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Les endives de Proust

mardi 22 octobre 2013

De Vuillard à Proust, la salade d’endives du déjeuner du samedi midi dans la France de la fin du XIXème siècle.

C’est ainsi que tous les samedis, comme Françoise allait dans l’après-midi au marché de Roussainville-le-Pin, le déjeuner était, pour tout le monde, une heure plus tôt. Et ma tante avait si bien pris l’habitude de cette dérogation hebdomadaire à ses habitudes, qu’elle tenait à cette habitude-là autant qu’aux autres.

Elle y était si bien « routinée », comme disait Françoise, que s’il lui avait fallu un samedi, attendre pour déjeuner l’heure habituelle, cela l’eût autant « dérangée » que si elle avait dû, un autre jour, avancer son déjeuner à l’heure du samedi. Cette avance du déjeuner donnait d’ailleurs au samedi, pour nous tous, une figure particulière, indulgente, et assez sympathique. Au moment où d’habitude on a encore une heure à vivre avant la détente du repas, on savait que, dans quelques secondes, on allait voir arriver des endives précoces, une omelette de faveur, un bifteck immérité.

M. Proust, Du côté de chez Swann, Combray

Edouard Vuillard a peint cette salade ... d’endives peut-être, en 1887-1888. On peut la voir au Musée d’Orsay. Contemporain de Marcel Proust, le peintre nabi a peint des natures mortes inspirés de la vie quotidienne. Ici, on imagine aisément le bruit de la cuisine où se prépare le déjeuner, le couvert qui va bientôt être mis, les va-et-vient précédents le déjeuner. Au nombre d’assiettes posées sur la table, nombreux sont les convives. Une envie d’en être !