Doria Salambô, un univers de la mode à découvrir

A l’occasion des soldes redécouvrons Doria Salambô

Doria Salambô, une styliste française qui travaille dans les 10e et 11e arrondissements, un show room près de République et une boutique à Bastille pour découvrir ses créations. Un univers féminin à la ligne épurée qui s’entoure d’imprimés et de motifs aux influences du monde.

Doria, -une femme douce et charmante qui travaille avec son mari Bruno -, vous accueille. Un couple complémentaire, une belle histoire qui continue au-delà des tempêtes et des épreuves, à la recherche de l’authentique, une passion. Une aventure qui ne s’est jamais arrêtée. Une petite entreprise artisanale avec trois ou quatre salariés. Elle me fait découvrir son univers : la lumière pénétrant par les fenêtres éclaire l’atelier des créations, quelques croquis et tissus ça et là sur la table des idées. Des vêtements suspendus et enveloppés laissent deviner des motifs, des secrets du monde. Le tissage si rare à trouver ici aujourd’hui, la broderie et les perles sous les transparents. Et puis le long des pièces du show room, des rouleaux, des rouleaux… encore… une poésie. Ces fameux rouleaux si précieux, qui vont être découpés et devenir le rêve. Je regarde. Ces rouleaux évoquent tellement de choses. Doria m’offre un café, nous discutons, elle nous raconte…

– Entretien avec Doria Salambô -

Doria votre marque, c’est une histoire. Comment avez-vous démarré ?

On a démarré de rien, Bruno sortait de la fac et moi de Esmode. J’ai aussi beaucoup appris à l’atelier d’art de dessins en 1987. J’ai travaillé dans la haute couture, les bureaux de styles, puis un jour la porte s’est ouverte à travers des rencontres et des opportunités, une chance à saisir. Alors mon mari et moi avons monté notre propre ligne, la ligne Doria. Bruno a une expérience marketing et une certaine approche de la mode, moi je dessinais, dessinais, toujours, pour créer une ligne, une collection.

Et puis tout a été très vite à ce moment là, les années 80, Taïwan, Hong kong, et même la 5e avenue à New York, où nous étions représentés. C’est vers la période proche de la guerre du Golfe que les choses ont basculé et nombre de nos confrères n’ont pas tenu. Un passage difficile, mais on est là, aujourd’hui, on reste avec quelques autres indépendants au-dessus des flots.

Par-delà les incertitudes, cette volonté tient-elle d’une passion, ou bien de choix heureux ?

Aujourd’hui nous fabriquons des vêtements d’images pour des sociétés, des industriels, c’est pourquoi je parle d’uniforme, on relooke des entreprises. Nous sommes passés d’une vie d’artisan à un statut, plus industriel, mais quand le personnel vêtu de « l’uniforme » se met à sortir et à garder le costume même dans la rue, alors la satisfaction est à son comble, car il dépasse le statut travail. L’idée géniale du costume est là, quand les personnes qui le portent se sentent aussi bien que l’image est appréciée de nos clients.

Cela suppose probablement des choix judicieux ?

C’est-à-dire qu’il faut coller au discours de la marque puis retravailler les modèles, valider des prototypes ; ainsi on vend du concept mais on propose aussi parfois jusqu’au risque. Si, pour certaines entreprises, le choix ne nous semble pas judicieux, ou qu’un détail qui aurait échappé au marketing n’est pas en adéquation avec une meilleure image possible du vêtement, dans ce sens, nous devenons aussi conseil, et influons sur la décision finale. C’est aussi cela qui nous fait exister.

C’est une ligne différente qui sort du standard qui cherche à se démarquer, qui recherche une nouvelle voie, une nouvelle idée pour que le "vêtu" Doria Salmabo se sente à l’aise dans notre vêtement.

Alors justement comment pourrait-on présenter la ligne Doria Salambo ?

C’est une ligne rôdée, très travaillée et plutôt luxueuse avec Bruno, expérimenté au marketing, qui opère au suivi commercial et aux briefings . On habille la femme indépendante, de caractère. Il y a un travail effectué avec une designer spécialisée dans l’imprimé. La ligne Doria Salambô est très épurée, très dessinée, c’est une recherche des lignes avec certains vêtements aux courbes intimes. Une fille qui porte du Doria, cela exprime sa personnalité, cela la met en valeur. On fait nos colorations, on fait teindre nos tissus ; le problème c’est qu’il y a de moins en moins de tisseurs, et la concurrence asiatique est rude.

Nous allons lancer un site de vente en ligne dans un mois environ, et nous allons poursuivre le développement des imprimés, on va les faire, les créer pour être dans notre mouvance et s’adapter aux tendances, et nous aimons faire ainsi. Nous cherchons à nous aligner sur les grandes marques, mais avec notre cachet, à notre façon, c’est ce qui donne la ligne Doria, dans une proximité avec le créateur, contrairement à un anonymat dans une chaîne de magasins où la femme ne prend pas de risque : être plus ou moins similaire aux autres femmes, proche de la proposition standard de la chaîne. Nous, nous proposons donc une démarche différente, un rapport direct et du sur mesure de la cliente au créateur, une femme qui s’assume, une femme de caractère, qui impose son style personnel.

Finalement vous êtes donc toujours en ce sens créatrice de mode. N’avez-vous pas au fond envie d’y revenir pleinement ?

Un retour à la mode, vraiment ? Peut-être. Disons que l’on se pose la question. La vraie problématique du créateur c’est de comprendre ce qu’il fait, afin d’éviter les écueils dangereux. Il faut faire ce que l’on peut et l’on doit faire, c’est une chose authentique, un épanouissement. Voilà pourquoi sortir une collection, c’est à la fois une souffrance et une grande satisfaction. Je dessine beaucoup, le juste trait, à la recherche de la forme la plus pure et à la recherche de matières innovantes. Oui bien sûr il y a toujours les imprimés, un mélange d’impressions.

Il y a aussi un travail d’érudition, une recherche sur les costumes, beaucoup de dessins aussi. La difficulté c’est de rester tendance, ni trop ni pas assez, un équilibre à l’air du temps, certes instable et toujours en mouvement. Comprendre et s’interroger pour continuer et créer encore.

Doria dessine dans son show room, tout le temps, toujours, et encore, des esquisses raffinées, des croquis à l’égal de ceux d’Yves Saint Laurent, une passion. Ses yeux plongent dans le dessin d’une main qui manie le trait à la perfection. Bruno aussi est là, il explique, il participe. Une histoire d’amour et de créations.

Doria Salambô, un couple, une ligne, une femme, un univers de la mode à découvrir. Ses collections sont exposées dans sa boutique rue de la Roquette, une invitation à rêver, ouvrez la porte de ses secrets.

Et rien que pour vous le shooting photo Printemps - Eté 2010 :

Et retrouvez toutes les créations sur son e-shop en ligne  : www.doriasalambo.fr et http://www.uniformes-doriasalambo.com/

Interview - portrait mars 2011. D.C.