
Visite en compagnie du libraire Thierry Saillot
Certes, pour attirer le public étudiant qui occupe la Sorbonne Nouvelle, juste en face, la librairie Palimpseste mériterait un bon lifting… Mais l’aspect « inchangé  » du lieu fait aussi son charme : on se croirait revenu dans les années 70 ! D’ailleurs, sur la devanture figure encore le nom de l’ancienne librairie créée en 1968 : Lire-élire. La librairie Palimpseste porte donc bien son nom : elle renferme des strates de temps. Lorsqu’en 1987 Thierry Saillot, gérant de la librairie, reprend le lieu et décide de l’appeler « Palimpseste  », le choix du nom est en relation avec la spécialité : littérature et psychanalyse. Freud a en effet écrit que l’inconscient fonctionne comme un « palimpseste  » (strates temporelles, strates d’inconscient). « Palimpseste  », c’est également un clin d’œil à un ouvrage de Gérard Genette. Une allusion aussi au travail de l’écrivain, procédant souvent par brouillons, ajouts successifs, corrections… Enfin, ce joli nom, « Palimpseste  », désigne aussi, d’après Thierry Saillot, « ce qu’est une librairie, son fonds : une arrivée permanente de livres nouveaux, chaque arrivage laissant une trace.  »
Ici, le fonds compte 10 000 ouvrages, dont une cinquantaine de revues. Le choix des livres se fait beaucoup en fonction des programmes de la faculté de Censier - Sorbonne Nouvelle et des programmes des concours (capes et agrégations de langues, philo, lettres…). La clientèle estudiantine est le gros atout de la semaine pour notre libraire, elle vient « acheter le prescrit  », mais sa grande faiblesse le week-end puisque les étudiants désertent la rue, laissée pour « morte  », « qui ne sert à personne  », et le quartier …. Pourtant, le samedi, le libraire est entièrement disponible, il a le temps de faire des paquets cadeaux pour les grands parents qui viennent acheter un livre pour le petit-fils, Deux ou trois enfants bien dodus pour neuf personnes d’A. Bouchard !
« Corridor de la tentation  », comme le disait un ancien prof de Censier, on entre dans la librairie mais on ne peut en sortir, selon les termes de Thierry Saillot, « sans avoir fait moisson de livres  ». Pour faire sa moisson, en semaine ou le samedi, ne pas passer sans s’arrêter devant le « jardin secret  » du libraire : l’actualité littéraire. Même si elle représente une part minime, demandez au patron, il saura très bien vous conseiller, ou vous guider vers d’autres lectures, les siennes, fétiches celles-là : Philip Roth, Russell Banks, Jim Harrison… Ou bien suivrez-vous cette autre piste de lecture : celle que raconte l’écrivain Erlend Loe dans Doppler, « l’histoire délirante d’un bon norvégien moyen qui va vivre en forêt avec un élan  ». S’il n’est pas en rayon en semaine, revenez le samedi !
Virginie Quantin