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La déstruction créatrice de Schumpeter


L’avis d’expert Laclee, une fois n’est pas coutume, propose aujourd’hui de revenir sur une théorie économique qui remonte dans l’actualité pour trouver des solutions de sortie de crise par la croissance.

Pourquoi ce flash back ? La semaine dernière, Laclee était invitée à la convention 2013 d’IPE 77. Une table ronde sur le thème "création, créativité dans l’entreprise" était animée par Pierre-Guy Hourquet, Directeur de la Faculté et de l’Innovation du Groupe Euromed Management. Un enseignant de l’Edhec et une réflexion sur la créativité moteur pour les entreprises, il n’en fallait pas moins pour provoquer quelques associations d’idées que nous vous livrons.

On doit la théorie de "La destruction créatrice", ainsi que la vulgarisation de l’expression à un économiste autrichien qui a sévi dans la première moitié du siècle dernier : Joseph Aloys Schumpeter.
Schumpeter s’est interrogé sur les cycles économiques pour tenter de comprendre la mécanique du capitalisme.
Il a observé qu’une innovation majeure engendre une période de croissance. Cette croissance génère de la création d’emplois.
De même Schumpeter a remarqué que la faillite de certaines entreprises et consécutive à l’obsolescence de leurs techniques ou de leurs produits. Ces faillites provoquent une dépression destructrice d’emplois. Cette phase caractérisée par des difficultés économiques attise l’imagination créatrice de nouveaux entrepreneurs. De cette imagination créatrice naissent des innovations qui engendrent une phase de croissance.

C’est en se fondant sur ce cycle de la destruction créatrice que les économistes modernes s’accordent à penser que l’innovation joue un rôle majeur dans la croissance.

Ces économistes fondent leurs théories principalement sur l’innovation technologique comme source d’amélioration de productivité. Gains de productivité contributifs à la croissance de la richesse sur une période plutôt longue.
En clair, une innovation est également un accélérateur d’obsolescence d’une (ou plusieurs) technologie existante.
L’entreprise qui dispose de la technologie innovante dispose, par la même occasion, d’un avantage concurrentiell fort par rapport à ses concurrents, voire même se trouve pendant un temps en situation de monopole sur son marché. Situation de monopole qui laisse entrevoir des perspectives de profits eux même incitateurs d’innovations.
Créant ainsi un cercle vertueux, la croissance économique provoque un renouvellement constant du tissus industriel, en laissant remonter des entreprises toujours plus productives. Aussi, plus une entreprise va déposer des brevets, plus elle risque de se mettre en situation de produire du profit.

Ainsi, le cycle de vie des entreprise s’accélère. Dans les années 50, une entreprise avait une durée de vie moyenne de 61 ans. Aujourd’hui, la durée de vie d’une entreprise est de 18 ans.

Cette accélération des cycles de vie des entreprises s’accompagne d’un nouveau fonctionnement du marché du travail. Un nouvel équilibre se crée entre la création d’emplois issus des entreprises nouvelles et la destruction d’emploi de celles qui s’arrêtent avec un paramètre de réduction de la durée des périodes de travail, un passage plus fréquent par des périodes de chômages. Dans ce schéma, la protection de l’emploi se révèlerait comme un frein, un ralentisseur du cycle de la destruction créatrice, donc un accélérateur de chômage.
D’où le fait que certains théoriciens suggèrent aux politiques d’accompagner la protection des personnes durant leur parcours professionnels en y consacrant une partie des gains de productivité, plutôt que de lutter en protégeant des emplois pour repousser des échéances inéluctables.

En macro économie, ces théories prennent des visages différents :

- Pour gagner du temps et de l’efficacité, certaines économies se mettent en mode "rattrapage", comptant sur l’imitation de technologies étrangères plutôt que sur leur capacité à innover. Ce fut le cas de l’Europe de l’ouest au lendemain de la seconde guerre mondiales. Stratégie reprise également par le Japon. Une fois le rattrapage effectué, ces pays basculent dans l’économie d’innovation après quelques décennies d’imitation.
Dans un passé plus récent, la Chine a épousé ce mode de fonctionnement avec une capacité de montée en puissance assez remarquable au point de trouver des pans de son économie qui basculent dès aujourd’hui en mode "innovant".

- A contrario, certaines zones géographiques comme les Etats Unis, sont ancrés dans le mode ’innovant" depuis plus longtemps que notre vieille Europe et les cycles de destructions créatrices y sont plus courts. les Etats Unis occupent par exemple une position dominante sur le marché de la santé ou l’innovation joue un rôle important. Il est facile de constater aujourd’hui que les entreprise américaines de moins de 10 ans sont l’origine de 50% des médicaments nouveaux, quand l’industrie du médicament européenne n’a proposé que 10% des nouveaux médicaments.

c’est pourquoi, ce n’est pas un hasard si le poids de l’université américaine et sans rapport avec nos universités européennes. La France se consacre actuellement sur le développement du premier cycle supérieur quand les allemands ont franchi ce seuil depuis de nombreuses années.
Alors, si la formation n’est pas prise en charge par un système collectif pour élever les compétences au niveau favorisant l’innovation et sa contrepartie productive, c’est l’entreprise qui doit suppléer en autorisant (finançant) ses collaborateurs à élever leur niveau de compétences, ou a les diversifier.

En écoutant nos économistes, qui serait encore tenter de douter que la crise que nous traversons est structurelle plutôt que conjoncturelle ?

Cette analyse est un schéma de réflexion que nous essayons de nourrir au coeur de notre petite structure Laclee pour en déduire les bons plans d’actions chacun dans nos domaines de compétences auprès de nos clients communs ou pas.

- Quelle peut être la place de cette "démonstration" dans la réflexion stratégique de vos entreprise ?
- Est ce que adhérer à ce schéma de pensée, oriente votre recherche de produits, de services nouveaux ? Nous souhaiterions votre avis sur un domaine qui n’a pas été mis en relief dans cet article, qui est celui de ce qui s’appelle encore les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
- Quelles réflexions peut on tirer sur la transmission d’entreprise ? sur la valorisation des entreprises ?

L’outil evous sur lequel nous publions cet article vous permet, en pied de page, de réagir, de commenter notre approche, voire de la critiquer.

Nous vous proposons d’ouvrir ce débat avec nous.
Merci de votre participation
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Le rédacteur
Ph Douay

Une coproduction de trois membres de Laclee

Informations pratiques
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mardi 10 novembre 2015,    Philippe Douay