton et de Bernard Plossu, oeuvres de tageurs) pour revisiter le passé de Berlin et mettre en évidence l’amnésie qui s’y est opérée depuis 20 ans : petit à petit, les traces physiques de la DDR et du mur ont disparu, comme s’il était pensable d’effacer, pour ses anciens habitants, leurs racines, leurs repères et leur culture. Ainsi, les noms de certaines rues de Berlin-Est ont été rebaptisées ; le mur a quasi disparu du paysage (parfois des lignes au sol rappellent son emplacement), sauf à 3 endroits encore visibles aujourd’hui (East Side gallery, Bernauerstrasse, et Niederkicherstrasse). Le monument autrefois dédié aux victimes du fascisme est devenu le méorial des victimes des guerres et de la violence... Même l’emplacement du bunker de Hitler, autrefois situé sur la zone interdite entre les deux Berlin, et dont l’entrée avait été bouchée (faute de pouvoir le détruite, tellement le béton était solide), n’est plus identifiable.

Mais l’installation photographique, visible dans la dernière pièce, est sûrement l’élément le plus marquant de l’exposition : la lente destruction du Palais de la République, inauguré par Honnecker en 1976, a eu lieu ces dernières années malgré la protestation d’un grand nombre de berlinois. Cathédrale de verre, de béton et de métal (et hélas, d’amiente !), ce mastodonte situé au bord de la Spree était le symbole même du pouvoir communiste, surnommé "Le magasin de luminaire de Honnecker" par ses habitants. Volonté politique de faire table rase d’un passé trop encombrant, le palais a d’abord été désamianté, puis systématiquement démonté, et le lieu est promis à la reconstruction (inutile ?) à l’identique de l’ancien palais des Hohenzollern détruit pendant le communisme. Sur les images du démontage de ce lieu mythique qui fut le coeur de la culture est-berlinoise, viennent se superposer des voix de berlinois qui s’expriment à son sujet : "le palais assassiné", "c’était le lieu d’amusement du peuple", "les politiciens changent le sens de l’Histoire", ou encore "Ca n’est pas démocratique, la majorité est contre"...

Enfin, dans une installation constituée de photographies, d’ affiches de publicité, de pochettes de disques, et d’objets de consommation, l’exposition aborde la vie quotidienne des allemands de l’Est, en nous montrant ce qui fut leur quotidien, souvenirs auxquels ils restent fatalement attachés.

Certes, on peut se réjouir de la résurrection de Berlin en tant que grande capitale, avec des projets architecturaux titanesques, comme la Potzdamer Platz ou la HauptBahnof, mais pour autant, l’effacement d’une partie de la mémoire collective des habitants de la ville est, me semble-t-il, tout à fait regrettable.

Le Musée d’ Histoire Contemporaine dispose d’un espace d’exposition à l’intérieur des Invalides. Entrez par l’esplanade des Invalides et prenez la galerie de gauche au rez-de-chaussée ; le musée est au bout dans l’angle. Il ne dispose pas de collections permanentes, mais organise régulièrement des expositions temporaires. Le lieu n’est pas vaste mais les sujets traités valent le déplacement.

Ouvert du mardi au dimanche de 12h30 à 17h30.

Informations pratiques
Du mardi au dimanche, de 12h30 à 17h30.
Fermeture : le lundi, les 1er, 11 et 25 novembre et le 25 décembre.
Tarif plein : 5 euros. Tarif réduit : 3 euros. Gratuit pour les moins de 18 ans.
Visites guidées par Sonia Combe, commissaire de l’exposition : les 4 et 10 novembre ; les 3, 8, 15, 22 et 31 décembre 2009 à 14h.

Autour le l’exposition

 Concert / dimanche 15 novembre / 15 h -16 h 30
Dans le cadre du Festival des musées du VIIème
Organisé par l’association Musées en accord interprétation par Antonina Zharava des oeuvres de Bach pour violoncelle seul, Suite N° 3 en Do majeur et de la Sarabande de la suite N° 2 en Ré mineur. Ces morceaux furent joués par Rostropovitch lors de la chute du Mur.

 Projections :
Dans le cadre du Mois du film documentaire
Cycle de projection de films documentaires
 7 novembre à 20 h : Les garçons de la Rykestrase
de Dominique Treilhou, 2008
 13 novembre à 19 h : ICH BIN EIN BERLINER
de Joseph Morder, 1998
 25 novembre : Inventaire avant fermeture. Dernier été en RDA
de Bernard Mangiante, 1990.