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DERNIERS JOURS de l’exposition sur les représentations artistiques de la toilette du XVe siècle à nos jours

samedi 26 novembre 2016,    Expositions

Du 12 février au 5 juillet 2015, les évolutions de l’intimité en Occident dans la peinture et les arts au cours de l’histoire, de la toilette sociale en public, jusqu’aux moments intimes du soin, de l’abandon, et du moment à soi des temps modernes... envahi par la cosmétique.


Une centaine d’œuvres (estampes, tenture, peintures, sculptures, photographies, gravures, images animées) annoncent et décrivent l’apparition et la pratique de la toilette, l’évolution de ses rituels corporels, et bientôt la création d’un espace domestique individuel qui lui sera dédié dans nos sociétés.

Alors que ce lieu se ferme progressivement, que l’on pense que des gestes s’y inventent, que la femme et l’homme libèrent le moment nécessaire pour se consacrer à leur toilette, le thème semble séduire les arts par le naturel de sa relative nouveauté, au point que les artistes s’y immiscent dans une presque bousculade indiscrète à la fin du XIXe siècle, dont les modèles et prostituées font en général l’objet.

Une occasion peut-être aussi d’aborder différemment le nu, voire d’inventer le nu moderne. Ou peut-être encore le produit de la dichotomie radicale qui sépare la nature du regard que l’homme porte vers sa propre femme, qu’il ne voit ou ne regarde pas (Bonnard aura-t-il été une exception ?), et celui concupiscent qu’il dirige vers les femmes vénales dont le métier est justement de laisser deviner ou de se mettre publiquement en scène.

La représentation de la toilette au XXe siècle marque un réel tournant puisqu’elle permet aux avant-gardes de rendre compte, par des formes déstructurées, de souffrances intimes et collectives. Et de nos jours, notre époque s’interroge sur l’incroyable promiscuité qui peut naître entre intimité et exhibition.

Il y eut dans l’histoire de l’art les bains prétextes servant à offrir à nos regards ce que la nudité avait de pur, beau, rare, pudique et de secret : la Suzanne au bain de Tintoret ou la Bethsabée de David.

L’exposition commence d’ailleurs par une peinture anonyme de l’école de Fontainebleau du XVIe siècle, où la toilette de la Vénus au miroir manque totalement, dans ses gestes, de crédibilité, mais permet d’exposer la beauté d’un corps nu idéalisé que seul habille le fait que ce personnage féminin soit tiré de la mythologie. La gestuelle de la toilette est malicieusement ajoutée par un diaporama voisin de photos de Muybridge qui décomposent l’acte en une danse circulaire, répétitive et éternelle.

Pays-Bas du Sud. Le Bain, tenture de la vie seigneuriale. Vers 1500. Laine et soie. 285 x 285cm. Paris, musée de Cluny. Musée national du Moyen Age © RMN-Grand Palais (musée de Cluny - musée national du Moyen-Âge) / Franck Raux

Une splendide tenture prêtée par le musée de Cluny, datée de 1500, montre un bain "Scène de la vie seigneuriale", dans un décor on ne peut plus ouvert, où la nudité féminine est exposée aux musiciens, servantes, hommes et petits oiseaux qui passent dans le jardin.

Que nous montrent les tableaux suivants ? Des "relevailles", peut-être des préparatifs à rencontres de maîtresses royales hiératiques, où, dans les profondeurs de la perspective des toiles, une accorte domestique porteuse de grande cruche alimente le bain.

Puis il y eut cette méfiance pour les ablutions, pour l’eau même, par peur de la syphilis ou de la peste probablement, ou quand on pensait que la peau était perméable, quand la toilette, que l’on pourrait appeler "sèche", s’entendait davantage dans l’apprêt, le parement, le vêtement, le fard, le bijou et la coiffe.

"Aucune présence de l’intime tel que nous l’entendons aujourd’hui. La femme se farde, s’arrange, s’habille devant d’autres, même si, bien sûr, elle ne dévoile en rien sa nudité, dernier rempart de son intimité."

L’eau sera absente, au XVIIe siècle, des coquettes se préparant devant leur miroir. Sont-elles de la noblesse ou bourgeoises ? Elles travaillent leur apparence quand la toilette devient à la fois le meuble, ce lieu qui se clôt un peu, l’apprêt, et par extension les étoffes. Ne disait-on pas porter toilette ?

Georges de La Tour. La Femme à la puce, 1638. Huile sur toile 121 x 89cm. Nancy, musée Lorrain © RMN-Grand Palais / Philippe Bernard

La peinture du XVIIe offre aussi quelques servantes surprises de façon réaliste, dans des indiscrétions qu’on ne retrouvera qu’à la fin du XIXe avec des femmes "de peu" une fois encore, comme cette formidable toile de Georges de La Tour, La Femme à la puce, où l’autre rôle principal, la puce, a une position très inconfortable mais bien visible sur le tableau entre deux ongles vengeurs.

Il faudra attendre le XVIIIe pour que la scène se privatise, que l’usage de l’eau demande une plus grande discrétion (apparition des pédiluve et bidet). Et, même dans la phase de l’ajustement et de l’apprêt, nulle autre présence que celle de la domesticité ne sera acceptée dans l’élite sociale.

En revanche, l’indiscrétion cultivée à la marge fait sujets : scènes surprises par "mégarde", voyeurisme souligné, portes entrebâillées et transparences... licence et trivialité.

Au XIXe siècle, alors que la présence d’autrui à la toilette n’est plus de mise du fait de l’évolution des mœurs, les peintres abandonnent le mode libertin parfois résolument grivois des Lumières pour tenter de se faire admettre ou de s’imposer à représenter cette intimité nouvellement valorisée.

Théophile Alexandre Steinlen. Le bain, 1902. Pastel, 49,5 x 64,6cm. Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne / J.-C. Ducret, Acquisition 1936 © Musée cantonal des Beaux-arts de Lausanne

L’irruption du privé et du secret apporte paradoxalement une nouvelle échelle de valeur à la représentation de la nudité. Le nu académique au corps parfait et à la gestuelle gracieuse et harmonieuse perd de son humanité devant celui tout prosaïque et quotidien dont on renforce même par de multiples détails la proximité par des gestes, des serviettes et éponges, et la présence domestiquée de l’eau, qui devient, dans les grandes villes, "courante".

"Les gestes sont neufs, quelquefois brusques, sans l’élégance, non plus, des poses traditionnelles, et, évoquant humeurs et odeurs, ils dégagent une sensualité plus animale. Le décor, celui, intime de la chambre ou du cabinet de toilette encombré de brocs et de bassines, est trivial, et « moderne » pour cela."

Eugène Lomont. Jeune femme à sa toilette, 1898. Huile sur toile, 54 x 65cm. Beauvais, Musée départemental de l’Oise © RMN Grand Palais / Thierry Ollivier

Degas innove dans la représentation de la toilette par la multiplicité des poses de ses modèles comme par les angles originaux de ses tableaux. La femme, dans l’immense majorité des cas, va jusqu’à lever le bras et s’essuyer l’entre-jambes !

Sur un tel sujet, et cela à travers les siècles, il paraît évident que les personnages féminins ont toujours été préférés, et cela dans des proportions écrasantes, aux hommes. Ne serait-il pas honnête de s’en offusquer ?

Au début du XXe siècle, la représentation du bain où l’on s’immerge dominera avec l’intimité de réflexion voire de méditation, l’abandon même, qui peuvent l’accompagner, comme le montre les nombreux tableaux que Bonnard a pu faire de sa compagne Marthe. "La salle de bain devient refuge contre le monde, la toilette, un temps où le temps n’existe plus."

Pierre Bonnard, Nu dans la baignoire. Aquarelle et gouache sur papier, 23,5 x 31,5cm. Collection particulière, courtesy Galerie Bernheim-Jeune, Paris © Galerie Bernheim-Jeune, Paris / Christian Baraja – ADAGP, Paris 2015

Puis vinrent Cézanne, Gromaire, Lam, et Picasso, cet observateur avide expérimentateur du modèle du corps de la femme : l’intimité de la toilette pouvait-elle survivre à l’exploration graphique ? Comment transmettre les émotions et la sensualité d’un corps ou d’une situation ?

Dans ce texte, les citations entre guillemets sont des commissaires de l’exposition, Georges Vigarello et Nadeije Laneyrie-Dagen. Notre curiosité a été mise en éveil par leur présentation tant du sujet que de l’événement, qui est de fait passionnant... même si, fatalement, la spécificité du lieu encombre, même s’ils sont beaux, d’un peu trop de tableaux du XIXe qui empâtent ce moment du propos et le ralentissent.

L’enquête policière sur un tel sujet fait porter un autre regard à des tableaux où l’on cherchera des indices et des éléments de compréhension.

De nos jours, avec les soucis d’environnement, de gestion des ressources et d’économie, la gestion de notre temps et de notre corps ayant évolué, la douche semble avoir gagné contre la baignoire la bataille de la toilette. Que nous en montreront nos artistes contemporains ?

Puis du moderne, l’invasion de la cosmétique avec Erwin Blumenfeld et Bettina Rheims, et cette assurance hautaine affirmée même (surtout ?) dans la nudité, de la sérigraphie d’Alain Jacquet (Gaby d’Estrées), qui bizarrement fait boucle et rejoindrait presque, malicieusement, dans son propos les tout débuts du parcours de l’exposition.

Une exposition au sujet original, bien illustrée, avec les quelque épices attendues et obligées des ovales des Lumières de Boucher.

La Toilette, naissance de l’intime, du 12 février au 5 juillet 2015, au musée Marmottan Monet, 2, rue Louis-Boilly 75016 Paris, www.marmottan.fr, métro La Muette, RER Boulainvilliers, bus 32, 63, 22, 52, PC. Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 21h. Fermé le lundi, les 25 décembre, 1er janvier et 1er mai. 11 ou 6,50€. Gratuit aux moins de 7 ans.

***

Vous retrouverez dans l’article Les Grandes Expositions 2015 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans Calendrier 2015 des grandes expositions à Paris, ces mêmes expositions sont classées par dates.

Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez apporter à ces programmes.

Nous vous indiquons chaque semaine les nouveautés, les expositions qui fermeront bientôt leurs portes, et... nos préférences dans : LA SEMAINE des expositions et musées : que faire à Paris du....

Enfin, contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer.

Comme les autres années (2014, 2013, 2012), nous établissons au fur et à mesure notre sélection dans l’article Paris 2015 : LES MEILLEURS CATALOGUES d’expositions de Paris.

Celui de cette exposition en fait partie.

Nous vous proposons aussi une sélection d’expositions et de festivals dans les villes françaises suivantes :
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De même nous avons commencé :
Les Grandes Expositions 2016 à Paris de A à Z
Calendrier 2016 des grandes expositions à Paris
peuvent déjà être consultés sur Évous.fr... et complétés, si vous disposez de plus d’informations que nous !

Et juste quelques musées et expositions pour Bruxelles, Genève, Bâle, Amsterdam, Londres, Madrid, Milan, et Venise.

André Balbo

sources : Visite, Marmottan-Monet, Georges Vigarello, Nadeije Laneyrie-Dagen

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samedi 26 novembre 2016,    Expositions