Le 13 juillet 2011, pendant que certains dansaient au bal des pompiers, d’autres participaient à un très austère conseil de surveillance où la seule musique à résonner était celle du chant du cygne marquant la fin d’une ère.
Dans le 16e arrondissement de Paris, le conseil de surveillance du PSG s’est réuni la veille de la fête nationale afin d’acter le changement de structure juridique du club de football, entamé le 30 juin dernier avec le rachat de 70% de ses parts par le fonds d’investissement Qatarien QSI.
Le nouvel actionnaire du Paris Saint Germain arrive avec la bénédiction des supporters du club. Ces derniers espèrent que le PSG pourra retrouver un peu de sa gloire d’antan grâce aux pétrodollars des Qatariens, et se félicitent, du moins pour certains d’entre eux, du départ du président Robin Leproux.
C’est que les nouveaux investisseurs n’arrivent pas les mains vides. Outre l’enveloppe de 100 millions d’euros qui pourrait être allouée aux transferts, ils ont engagé Leonardo comme nouveau directeur sportif. Après bien des atermoiements, l’ancien joueur du PSG et entraîneur de l’Inter Milan s’est installé à son nouveau poste qui se situe, grosso modo, entre celui de l’entraîneur Antoine Kombouaré et du "grand patron" Nasser Al-Khelaifi, représentant de QSI. Le nouvel organigramme inclut aussi Benoît Rousseau, ex-directeur financier du PSG, comme président intérimaire.
Le 13 juillet, c’est donc Robin Leproux qui entonnait le chant du cygne. Arrivé au club en 2009, il s’était mis à dos une partie des supporters parisiens à la suite de sa grande opération de nettoyage du Parc des Princes, en instaurant notamment un placement aléatoire en tribune afin d’éviter les regroupements d’ultras. Cela lui avait également valu des commentaires élogieux de la ministre des sports Chantal Jouanno, cette même ministre qui, en compagnie du président de l’UEFA Michel Platini, voyait d’un œil circonspect l’arrivée des investisseurs Qatariens...
Le 13 juillet, le Paris Saint Germain est donc passé dans une nouvelle ère. Ceux qui craignent une perte d’identité avec le rachat du club par une compagnie étrangère pourront se rappeler que l’ancien propriétaire, Colony Capital, était américain. Ceux qui redoutent un championnat de France à deux vitesses avec un PSG richissime et les autres, se rassureront en pensant que Lyon et l’OM, les deux plus gros budgets du championnat l’an dernier, ont tous deux fini derrière Lille au classement final. Et que Monaco, qui bénéficie de ses particularismes fiscaux, a été relégué en Ligue 2... Ceux enfin qui tremblent à l’idée que le Qatar, pays musulman, prenne possession d’un des clubs majeurs de France, suivront l’actualité de près ces prochaines semaines. La continuation des relations amicales entre le PSG et le Paris Foot Gay (les homosexuels sont passibles de plusieurs peines au Qatar) sera un bon indicateur pour connaître le degré d’ouverture des nouveaux investisseurs.
Il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas que le PSG qui joue gros actuellement : le Qatar s’est également vu attribuer une partie des droits de diffusion TV de la Ligue 1 via la chaîne Al Jazeera. Dans l’optique de la coupe du monde 2022 qui se déroulera dans leur émirat, il y a fort à parier que les investisseurs Qatariens tenteront non seulement de se donner une légitimité dans le monde du football professionnel, mais aussi de prouver à ceux qui en doutent, ou qui ont de très vagues notions de géographie, que le Qatar n’est pas l’Afghanistan.