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DERNIERS JOURS de l’exposition Mexique : Rivera, Kahlo, Orozco...

Du 5 octobre 2016 au 23 janvier 2017, pour la première fois en France, un vaste panorama de la modernité artistique mexicaine, des prémices de la Révolution au milieu du XXe siècle.


La production artistique mexicaine de la première moitié du XXe siècle est exceptionnelle, essentiellement du fait de l’apparition du muralisme, courant esthétique, certes, mais aussi à contenu culturel, racial, politique et social.

Trois célèbres figures s’en détachent : Diego Rivera, José Clemente Orozco, et David Alfaro Siqueiros. Cette période prendra fin à la mort d’Orozco et à l’arrivée de l’artiste Mathias Goeritz au début des années 1950.

Ce nouveau langage esthétique moderne s’appuie sur la fin du XIXe siècle, quand le nouvel État se doit de créer une identité qui engloberait les différentes populations du pays, et tenterait d’en assurer la cohésion.

En art de convention plus que de tradition, il convenait de privilégier les sujets historiques, les portraits, la peinture de genre, mais plus que tout d’affirmer l’existence d’un peuple dans sa diversité.

José Maria Jara (1866-1939), La Veillée funèbre, 1889, huile sur toile, Mexico, INBA / Museo Nacional de Arte Patrimoine culturel, 1982

Dans le même temps, afin aussi de permettre au Mexique de s’affirmer à l’international, les artistes les plus prometteurs, grâce à l’Académie San Carlos, eurent loisir par une bourse d’aller se parfaire en Europe (pour certains 10 ans !) et puiser à la fois dans ses références et réserves artistiques d’œuvres des maîtres anciens, et dans ses mouvements de l’époque, pour la plupart avant-gardistes.

C’est ainsi que Rivera et Angel Zarraga revisitèrent un temps le cubisme à leur manière.

La première partie de l’exposition nous fait découvrir où et comment cette modernité si singulière a puisé son inspiration dans l’imaginaire collectif et les traditions du XIXe siècle. Cette relation étroite à l’art académique développée après la restauration de la République en 1867, se prolonge jusqu’aux préceptes idéologiques de l’École Mexicaine de Peinture et de Sculpture, dirigée par José Vasconcelos à partir de 1921.

Les courants internationaux viennent contrebalancer cet ancrage dans la tradition.

Au tournant du XXe siècle, symbolisme et décadentisme trouvent au Mexique des expressions fascinantes comme le célèbre tableau d’Angel Zárraga, La Femme et le pantin (1909).

Ángel Zárraga, La femme et le pantin, Óleo/tela, 175.3 x 141 cm, 1909

Peu à peu, au contact de l’avant-garde parisienne des premières décennies du siècle, les expérimentations esthétiques d’artistes mexicains, parmi lesquels Diego Rivera fait figure de pionnier, s’élaborent.

La deuxième partie de l’exposition souligne comment la Révolution mexicaine de 1910, conflit armé d’une rare violence, est porteuse de la planification d’un nouveau projet artistique national : donner une vision de l’Histoire à chaque composante du peuple mexicain.

Par l’image "monumentalisée" sur les murs, comme l’Église éduquait au Moyen-Âge les analphabètes d’Europe par la mise en scène religieuse et les récits des vitraux. Ainsi la création des années suivantes s’appuie-t-elle sur d’autres moyens que la peinture sur chevalet, tels que le muralisme et le graphisme.

L’exposition porte naturellement l’accent sur les œuvres des trois artistes phares du muralisme mexicain, les plus influents, "los tres grandes" : Diego Rivera, David Alfaro Siqueiros, et José Clemente Orozco. Ils participèrent à cette liturgie et l’État mexicain leur passa commandes et commandes.

Jose Clemente Orozco (1883-1949). Les Femmes des soldats, 1926, Huile sur toile, Mexico, INBA / Museo de Arte Moderno

L’œuvre de José Clemente Orozco illustre la violence des événements que le Mexique traversait. Celle de Siqueiros, qui privilégia la peinture murale parce qu’il y voyait un art "public" donc populaire, s’adressait davantage aux ouvriers qu’aux paysans, et restait fasciné par les progrès de la modernité et du machinisme. Rivera, qui rentra au Mexique en 1921, fut des trois celui qui connut de plus près les avant-gardes européennes. Ce fut lui qui créa un langage esthétique véhiculant l’image populaire et monumentale du peuple mexicain indien et métis promis à un avenir de progrès et de grandeur. Socialiste, nationale, elle forgea certainement un sentiment de fierté nationale.

Cette révolution masculine, qui a ouvert la voie à de nombreuses possibilités nouvelles, a permis aux femmes de participer à l’effort économique ; cette situation les a encouragé à se faire leur propre place sur la scène artistique, en tant que peintres ou mécènes.

L’arbre Frida Kahlo (représentée dans cette exposition par des œuvres rarement prêtées) ne doit pas cacher une forêt de fortes personnalités dont Nahui Ollin, Rosa Rolanda ou les photographes Tina Modotti et Lola Álvarez Bravo.

Dr. Atl. Gerardo Murillo, dit (1875-1964) Nahui Olin, vers 1922. Atl couleurs et plâtre. Collection Andres Blaisten. C’est le peintre qui donne à sa maitresse ce nom qui vient du nahuatl et fait référence au renouvellement cyclique du temps dans le calendrier aztèque. Elle fut la muse d’artistes dont Rivera, Dr Atl, et Montenegro.

Parallèlement à l’École Mexicaine de Peinture et de Sculpture des années 1920 et 1930, cette période a également été marquée par l’avènement de nombreuses autres démarches expérimentales. Le triomphe du muralisme et de l’art nationaliste a éclipsé ces mouvements d’avant-garde alternatifs, qui revendiquaient le droit de participer à la scène artistique internationale, indépendamment du paradigme révolutionnaire.

Frida Kahlo (1907-1954). Les Deux Frida, 1939, huile sur toile, Mexico. INBA / Museo de Arte Moderno

La troisième partie de l’exposition permet de découvrir une sélection d’artistes et d’œuvres se présentant comme des alternatives aux discours idéologiques de l’époque, des masques hallucinants de Germán Cueto aux portraits énigmatiques de Robert Montenegro et aux abstractions de Gerardo Murillo « Dr. Atl », Marius de Zayas ou Rufino Tamayo.

Diego Rivera, Adolfo Best Maugard, 1913, huile sur toile, Mexico, MUNAL, INBA © 2016 Banco de México Diego Rivera Frida Kahlo Museums Trust, Mexico, D.F. / ADAGP, Paris

Enfin, la quatrième partie, intitulée "Rencontre de deux mondes : Hybridation", montre comment, depuis le début du XXe siècle, la présence d’artistes mexicains aux États-Unis, comme Marius de Zayas, Miguel Covarrubias, et surtout les grands muralistes, a joué un rôle décisif pour les mouvements d’avant-garde de villes comme New York, Détroit ou Los Angeles.

Et inversement, du fait de la notoriété acquise par les artistes mexicains à l’étranger durant les premières décennies du XXe siècle, de nombreux artistes étrangers ont décidé de délocaliser leur activité au Mexique.

En collaboration avec les artistes locaux, ils sont parvenus à développer une scène particulièrement riche, en particulier autour du surréalisme avec Carlos Merida, Jose Horna, Leonora Carrington et Alice Rahon.

L’exposition clôt la chronique de ces échanges, sources d’une perpétuelle "renaissance", avec l’arrivée de Mathias Goeritz au Mexique en 1949, mais leur vitalité est encore illustrée dans les œuvres d’artistes majeurs de la scène internationale actuelle, à l’image de Gabriel Orozco et de ses "frottages" pris dans le métro parisien.

Le commissaire est Agustin Arteaga, directeur du Museo Nacional de Arte, Mexico. La Rmn-GP et le MUNAL, Museo nacional de Arte de Mexico, se sont
associés pour co-organiser cette exposition.

Mexique 1900 - 1950 : Diego Rivera, Frida Kahlo, José Clemente Orozco et les avants-gardes, du 5 octobre 2016 au 23 janvier 2017, au Grand Palais, Galeries nationales, entrée square Jean Perrin, avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris. Métro Franklin-D.-Roosevelt, ou Champs-Élysées-Clemenceau. Tous les jours de 10 à 20h, nocturne le mercredi jusqu’à 22h. Fermé le mardi et le 25 décembre. Fermé à 18h les 24 et 31 décembre. Mardi : visites groupées et privatisations possibles sur inscriptions. 13 ou 9€. Gratuité pour les moins de 16 ans, les bénéficiaires du RSA et du minimum vieillesse. Prévente sur www.grandpalais.fr. Visites guidées prévues pour les individuels et les groupes (informations disponibles et réservations sur le site du Grand Palais : www.grandpalais.fr)

Lire aussi : Toutes les expositions 2016-2017 au Grand Palais.


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Vous retrouvez comme chaque année dans LES GRANDES EXPOSITIONS 2016-2017 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans CALENDRIER 2016 des grandes expositions à Paris ces mêmes expositions sont classées par dates.

Dans la série Toutes les expositions 2016 dans les plus grands musées de Paris... lire également :
Au musée du Louvre, au Centre Pompidou, au Grand Palais, au musée d’Orsay, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Jeu de Paume, au Palais de Tokyo, à la Bibliothèque nationale de France, au musée du Quai Branly, au musée des Arts décoratifs, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, au musée Guimet, au musée Galliera, et au Petit Palais.

Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez être amenés à apporter à ces programmes.

Nous vous indiquons chaque semaine les nouveautés, les expositions qui fermeront bientôt leurs portes, et... nos préférences, car on ne se refait pas : PARIS EXPOS HEBDO. Nouveautés / Conseils / Derniers jours.

Contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous établissons, au fur et à mesure de leur publication, notre sélection des catalogues d’expositions 2016 de Paris, comme nous l’avons fait les années précédentes : 2015, 2014, 2013, 2012.

Vous pouvez consulter une centaine de présentations d’artistes, classées de A à Z.

Nous vous proposons aussi une sélection de musées et d’expositions dans les villes françaises suivantes, que nous nous efforçons de tenir assez régulièrement à jour :
Angoulême - Arles - Avignon - Bordeaux - Dijon - Grenoble - Ile-de-France - Lens - Lille - Lyon - Marseille - Metz - Montpellier - Nantes - Nice - Ornans - Rennes - Rodez - Rouen, Le Havre - Saint-Étienne - Strasbourg - Toulouse - Tours

Et juste des musées et expositions temporaires pour quelques villes étrangères : Amsterdam, Berlin, Bâle, Bruxelles, Genève, Londres, Madrid, Milan, et Venise.

André Balbo

sources : Visite, Grand Palais, Wikipédia

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

lundi 20 mars 2017,    Expositions