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Exposition Amadeo de Souza-Cardoso

Du 28 avril au 18 juillet 2016, au Grand Palais, galeries nationales, entrée square Jean Perrin.


Présentation de l’artiste

Voir Présentations d’Artistes de A à Z

Le peintre Amadeo de Souza-Cardoso, né en 1887 à Manhufe (Portugal), à côté de la coquette ville d’Amarante (dont l’hôtel de ville dispose d’un petit musée regroupant quelques-unes de ses toiles), devait mourir dès 1918 à Espinho. Il n’avait que 31 ans, et il fut l’un des précurseurs de l’art moderne.

Issu d’un milieu aisé, la riche bourgeoisie rurale, il abandonne des études de droit, puis d’architecture à l’Académie des beaux-arts de Lisbonne, dans lesquelles il ne trouvait pas un intérêt suffisant, avant de partir en 1906 pour Paris, capitale mondiale de l’art à l’époque. Il s’y installe à Montparnasse.

Il fait alors ses premières armes en dessin, en caricature, avant de se passionner pour la peinture. Bien qu’il ait été indubitablement influencé au cours de sa courte carrière par l’impressionnisme, l’expressionnisme, le cubisme et le futurisme, Amadeo de Souza-Cardoso a toujours refusé que soit portée à ses créations une quelconque étiquette.

Titre inconnu, 1912, aquarelle sur papier. Lisbonne, CAM / Fundação Calouste Gulbenkian

En 1908, alors qu’il loge 14 cité Falguière, en plein Montparnasse, il fréquente des ateliers pour se préparer à l’École des Beaux-Arts et à l’Académie Vitti du peintre catalan Anglada Camarasa... sans parvenir à être admis à aucune des deux.

En 1910, il réside quelques mois à Bruxelles, puis expose en 1911 ses travaux au Salon des indépendants à Paris, se rapprochant peu à peu des avant-gardes et d’artistes comme Amedeo Modigliani, son ami et complice, Constantin Brancusi, le sculpteur ukrainien Alexander Archipenko, Juan Gris, Sonia et Robert Delaunay.

Saut du Lapin, 1911, Institut d’art de Chicago.

En 1912, il sera impressionné par l’exposition "Peintres futuristes italiens", organisée par Marinetti et Severini à la Galerie Bernheim-Jeune.

Il publie l’album XX dessins, puis copie le récit de Gustave Flaubert, La Légende de saint Julien l’Hospitalier, jusque-là passablement ignoré des amateurs d’art.

En 1913, après qu’il ait expédié 8 de ses œuvres à l’Armory Show de New York, dont Le Saut du lapin, il regagnera le Portugal.

Cette même année, il participe au Herbstsalon de la galerie Der Sturm à Berlin.

En 1914, il rencontre Antoni Gaudí à Barcelone, et part à Madrid, où le début de la Première Guerre mondiale le surprend.

De retour au Portugal, il y débute une brève carrière dans l’expérimentation de nouvelles formes d’expression, peignant avec une grande constance, au point d’être en mesure de montrer en 1916 à Porto 114 œuvres sous le titre "Abstraccionismo", exposées à nouveau à Lisbonne. Elles seront dans les 2 cas remarquées pour leur novation et provoquèrent quelque scandale.

Le cubisme, qui se répand alors dans toute l’Europe, exerce une influence prépondérante sur son cubisme analytique. Mais Amadeo de Souza-Cardoso explore également l’expressionnisme et ses derniers travaux expérimentent de nouvelles formes et techniques dont des collages et d’autres expressions plastiques.

Le 25 octobre 1918, il meurt à 31 ans à Espinho, au Portugal, de la grippe espagnole comme quelque 20 millions de personnes.

L’exposition

Première rétrospective d’un grand de la peinture moderne depuis 1958.

Il n’existe au XXe siècle aucun autre exemple d’artiste, majeur et reconnu, tombé de manière aussi inexplicable dans un tel oubli. De fait, Amadeo de Souza-Cardoso, qui quitte au début de la Guerre une avant-garde parisienne dont il était l’une des figures les plus originales, n’a conservé sa célébrité qu’au Portugal.

L’œuvre qu’il laisse est pourtant phénoménal. En forte prise avec les bouleversements esthétiques de son temps, il ne ressemble à aucun autre.

Amadeo de Souza-Cardoso, Titre inconnu (Clown, cheval, salamandre), détail, vers 1911-1912, gouache sur papier, 23,80 x 31,80 cm, Lisbonne, CAM / Fundação Calouste Gulbenkian

C’est déjà en 1912 au Grand Palais qu’il expose dans le cadre du Salon d’Automne sa toile Avant la Corrida, qui figurera à l’édition 1913 du célèbre Armory Show de New York. Elle y fait sensation, se vend immédiatement, comme d’ailleurs presque toutes les autres envoyées par l’artiste à cette manifestation. Ainsi plusieurs de ses chefs-d’œuvre sont-ils conservés aujourd’hui aux États-Unis, et en particulier à l’Art Institute de Chicago.

Avant la Corrida, vers 1912. Huile sur toile. Lisbonne, Fondation Calouste Gulbenkian.

Si la vie de Souza-Cardoso fut courte, la créativité artistique dont il fit preuve au cours de sa brève carrière se révèle intense. On distinguera dans le parcours de l’exposition deux grandes périodes : son séjour parisien (1906-1914), plus dense et intéressante, et son retour à Manhufe, au Portugal (1914-1918).

Durant la seule décennie de sa vie d’artiste, Amadeo de Souza-Cardoso vit écartelé entre ces deux mondes. Voyages, aller-retours, cet éternel insatisfait manifeste une forme d’instabilité géographique.

Quand il se rend à Paris, dans des conditions que son milieu permet d’être financièrement confortables, la ville euphorique rassemble bon nombre d’artistes en rupture avec les canons classiques.

Amadeo participe à cette effervescence, et développe, dans cet univers cosmopolite, des échanges créatifs notamment avec Modigliani, Brancusi, Archipenko, le couple Delaunay, Otto Freundlich, Boccioni.

Amedeo Modigliani (1884-1920), Cariatide, vers 1911. Technique mixte sur carton. Fischer Family Collection. Singularité des références artistiques de Modigliani qui associe la sculpture de l’antiquité classique à l’élégance orientalisante. Il exposera sa production de sculpteur dans l’atelier de son ami Amadeo de Souza-Cardoso

Il multiplie également les contacts avec des agents artistiques, des éditeurs ou des commissaires d’exposition, comme Walter Pach, Wilhelm Niemeyer, Ludwig Neitzel, Herwald Walden, Adolf Basler, Harriet Bryant (propriétaire des Carroll Galleries à New York), etc.

En 1908, lorsqu’il s’installe Cité Falguière, il se lie plus particulièrement avec certains artistes dont Modigliani et Brancusi, comme lui orgueilleusement en marge des mouvements programmatiques.

Fasciné par le mouvement, par le rythme, par le geste saisi au vol, le jeune peintre teinte ses œuvres de médiévisme, avec des éléments décoratifs inspirés de la tapisserie, de chasse, de chevauchée, et de paysages de campagne.

Les estampes japonaises ont aussi été de fortes sources d’inspiration.

Mais plus que tout, le petit village de Manhufe dans le Nord du Portugal, imprègne l’univers visuel d’Amadeo et se retrouve tout au long des étapes de son travail. Paysages, représentations de la nature, mais aussi selon lui davantage : une forme de paysage mental.

Il l’intègre d’ailleurs dans son processus créateur, par des thèmes personnels traditionnels que l’on retrouve : objets du quotidien, paroles de chansons populaires, poupées folkloriques, instruments de musique régionaux, montagnes, forêts, châteaux imaginaires et intérieurs familiers.

Ces éléments de langage plastiques sont représentés selon des solutions stylistiques où se combinent cubisme, futurisme, orphisme et expressionnisme. Amadeo de Souza-Cardoso confronte de cette manière des fragments des mondes rural et moderne dans une même dynamique.

Sans établir la moindre hiérarchie, il opère formellement une fusion entre sa région natale et le vertige des machines, des mannequins mécaniques, des fils télégraphiques et téléphoniques, des ampoules électriques, des panneaux publicitaires, des émissions de radio, des moulins à eau, des parfums, du champagne...

Le Saut du lapin, qui est sa peinture la plus connue, contient quelques-uns des traits structurants de la singularité d’Amadeo : évocation de la vitesse, sens de la couleur, construction et affirmation d’un langage graphique.

Devenu urbain par choix, l’artiste préserve le lien avec le mouvement ondulatoire de ses montagnes, qu’il peint à maintes reprises. Elles servent de fond à des tableaux de phases diverses, comme cet autoportrait, où il parait habillé en peintre, à la manière du Greco.

La simple représentation, même augmentée des moyens du cubisme, ne lui suffit pas. Il procède par représentation, par "incorporation", ses œuvres intégrant, notamment par collage, de nombreux objets régionaux ou urbains.

Les lettres/mots, appliqués à l’aide de pochoirs en carton ou en zinc (qu’il commande ou réalise lui-même), sont autant de nouveaux éléments de polysémie, références à la publicité industrielle (Barrett, Wotan) et commerciale (Coty, Brut, 300, Eclypse), mais sans rôle narratif ou illustratif dans la peinture.

Amadeo détourne les significations, ainsi que les formes : ses disques chromatiques peuvent être des cibles colorées, foraines ou guerrières, ou des assiettes en faïence populaire sur lesquelles tombent des insectes...

Curieusement, son histoire familiale rapporte que l’artiste compose sa toute première peinture sur deux battants d’une armoire de la salle à manger ; le très jeune Amadeo y reproduit, vers 1897, les couvercles de boîtes à biscuits de la marque Huntley & Palmers.

Tous ces indices d’incorporation du monde nouveau dans son œuvre montre qu’Amadeo a une conscience aiguë de ce que signifie "être moderne", qui se traduit non seulement dans ses thèmes (exaltation de la mécanisation), mais aussi dans ses méthodes et techniques ou encore dans sa volonté de se faire connaître en promouvant personnellement son identité d’artiste.

La Détente du cerf (dessin n°14 pour l’album XX DESSINS), vers 1912. Encre de Chine, lavis et graphite sur papier, Lisbonne, Fondation Calouste Gulbenkian.

Cette stratégie est mise en œuvre très tôt avec la publication d’une édition de ses XX Dessins et des 12 Reproductions, et s’exprime encore dans l’emploi du tampon de sa signature.

Selon un parcours à la fois chronologique et thématique, l’exposition réunit quelque 300 œuvres : peintures, dessins, gravures, photographies, une sculpture et deux masques africains.

Parmi elles, quelques créations d’artistes contemporains dont Amadeo fut proche, comme Brancusi, Modigliani, Robert et Sonia Delaunay. Dans la rotonde un triptyque vidéo, commandé spécialement par la Fondation Calouste Gulbenkian à l’artiste Nuno Cera, consacre les lieux chers à Amadeo (Manhufe au Portugal, la Bretagne et Paris).

Au cours de ces dix années, Amadeo de Souza-Cardoso a tracé une voie totalement singulière dont la redécouverte en France, bien que tardive, ne devrait en être que plus saisissante.

La commissaire de l’exposition est Helena de Freitas, historienne et critique d’art, Fondation Calouste Gulbenkian, Lisbonne.

Amadeo de Souza-Cardoso (1887-1918), du 20 avril au 18 juillet 2016, au Grand Palais, Galeries nationales, entrée square Jean Perrin, avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris. Métro Franklin-D.-Roosevelt, ou Champs-Élysées-Clemenceau. Dimanche et lundi de 10 à 20h. Mercredi, jeudi, vendredi, samedi de 10 à 22h. Mardi : visites groupées et privatisations possibles sur inscriptions. 13 ou 9€. Gratuité selon conditions habituelles du Grand Palais. Prévente sur www.grandpalais.fr. Visites guidées prévues pour les individuels et les groupes (informations disponibles et réservations sur le site du Grand Palais : www.grandpalais.fr)

Lire aussi : Toutes les expositions 2016 au Grand Palais.


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Vous retrouvez comme chaque année dans LES GRANDES EXPOSITIONS 2016-2017 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans CALENDRIER 2016 des grandes expositions à Paris ces mêmes expositions sont classées par dates.

Dans la série Toutes les expositions 2016 dans les plus grands musées de Paris... lire également :
Au musée du Louvre, au Centre Pompidou, au Grand Palais, au musée d’Orsay, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Jeu de Paume, au Palais de Tokyo, à la Bibliothèque nationale de France, au musée du Quai Branly, au musée des Arts décoratifs, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, au musée Guimet, et au musée Galliera.

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Contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous établissons, au fur et à mesure de leur publication, notre sélection des catalogues d’expositions 2016 de Paris, comme nous l’avons fait les années précédentes : 2015, 2014, 2013, 2012.

Vous pouvez consulter quelques dizaines de présentations d’artistes, classées de A à Z.

Nous vous proposons aussi une sélection de musées et d’expositions dans les villes françaises suivantes, que nous nous efforçons de tenir assez régulièrement à jour :
Angoulême - Arles - Avignon - Bordeaux - Dijon - Grenoble - Ile-de-France - Lens - Lille - Lyon - Marseille - Metz - Montpellier - Nantes - Nice - Ornans - Rennes - Rodez - Rouen, Le Havre - Saint-Étienne - Strasbourg - Toulouse - Tours

Et juste des musées et expositions temporaires pour quelques villes étrangères : Amsterdam, Berlin, Bâle, Bruxelles, Genève, Londres, Madrid, Milan, et Venise.

André Balbo

sources : Visite, Helena de Freitas, Grand Palais, Wikipédia

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

samedi 26 novembre 2016,    Expositions