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Paris 2015 : LES 16 MEILLEURS CATALOGUES d’expositions de Paris

Notre sélection attire votre attention sur les ouvrages qui, mieux que d’autres, sont susceptibles de nous laisser plus durablement les traces de ces événements artistiques ou culturels qui font de Paris une ville particulièrement attrayante.

Ces catalogues sont capables de nous offrir des approfondissements, des présentations plus fouillées, et des "compléments d’enquêtes". Ainsi trouveront-ils justement leur place dans une bibliothèque artistique rassemblant des ouvrages choisis... matérialisant peut-être des expositions que vous aurez visitées et qui vous auront plus particulièrement touchés.


Vous trouverez dans l’article 2015 à Paris : LES GRANDES EXPOSITIONS de A à Z les différentes expositions 2015 des établissements et musées de la capitale (comme nous l’avions fait en 2014, 2013, 2012, et 2011,), et dans CALENDRIER 2015 des grandes expositions à Paris, ces mêmes événements classés par dates (2014, 2013, 2012.)

Mais bientôt l’année changera... Anticipez avec nos articles (Paris 2016. LES GRANDES EXPOSITIONS, CALENDRIER 2016 des grandes expositions de Paris,) et allez voir ce que l’on nous mijote d’ici quelques mois... Le temps va si vite !

Mais que restera-t-il demain de nos émotions artistiques de cette année ? De nos découvertes plastiques, culturelles, historiques qui touchèrent nos sens et nos pensées ?

Qui est parvenu à visiter l’ensemble des expositions qui l’auraient intéressé ? Ou même à retenir dans sa mémoire et sa sensibilité profonde, chacune des œuvres d’art, des découvertes scientifiques, des révélations archéologiques ou historiques, qui sut le toucher, en un lieu, un instant, quelques jours ?

Les musées produisent des événements "culturels" de toutes sortes. Ils brassent des concepts, des rencontres artistiques, font des associations d’idées ou d’artistes, voire combinent des confrontations, judicieuses, ou qui le sont moins.

Parfois, l’idée d’une exposition est originale, forte, voire inédite : révéler un artiste dont l’œuvre parviendra à nous toucher intimement, rassembler une large partie de son œuvre, la présenter de telle manière que soudain une compréhension nouvelle nous atteint et complète la vision que nous en avions.

Dans notre lutte permanente contre le temps qui file, là comme ailleurs, contre l’actualité artistique ou culturelle qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence éditoriale, un rôle certain à jouer. Ils peuvent même offrir de véritables prolongements à ces ravissements exceptionnels qui auraient pu, sans leurs publications, n’être que fugaces.

Pour leurs diverses qualités, et dans leurs différentes fonctions, nous sélectionnons les meilleurs catalogues des expositions parisiennes dès qu’ils nous sont devenus accessibles.

CHACUN DES CATALOGUES 2015 PRÉSENTÉS AU FUR ET À MESURE DANS CETTE SÉLECTION EST EN LIEN AVEC L’ARTICLE DE L’EXPOSITION... QUI LUI A DONNÉ LE JOUR.

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Antonioni

Le grand réalisateur italien Michelangelo Antonioni est au panthéon des cinéphiles pour ces films qui faisaient découvrir l’influence qu’exerçaient les temps modernes sur l’individu, avec leurs béances, la solitude, l’incommunicabilité, mais aussi les nouveautés qu’ils apportaient, avec leur vitalité et leur diversité. Ne regardant que le présent, sans pour autant dire qu’il lisait dans l’avenir, il nous y préparait. Cet ouvrage est utile et lèvera à son propos quelques idées encore brumeuses.

Si Blow-Up, Zabriskie Point ou Profession : reporter ont recueilli en leur temps succès mondial et récompenses, d’autres de ses films ont longtemps gardé la réputation d’être d’un abord plus difficile, plus psychologique, plus ardu.

C’est toute l’originalité de ce catalogue que de bénéficier de l’ensemble de la documentation et des témoignages laissés par Antonioni à sa ville natale de Ferrare, et de permettre aujourd’hui, en respectant la chronologie de ses créations, de retrouver toute la richesse et la force de son inspiration.

Le plus surprenant sera peut-être pour certains de constater à quel point d’une part cet œuvre reste extrêmement contemporain dans ses explorations, et d’autre part l’importance des apports biographiques qui le nourrissent de bout en bout.

Vous y trouverez traités la recherche d’un style avec Lucia Bosè, la trilogie moderne portée par Monica Vitti, qui fut sa compagne, le départ d’Antonioni vers de nouveaux horizons hors d’Italie, avec Blow-Up, Zabriskie Point et Profession : Reporter, et son retour au pays avec Identification d’une femme et Par-delà les nuages.

La modernité du travail de ce réalisateur passionné de peinture imprègne encore aujourd’hui notre culture visuelle, au cinéma bien sûr, mais aussi dans la photographie, la mode, la publicité, et les œuvres de nombreux artistes contemporains mentionnés.

Une iconographie formidable, une filmographie complète et une bibliographie sélective.

Antonioni, coédition Flammarion / La Cinémathèque française, ouvrage collectif publié sous la direction de Dominique Païni, 210 x 240 mm, relié, 168 pages, 35€.

Bonnard (1867-1947). Peindre l’Arcadie

Ce catalogue est l’officiel de l’exposition « Pierre Bonnard. Peindre l’Arcadie », au musée d’Orsay, qui a réuni 61 tableaux dont plusieurs grands formats, 25 toiles données sous réserve d’usufruit, près de 300 dessins, et 273 photographies.

Ajoutons qu’Orsay est le musée qui conserve l’ensemble le plus important de Bonnard... si l’on excepte celui constitué par Daniel Wildenstein à l’occasion de la succession du peintre.

Il n’y avait plus eu d’exposition conséquente sur Bonnard depuis plus de 40 ans.

L’ouvrage a pour ambition de faire découvrir d’une manière différente ce peintre mondialement connu et apprécié pour la magnificence de ses couleurs, la radicalité de ses visions, et son humour décalé à la Alfred Jarry. Légèreté, humour, tendresse, chaleur et lumière tendent dans son expression comme un filet dont le visiteur fasciné a le plus grand mal à s’échapper.

Articulé autour des fondamentaux de la peinture de Bonnard, son attachement aux nabis, au Japon, à Gauguin, ce catalogue cherche à éviter l’écueil d’une démonstration strictement chronologique pour faire sentir l’unité profonde de l’œuvre, la continuité et la vraie rigueur de son inspiration, comme la manière si personnelle avec laquelle l’artiste a su additionner harmonieusement les différentes phases de sa création.

Du tableautin au grand format, du portrait à la nature morte, de la scène intime au sujet pastoral, du paysage urbain au décor antique, l’œuvre de Bonnard nous révèle un artiste instinctif et sensible. Sa palette aux couleurs vives et lumineuses en fait l’un des principaux acteurs de l’art moderne, mais aussi l’artiste à part, un créateur d’univers rêvé.

Guy Cogeval est président des musées d’Orsay et de l’Orangerie, et Isabelle Cahn conservateur du patrimoine en charge de la collection d’estampes de l’Institut national d’histoire de l’art à Paris.

Bonnard. Peindre l’Arcadie, d’Isabelle Cahn et Guy Cogeval, coédition musée d’Orsay / Éditions Hazan, 308 pages, 200 illustrations, relié, 258 x 292mm, 45€.

Churchill - De Gaulle

Ce catalogue peut être pris au sérieux pour que la Reine d’Angleterre et François Hollande l’aient tous deux préfacé, et que les petits-enfants de ces personnages historiques si hauts en couleur se soient prêtés à décrire ces deux figures publiques libres dans l’intimité, l’un mystérieux et l’autre exubérant.

Quelque 35 auteurs se sont efforcés d’en étudier l’histoire, qu’elle soit grande ou quotidienne, ou les deux à la fois, sous un grand nombre de facettes. Les tiroirs ont été consciencieusement vidés, et parmi ces documents exhumés, beaucoup n’avaient jamais traversé la Manche.

Le face-à-face est épique et passionnant, et les vies et faits de Winston Churchill comme du général De Gaulle méritaient pleinement d’être une fois encore confrontés point à point, pas à pas.

Une mise en perspective et l’approfondissement nécessaire de la relation bouillonnante et parfois brusque qui se tissa entre ces héros à la fois contemporains et d’un autre âge, qui prirent toute leur place dans la victoire des Alliés contre les horreurs du nazisme et l’embrasement de la planète qu’il avait causé.

Une forme de mémorial à deux places d’une grande qualité, pour lequel on aurait apprécié un index et une bibliographie un peu plus étendus.

Churchill - De Gaulle, coédition La Martinière / le musée de l’Armée / la Fondation Charles De Gaulle, 190 x 255 mm, couverture à jaquette, 288 pages, plus de 250 illustrations, 28€.

Clefs d’une passion (Les)

Catalogue officiel de l’exposition « Les Clefs d’une passion » présentée à la Fondation Louis Vuitton, cet ouvrage réunit un ensemble de quelques œuvres exceptionnelles, prêtées par les plus grands musées et collections privées. L’audace des artistes qui les ont créé a durablement marqué le cours de l’histoire de l’art du début du XXe siècle. Il s’agissait de Monet, Mondrian, Malevitch, Rothko, Bonnard, Picasso, Munch, Bacon, Matisse et de quelques autres.

Dans cet ambitieux catalogue sont rassemblés une vingtaine de textes de spécialistes de ces artistes et de ces œuvres (dont Jean-Claude Marcadé, Isabelle Monod-Fontaine, Marie-Laure Bernadac, Giovanni Lista, Arnauld Pierre, Wietse Coppes, Arne Eggum, Michael Peppiatt, Pascal Rousseau, Véronique Wiesinger).

Des questions existentielles, délicates, et d’actualité comme "Qui fait désormais l’histoire de l’art en tenant compte de l’intrusion du marché ?" ou "Qu’est ce qui fonde l’iconicité d’une œuvre ?" sont traitées dans des essais d’historiens de l’art et de philosophes (dont Robert Storr, Patricia Falguières, Jacqueline Lichtenstein, Élisabeth Lebovici, Jean-Pierre Criqui, Alain Cueff).

Dans l’ouvrage, le corpus des œuvres respecte l’ordre alphabétique des artistes. Il est accompagné d’œuvres de comparaison, illustrant le propos.

D’un contenu scientifique conséquent. L’intérêt de cet imposant catalogue est aussi son parti pris d’offrir aux lecteurs des illustrations d’excellentes qualité souvent de grand format (une dizaine existent en dépliants), et sur un papier de grande qualité.

Les Clefs d’une passion, coédition Hazan / Fondation Louis Vuitton, publié sous la direction de Suzanne Pagé et Béatrice Parent, 288 pages, 150 illustrations, 260 x 295mm, relié, existe en version française et en version anglaise. 45€.

Djian (Philippe). Voyages

Au musée du Louvre, Philippe Djian propose, par une exposition, un voyage onirique dans les arts et la littérature. Goût pour l’ailleurs, désir de passer au-delà des frontières, ces voyages se découvrent aussi comme d’universelles interrogations humaines sur l’avenir de l’individu ou de l’espèce, une transhumance des âmes, un exil intérieur, une forme de la création littéraire.

Ce beau livre de Djian n’est pas un commentaire des œuvres choisies pour cette exposition. C’est un ensemble autonome qui pourrait être lu seul. Il précède les reproductions des œuvres présentées, puisées par l’auteur dans le fonds de la collection Edmond de Rothschild conservé au Louvre.

De nombreux dessins et estampes de Dürer, Rembrandt, Seghers et bien d’autres, des livres, des carnets de voyages d’artistes occidentaux des XVIIIe et XIXe siècles, sont accompagnés de dessins de Victor Hugo, d’estampes de Pierre Alechinsky ou de Louise Bourgeois, une vidéo de Bill Viola était présentée à l’événement, une grande encre d’Henri Michaux, enfin une œuvre contemporaine consacrée, par le Collectif anonyme défendu par Vincent Sator, à la Cartographie littéraire de Guy Debord.

Philippe Djian. Voyages, coédition Gallimard / musée du Louvre Éditions, 200 pages, 8p. hors texte, 70 illustrations, sous couverture illustrée, 185 x 235mm, 29€.

Fashion Mix

Cristóbal Balenciaga, Antonio Cánovas del Castillo, Sonia Delaunay, Mariano Fortuny, John Galliano, Natalia Gontcharova, Marc Jacobs, Rei Kawakubo, Patrick Kelly, Kenzo, Mainbocher, Martin Margiela et les Six d’Anvers, Alexander McQueen, Issey Miyake, Edward Molyneux, Rick Owen, Lola Prussac, Paco Rabanne, Elsa Schiaparelli, Riccardo Tisci, C. F. Worth, Yohji Yamamoto…

Qu’ils soient Britanniques, Italiens, Espagnols, Belges, Russes, Américains ou Japonais, tous ces légendaires créateurs ont en commun d’avoir quitté leur pays natal pour faire de Paris leur ville d’adoption ou leur terrain d’expérimentations.

Aujourd’hui la capitale française est à nouveau le berceau de la haute couture avec ses 4 Fashion Weeks annuelles aux innombrables défilés, ses boutiques et maisons de couture renommées. C’est une des capitales de la mode.

Fashion Mix retrace l’histoire de la mode française par le prisme de l’histoire de l’immigration, et révèle comment la haute couture et le prêt-à-porter parisiens se sont enrichis de ces différents parcours au point de proclamer Paris capitale internationale de la mode.

Ce catalogue met cette synergie en valeur, retraçant les grandes étapes de création : les grandes écoles internationales et leur présence à Paris (l’Académie d’Anvers, la Saint Martins School, les écoles italienne, américaine, japonaise...), la confection de mode dans les maisons parisiennes, jusqu’aux défilés qui comptent tant de mannequins d’origine étrangère.

Les textes sont "étoffés" d’une superbe iconographie mêlant sciemment des fac-similés de documents (cartes de séjour, factures...) et des photographies de vêtements féminins et masculins, chaussures et accessoires.

Parmi les contributeurs de cet ouvrage collectif, Olivier Saillard est le directeur du musée Galliera, Cally Blackman est maître de conférence à la Centrale Saint Martins School, Tsujita Kaya est historienne de la mode et spécialisée en la matière dans le croisement France-Japon.

Fashion Mix, coédition Flammarion / musée de l’histoire de l’immigration / Palais Galliera, relié, 176 pages, 280 x 210 mm, 35€.

Invention / Design. Regards croisés

Ce petit catalogue bilingue établit les liens entre les inventions et le design, à partir des collections historiques du Conservatoire des Arts et Métiers. Qui a-t-il de commun dans l’ingéniosité des inventeurs, des constructeurs et des designers ?

Cela permet de lister 6 grands thèmes des missions présentées au design : sa capacité à viser l’essentiel, ses obligations à faire preuve de curiosité et d’audace, à s’adapter au contexte, à s’inscrire dans une histoire des formes, et à recourir à de nouveaux outils de conception.

Une centaine de références, pièces historiques et créations de design contemporain, y sont mises en regard pour montrer combien l’inventivité comme le design sont au cœur des transformations de notre société.

Invention / Design. Regards croisés, coédition artlys / musée des arts et métiers, français / anglais, illustré, 112 pages, 15€.

Klimt (Au temps de). La Sécession à Vienne

Le catalogue de cette exposition, tout en se concentrant sur l’œuvre de Gustav Klimt (mais aussi sur celles d’autres artistes dont Egon Schiele, Carl Moll et Oskar Kokoschka), explore la riche période de la Sécession à Vienne et analyse ses fortes influences sur toutes les formes d’art qui en ont été transformées.

Les articles rassemblés dans cet ouvrage (Paris-Vienne 1900, de Agnes Husslein-Arco ; Une association de jeunes artistes est toujours internationale : la Sécession à Vienne, de Markus Fellinger), étudient et nous parlent non seulement des propres chefs-d’œuvre de Klimt tels que Judith et la frise Beethoven (par Alfred Weidinger), mais également interrogent dans le détail les différents aspects des relations qui se tissèrent dans ces débuts du XXe siècle entre Vienne et Paris, et la place qu’occupa l’œuvre de Klimt dans le contexte historique et culturel de la Sécession.

Dans ce catalogue, les toiles et sculptures des artistes se juxtaposent aux œuvres artisanales, aux céramiques (dont celles de Michael Powolny), à la photographie (dont celles d’Heinrich Kühn), et à l’architecture (von Krauss, Riha) ou le design de cette époque, aux meubles, aux bijoux, révélant le foisonnement exceptionnel dans lequel baignait, vivait et travaillait Gustav Klimt.

Alfred Weidinger, auteur, conservateur et expert de l’art de Gustav Klimt, est le vice directeur du Belvédère de Vienne, qui détient la plus large collection de tableaux de l’artiste autrichien.

Reproductions de fort belle facture et format judicieusement choisi.

Au temps de Klimt. La Sécession à Vienne, coédition Pinacothèque de Paris / Belvedere, Vienne / 24 Ore Cultura, publié sous la direction de Markus Fellinger, relié, 280 x 310 mm, 200 illustrations, 224 pages, 45€.

Krull (Germaine)

Germaine Krull (1897-1985) a été typique de son époque. Après un engagement politique marqué par la révolution spartakiste à Munich et à Berlin, participe aux profonds bouleversements de la pratique photographique qu’elle enrichit de son tempérament très individuel et original.

C’est de plus une des femmes-photographes les plus célèbres de l’histoire de la photographie, pour sa participation aux avant-gardes des années 1920-1940... et pour avoir mener une vie qui était plusieurs romans. La publication de son portfolio Métal en 1928, sa collaboration à l’exposition Film und Foto en 1929 l’inscrivent comme l’une des égéries de la "modernité".

Ses photos sont présentées dans les plus grandes collections muséales, et elle-même participa à toutes les manifestations sur la photographie d’avant-garde de l’entre-deux-guerres. Elle est la pionnière du "livre de photographie", et figure dans toutes les études sur le nu féminin au XXe siècle... tout en étant à l’origine du reportage moderne.

Aventurière, sa vie fut flamboyante, et cela explique certainement que son œuvre ait été moins étudiée que ne le furent celles de Man Ray, Moholy-Nagy ou Kertész, certainement aussi du fait de période d’éclipses en Asie (en Thaïlande et en Inde) ou de liens distendus avec le milieu de la photographie.

Ce catalogue revêt donc une importance toute particulière car il permettra selon toute vraisemblance un positionnement plus juste de la réalité de son œuvre photographique. Germaine Krull travailla constamment en vue de la publication de ses photographies. On reconnait l’importance du magazine VU lancé en 1928, auquel elle participe dès le début, et qui lui permet d’élaborer, avec Kertész et Lotar, cette forme de "reportage" qui lui convient si bien. mais afin de vivre de ses photographies, elle participe à de nombreuses autres publications, comme les magazines Jazz (76 photographies sur 17 numéros), Variétés, Paris-Magazine, Art et médecine, Voilà, L’Art vivant, La France à table, etc.

Et surtout, fait notoire et novateur, Germaine Krull publie plusieurs livres ou portfolios dont elle est l’unique auteur : Métal (1928), 100 x Paris (1929), Études de nu (1930), Le Valois (1930), La Route Paris-Biarritz (1931), Marseille (1935), ainsi que le premier photo-roman avec Simenon, La Folle d’Itteville (1931). Ces publications regroupent quelque 500 photographies.

Ses photographies illustrent d’autre part de nombreux autres livres : Paris (1928), Visages de Paris (1930), Paris under 4 Arstider (1930), et enfin La Route de Paris Méditerranée (1931).

Ce catalogue privilégie la période de pleine activité de Germaine Krull, de 1924 à 1935, mais inclut aussi la période Monte-Carlo (1935-1940), et son travail au service de la France Libre, jusqu’en 1945. La période ultérieure, lorsqu’elle vit en Asie, ne sera que rapidement évoquée.

Très illustré (150 photographies), complété de nombreux extraits de livres et magazines, il révèle et analyse les intensions et les imaginaires de la photographe, pour permettre de mieux apprécier la continuité et les constantes du travail de Germaine Krull, tout en mettant en valeur ses innovations esthétiques.

Germaine Krull. Coédition Hazan / Jeu de Paume, sous la direction de Michel Frizot, 230 x 280mm, 200 illustrations, 264 pages, 35€.

Lanvin (Jeanne)

Alors que la maison Jeanne Lanvin est une des griffes de mode les plus prestigieuses et les plus anciennes de notre capitale, elle n’avait encore jamais fait l’objet d’une rétrospective à Paris. Celle du Palais Galliera est donc une première.

L’occasion a permis de rassembler très exceptionnellement quelque 110 robes et manteaux. Compte tenu de l’extrême fragilité des œuvres d’une telle collection, qui ne resteront par conséquent pas très longtemps exposées, ce catalogue, dont les qualités sont indéniables, deviendra très vite un objet de référence pour tous ceux qui ont su remarquer l’élégance toute particulière et la virtuosité qui règnent sur ces vêtements à l’audace sereine et au luxe très sage mais marqué. D’autant que la documentation proposée est extrêmement précise et illustrée avec rigueur.

L’ouvrage, par son approche chrono-thématique, croise et mêle habilement la vie et l’œuvre de cette femme d’exception, à travers une iconographie conservée dans le fonds du Palais Galliera, mais aussi complétée par des pièces majeures et des documents choisis du Patrimoine Lanvin.

Soulignons que, pour la présentation des pièces exposées lors de cet événement et pour le catalogue, une campagne de prises de vue a été spécialement réalisée par la photographe Katerina Jebb.

Cette grande dame de la Couture française, qui se fiait à son instinct et s’abandonnait à son inspiration, confiait à Vogue : "Si j’aime la mesure, je n’admets pas plus l’excès que l’étriqué (...)"

La maison Jeanne Lanvin poursuit ses créations sous la direction artistique d’Alber Elbaz, qui a assuré également la direction artistique de l’ouvrage.

Jeanne Lanvin. Coédition Paris Musées / musée Galliera. Sous la direction de Sophie Grossiord, conservateur général au Palais Galliera, avec Olivier Saillard, commissaire général, Solène Béraud, Laurent Cotta, Christian Gros, Hélène Guéné, Sylvie Lécallier, Dean L. Merceron. Relié, 352 pages, 250 illustrations, 22 x 27,5 cm, 45€.

Magie. Anges et démons dans la tradition juive

Superstition, philosophie, pensée savante ou respect des traditions, les pratiques magiques ont été très répandues dans la culture juive, et elles ont été transmises de génération en génération depuis l’Antiquité jusqu’à un passé... qui nous est vraiment très proche.

Pourtant, le sujet est mal connu du public, et les fantasmes qu’il inspire véhiculent souvent des clichés et des approximations.

Ce catalogue, qui s’est appuyé sur une exposition originale du musée d’Art et d’histoire du judaïsme à Paris, lève le voile sur ce domaine à la fois complexe et passionnant, où se croisent philosophie, ethnologie, beaux-arts, histoire, arts et traditions populaires.

Son iconographie s’appuie sur des reproductions d’objets populaires (outils de transmission, talismans et amulettes) et de pages enluminées d’ouvrages rares et précieux issus des plus prestigieuses bibliothèques (BnF, bibliothèque de l’Alliance israélite universelle, bibliothèque de Genève). L’ouvrage apporte ainsi un éclairage exceptionnel sur les formes élémentaires de la magie juive, les objets magiques populaires, les rapports entre médecine et magie, la kabbale, et enfin la spécificité des pratiques chez les juifs du Maghreb émigrés en France dans les années 1960.

Ces questions font l’objet de focus richement illustrés, faisant suite à une large introduction abordant la question de la magie de façon transversale et diachronique : magie juive dans l’Antiquité, démonologie, diffusion dans la pensée savante et médicale, mais aussi interactions au-delà de la sphère culturelle juive (monde chrétien, monde musulman).

Magie. Anges et démons dans la tradition juive. Coédition Flammarion / musée d’Art et d’histoire du judaïsme. Ouvrage collectif dirigé par Anne Hélène Hoog, conservatrice au MAHJ, et Gideon Bohak, professeur de philosophie à l’Université de Tel-Aviv. 176 pages, 195 x 255 mm, 30€.

Mannequin d’artiste, mannequin fétiche

De petite taille ou grandeur nature, ce type de mannequin aide les artistes depuis la Renaissance à progresser dans l’art de la composition et dans le rendu des drapés comme des proportions anatomiques.

Dès la fin du XVIIIe siècle, ils seront nombreux à explorer ce simulacre dont "l’inquiétante étrangeté" croise celle des poupées de mode et des mannequins de vitrine.

Plus tard, vers les temps modernes, sur des modes ludique, ironique, érotique voire inquiétant, la figure du mannequin prendra son indépendance et deviendra le sujet même de certaines œuvres et parfois même un sujet extrêmement récurrent pour certains artistes.

Cette étude remarquablement documentée retrace l’évolution historique du mannequin d’artiste et s’appuie sur une iconographie variée et souvent étonnante (peintures, dessins, photographies, schémas et brevets d’invention)... brassant plusieurs siècles d’art.

Vous y retrouverez des artistes dont Poussin, Courbet, Burnes Jones, Sert, Bellmer ou Man Ray, qui ont chacun à sa manière, mis en scène ce compagnon muet, soutien indispensable restant sur son quant-à-soi.

Sujet insolite, original et très rarement traité, ce catalogue pousse à des découvertes et des interrogations.

Mannequin d’artiste, mannequin fétiche, de Jane Munro. Coédition Paris Musées / musée Bourdelle, relié, 25 x 28 cm, 276 pages, 330 illustrations, 49,90€.

Napoléon et Paris. Rêves d’une capitale

Ce somptueux catalogue établit le constat des rapports complexes que Napoléon Bonaparte a entretenu avec Paris, dont il voulait avant l’heure faire ce que l’on appelle aujourd’hui une "ville-monde".

Alors que de 1805 à 1814 il ne passa au total que 900 jours à Paris, Napoléon s’est efforcé avec ardeur à remodeler cette cité dont il se méfiait mais qu’il voulait combler et faire briller plus que toute autre capitale d’alors.

Par les nombreuses institutions et administrations qu’il inventa et installa, ces innombrables monuments et le splendide faste de sa cour, par son pouvoir de fer aussi, ce visionnaire dressait des avant-projets qui ne devaient voir le jour que beaucoup plus tard.

On lui doit nos arcs de triomphe, le musée du Louvre, la colonne Vendôme, la rue de Rivoli, et le Palais Brongniart, mais aussi une bonne partie de notre alimentation en eau potable, de nos marchés alimentaires, de quelques-uns de nos plus beaux ponts, de nos meilleurs lycées, et un début d’agencement des cultes.

Les historiens les plus réputés sur cette époque apportent leurs éclairages complémentaires pour ce personnage dont les entreprises se rattachaient tout autant au siècle des Lumières qu’à l’invention d’un nouvel absolutisme et d’un projet dynastique touchant une grande partie de l’Europe.

Deviendra rapidement une référence.

Napoléon et Paris. Rêves d’une capitale, coédition Paris Musées / Musée Carnavalet, publié sous la direction de Thierry Sarmant, Florian Meunier, Charlotte Duvette et Philippe de Carbonnières24 x 30 cm, 300 pages, relié toilé avec jaquette, 260 illustrations couleur, 44,90€.

Saint Laurent (Yves) 1971, la collection du scandale

Le scandale vint qu’en janvier 1971, Yves Saint Laurent présentait sa nouvelle collection inspirée des sombres années de l’Occupation... Épaules carrées, manches bouffantes, tailleurs pantalons, robes-chemisiers imprimées, semelles compensées. Et pourquoi pas traits de crayon dans l’axe arrière de la jambe pour simuler un bas absent pendant qu’il y était...

Effroi de ses plus fidèles clientes guindées : le jeune maître, le petit génie était devenu fou ! Et sous le coup de l’émotion, la collection devient "la plus laide de Paris"... Largement réévaluée depuis, on en fait de nos jours un mythe, et elle devient a contrario la plus moderne de toute, celle qui fut immédiatement adoptée par la rue, son créateur devenant l’inventeur du "rétro" !

Ce catalogue, en reconstituant cette collection, en confronte les dessins et les échantillons de tissus à nos regards d’aujourd’hui, pour lesquels il est bien évident qu’une mécanique d’intégration de l’histoire récente dans la mode, et d’un éternel recommencement se mettaient alors en mouvement... véritable instant charnière.

Témoignages de ces bouleversements par ceux qui les vécurent, et analyses, abondamment illustrés.

Yves Saint Laurent 1971, la collection du scandale. Coédition Flammarion / Fondation Pierre Bergé Yves Saint Laurent. Ouvrage collectif d’Olivier Saillard, directeur du musée de la Mode de la Ville de Paris, et de Dominique Veillon, directrice de recherche au Cnrs et spécialiste de la Seconde Guerre mondiale. Broché, 175 x 275 mm, 192 pages, 30€.

Télémaque (Hervé)

Hervé Télémaque est né en Haïti en 1937, où il prend rapidement contact avec le Centre d’art de Port-au Prince. Il part pour New York en 1957, suit les cours de Julian Edwin Levi, et y débute sa carrière. Le racisme l’amènera à choisir Paris en 1961, où il s’installe et comptera rapidement parmi les artistes marquants de sa génération.

Télémaque a notoirement contribué à l’émergence du mouvement artistique de la Figuration narrative. Son œuvre participe alors à la fois au surréalisme et au pop art, puisant autant dans ses origines et sa biographie personnelles que dans une réflexion sur l’objet, symbole et produit de consommation, qu’il explore en mode ludique, se permettant d’éclairer les fines relations tissées entre image et langage.

Longtemps adepte de la "ligne claire" de l’École d’Hergé, combinant souvent peinture et objets réels avant d’aborder collages et assemblages, Télémaque porte tout au long de son évolution un regard poético-politique sur le monde, préservant bien présentes dans son expression ses racines haïtiennes.

Sujette à de multiples interprétations, sa production, que caractérisent sa force plastique, son acuité critique, sa réjouissante ironie, voire sa gaité acidulée, y est éclairée de documents inédits et par des textes et commentaires pertinents de Christian Briend, Jean-Paul Ameline, Renaud Faroux et Pierre Wat.

Précieuse et passionnante biographie de Bénédicte Ajac.

Parce qu’il rassemble bon nombre de ses peintures, dessins, collages, objets et assemblages, ce catalogue en forme de rétrospective constitue désormais un ouvrage de référence sur Télémaque, et de la diversité de son œuvre. Le prétexte en a été la rétrospective bienvenue organisée par le Centre Pompidou et le musée Cantini de Marseille.

Hervé Télémaque, coédition Centre Pompidou / Musées de Marseille - musée Cantini / Somogy éditions d’art, sous la direction de Christian Briand, assisté de Bénédicte Ajac. Broché avec rabats, 24,6 x 28 cm, 272 pages, 130 illustrations, 35€.

Toilette (La). Naissance de l’intime / The Invention of privacy

Ce catalogue accompagne l’exposition La Toilette. Naissance de l’intime conçue pour le musée Marmottan-Monet. Cet ensemble réunit des œuvres d’artistes majeurs du XVe siècle à nos jours. Elle traite des rites autour de la propreté et de l’hygiène corporelles, de leurs espaces et de leurs gestuelles.

Le sujet a été particulièrement bien accueilli dans le monde de l’art. Au point que de prestigieux musées et des collections internationales ont apporté leur concours à l’entreprise en consentant des prêts majeurs, parmi lesquels des suites de peintures qui n’avaient jamais été montrées depuis leur création, et qui sont présentées dans l’ouvrage.

Les reproductions de cette centaine de tableaux, sculptures, pièces de mobilier exceptionnelles, estampes et photographies composent un ensemble d’exception.

Des gravures de Dürer, du Primatice, des peintures de l’École de Fontainebleau, parmi lesquels un François Clouet, l’exceptionnelle Femme à la puce de Georges de La Tour, un ensemble unique et étonnant de François Boucher, montrent la succession d’étapes que traversèrent l’invention des gestes et des lieux spécifiques de la toilette dans l’Europe de l’Ancien Régime.

Avec le XIXe siècle, un renouvellement en profondeur des outils et des modes de la propreté s’affirme. C’est l’apparition du cabinet de toilette, quand l’usage plus diversifié et abondant de l’eau inspirent à Manet, à Berthe Morisot, à Degas, à Toulouse Lautrec et d’autres artistes des scènes inédites de femmes (souvent leurs modèles ou des prostituées, avant que ce ne soient leurs compagnes ou femmes) se débarbouillant dans un tub ou une cuve de fortune.

Les gestuelles sont bouleversées, l’espace se clôt définitivement, réservé à une véritable intimité, qui semble inspirer fortement les artistes qui s’y immiscent.

Une forme d’entretien de soi se lit dans ces œuvres, d’où se dégage une profonde impression d’intimité d’autant plus moderne qu’on y surprend de discrets abandons et même parfois de la rêverie.

L’ouvrage en viendra aux images familières et déconcertantes de nos salles de bains « fonctionnelles », et même de cette tranquille revendication de corps qui ne se cachent ni ne provoquent.

Dans ces œuvres qui nous racontent l’évolution de certaines franges de nos pratiques quotidiennes, on découvrira des plaisirs et des surprises d’une profondeur peu attendue, et les objets qui tour à tour connurent les faveurs de ces dames... qui remarquons-le, sont presque seules à être dévoilées dans cette activité. Quelle surprise !

Le catalogue a été dirigé par les commissaires de l’exposition, l’historienne d’art Nadeije Laneyrie-Dagen et l’historien de la culture Georges Vigarello.

La Toilette. Naissance de l’intime / The Invention of privacy, coédition Hazan / musée Marmottan-Monet, sous la direction de Nadeije Laneyrie Dagen et de Georges Vigarello. Bilingue, broché, 22 x 28,5cm, 224 pages, 117 illustrations, 29€.

André Balbo

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Mention spéciale au Prix CatalPa 2012 : Artemisia (1593-1654). Pouvoir, gloire et passions d’une femme peintre, coédition Gallimard / musée Maillol ;
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Voir aussi : www.laffairedescatalogues.org.

Informations pratiques
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lundi 6 mai 2019,    Expositions