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Guillaume Apollinaire

Le catalogue de l’exposition Apollinaire. Le regard du poète, coédition Gallimard / musées d’Orsay et de l’Orangerie, s’est vu décerné le Prix CatalPa 2016 pour les catalogues d’expositions de Paris. Il lui a été remis par Dany Laferrière, de l’Académie française, président d’honneur du Prix CatalPa.

L’exposition s’est tenue du 5 avril au 18 juillet 2016, au musée de l’Orangerie, "quand Apollinaire était un critique d’art très écouté".


Présentation de l’artiste

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Guillaume Apollinaire, de son vrai nom Guglielmo Alberto Wladimiro Alessandro Apollinare de Kostrowitzky, poète et écrivain français (1880-1918) de toute première importance, d’origine polonaise, meurt à 38 ans, non pas des suites d’une blessure de guerre faite à la tempe (il a été pour cela trépané) mais plus trivialement de la grippe espagnole (qui fit davantage de morts encore que la Première Guerre mondiale !).

Après une enfance passablement brinquebalée, et constellée d’aventures, ce bon élève dont la mère était "courtisane" et le père inconnu s’installe à Paris en 1900, la ville par excellence des arts et de la littérature. Il y travaille comme nègre puis journaliste, publiant contes et poèmes dans des revues.

Apollinaire et Marie Laurencin. La Muse inspirant le poète, d’Henri Rousseau (1909). Kunstmuseum (Bâle)

Il rencontre, amenée et présentée par Picasso comme celle qui deviendra sa femme, la peintre Marie Laurencin en 1907 avec qui les rapports seront volcaniques, et participe à constituer un groupe d’amis qui rassemble quelques joyeux numéros comme Max Jacob, Paul Poiret, Pablo Picasso, Jean Metzinger, Paul Gordeaux, André Derain, Edmond-Marie Poullain, Maurice de Vlaminck et le Douanier Rousseau.

Ce seront ses collaborations avec le journal l’Intransigeant qui le feront adopter et reconnaître par le public comme poète, journaliste bien sûr, et critique d’art.

La vie d’Apollinaire a souvent été rocambolesque, dans les péripéties de ses activités professionnelles, dans ses élans sentimentaux (il est fréquemment éconduit), voire même dans ses vœux de citoyen.

Marc Chagall, Hommage à Apollinaire, 1913, huile sur toile, Eindhoven, Collection Van Abbemuseum. Soutenu par Apollinaire, Chagall lui dédie cette toile (sur laquelle il est cité) évoquant l’harmonie perdue du monde, où se mêlent les allusions à la poésie, aux arts visuels et à la philosophie. Adam et Ève, dont les jambes se rejoignent, sont disposés au centre d’un cercle, cadran de pendule et image de l’Univers.

Soupçonné d’avoir dérobé la Joconde au musée du Louvre, il sera même incarcéré une semaine à la prison de la Santé.

Enfin, son enrôlement dans l’Armée française lui sera momentanément refusé en 1914, n’ayant pas encore acquis à cette date la nationalité française qu’il n’obtiendra qu’en 1916.

Critique respecté, il fut le chantre, le protagoniste et le complice de quelques-unes des avant-gardes artistiques de son époque, dont le cubisme, et on lui prête un rôle de précurseur du surréalisme, dont il aurait inventé le terme.

Certains de ses poèmes furent écrits avec des vers et des strophes graphiquement dessinés, d’autres furent adaptés en chanson (comme Le Pont Mirabeau).

L’érotisme aurait constitué une part importante de la complicité entre Apollinaire et Picasso.

Les deux amis échangeaient des dessins très crus, ou des lettres émaillées d’allusions, ce qui est notoirement fréquent dans la culture hispanique.

Guillaume Apollinaire. Dessin de femme nue : Ce qu’on peut s’amuser avec les nombres astronomiques !!! 1916, aquarelle, collection particulière.

Picasso suit de près le rassemblement des textes érotiques initié par Apollinaire à des fins de publication. C’est ainsi qu’il découvre Sade, Les exploits d’un jeune Don Juan et Les Onze Mille Verges, dont le poète lui dédicace en vers un exemplaire.

Après avoir été blessé à la tête, et trépané en 1916, Apollinaire poursuit ses expérimentations artistiques, associant mots et mises en forme plastique dans les jeux de sens et visuels de ses calligrammes.

Pleins feux sur le théâtre en 1917, collaborant notamment à la rédaction du spectacle Parade (avec Picasso, Satie et Cocteau), et la mise en scène de sa propre pièce Les Mamelles de Tirésias. La pièce sera jouée à Montmartre en présence de Louis Aragon, André Breton, Max Jacob, Jean Cocteau, Jacques Doucet, Francis Poulenc, et provoquera d’importants troubles et des réctions passionnées dans le public. C’est alors qu’il invente le mot "surréalisme", qui sera repris par Breton.

Affaibli par sa blessure, il sera foudroyé par la grippe espagnole le 9 novembre 1918. Il avait prédit dans sa conférence "L’esprit nouveau et les poètes" que le phonographe et le cinéma deviendraient les lecteurs nouveaux de la poésie du futur.

La tombe de Guillaume Apollinaire au cimetière du Père Lachaise, division 86, présente un monument-menhir, conçu par Picasso et financé par la vente aux enchères de deux œuvres de Matisse et de Picasso le 21 juin 1924.

Dans un entretien accordé à Perez-Jorba dans La Publicidad, Apollinaire dit « Je suis partisan acharné d’exclure l’intervention de l’intelligence, c’est-à-dire de la philosophie et de la logique dans les manifestations de l’art. L’art doit avoir pour fondement la sincérité de l’émotion et la spontanéité de l’expression : l’une et l’autre sont en relation directe avec la vie qu’elles s’efforcent de magnifier esthétiquement ». L’acte de créer doit venir de l’imagination, de l’intuition, car il doit se rapprocher le plus de la vie, de la nature.

Ses principales œuvres : Alcools (1913), Ombre de mon amour, Les Mamelles de Tirésias, Poèmes à Lou, Calligrammes (1918)

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Présentation de l’exposition "Apollinaire, le regard du poète"

L’exposition "Apollinaire, le regard du poète" s’attache essentiellement aux années 1902-1918, quand celui-ci se montrait un critique d’art actif et perspicace.

Max Jacob (1876-1944), Guillaume Apollinaire et sa muse, 1910. Plume et encre noire, lavis d’encre brune, crayon de couleur, gouache, plume et encre brune sur papier vélin. Orléans, musée des Beaux-Arts. Max Jacob représente avec humour son ami en costume des années 1910 inspiré par une muse dans un cadre antique, allusion aux auteurs anciens.

Durant cette période, un prodigieux bouillonnement artistique et intellectuel voit éclore écoles, manifestes, expériences et découvertes dans ces domaines. La personnalité d’Apollinaire, sa sensibilité artistique, son insatiable curiosité, font de lui un témoin, un acteur et un passeur privilégié des bouleversements du début du XXe siècle.

Giorgio de Chirico (1888-1978). Portrait (prémonitoire) de Guillaume Apollinaire, avril-juin 1914, fusain et huile sur toile. Centre Pompidou. Apollinaire soutient très tôt de Chirico et sa "peinture métaphysique", et l’artiste lui offre cette toile en 1914. Le buste de marbre blanc, muni de lunettes de soleil, symbolise à la fois le poète philosophe, le patriarche et l’artisan de l’unité italienne Camillo Cavour. Il contraste avec le profil sombre de l’homme au second plan, ce qui en fait un "homme cible". Apollinaire se trouve une ressemblance avec ce profil. La réalité dépasse la fiction quand le poète est blessé à la tempe gauche en mars 1916, à l’endroit exact indiqué sur le profil. Les surréalistes intituleront plus tard cette œuvre le portrait "prémonitoire" d’Apollinaire, qui ne prendra que tardivement possession de l’œuvre, confiée à Paul Guillaume.

Grand découvreur de l’art de son temps, il avait (aujourd’hui nous dirions calculé) "situé une fois pour toutes la démarche d’un Matisse, d’un Derain, d’un Picasso, ou d’un de Chirico (…) au moyen d’instruments d’arpentage mental comme on en avait plus vus depuis Baudelaire", déclarait Breton en 1952.

Marie Laurencin, Apollinaire et ses amis 1909.

Il s’agit par la magie de cette exposition de mettre au jour l’écho que recueillait à son époque le regard de ce poète-critique, comme avant lui ceux de Baudelaire ou de Mallarmé en leurs temps. Poète, critique, grand découvreur des arts africains, ami des artistes, Apollinaire s’est révélé un acteur central de la révolution esthétique qui donnait ni plus ni moins naissance à l’art moderne.

L’événement propose une exploration de l’univers mental et esthétique d’Apollinaire à travers un parcours thématique : du Douanier Rousseau à Matisse, Picasso, Braque ou Delaunay, du cubisme à l’orphisme et au surréalisme, des sources académiques à la modernité, des arts premiers aux arts populaires.

Il mettra tout particulièrement à l’honneur les liens du poète avec Picasso dans une section dédiée... Elle trouve tout naturellement sa place au musée de l’Orangerie, aux côtés d’œuvres réunies par son ami Paul Guillaume (qu’il introduisit dans les cercles de l’avant-garde) dont il devint le conseiller.

La commissaire générale est Laurence des Cars, conservateur général du patrimoine et directrice du musée de l’Orangerie.

Apollinaire, le regard du poète, du 5 avril au 18 juillet 2016, au Jardin des Tuileries, place de la Concorde. 01 44 77 80 07, 01 44 50 43 00. Ouvert de 9 à 18h. Dernier accès à 17h15. Fermé le mardi. 9 ou 6,50€. Gratuit le 1er dimanche du mois. Gratuit aux moins de 26 ans.


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Vous retrouvez comme chaque année dans LES GRANDES EXPOSITIONS 2016 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans CALENDRIER 2016 des grandes expositions à Paris ces mêmes expositions sont classées par dates.

Dans la série Toutes les expositions 2016 dans les plus grands musées de Paris... lire également :
Au musée du Louvre, au Centre Pompidou, au Grand Palais, au musée d’Orsay, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Jeu de Paume, au Palais de Tokyo, à la Bibliothèque nationale de France, au musée du Quai Branly, au musée des Arts décoratifs, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, au musée Guimet, et au musée Galliera.

Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez être amenés à apporter à ces programmes.

Nous vous indiquons chaque semaine les nouveautés, les expositions qui fermeront bientôt leurs portes, et... nos préférences, car on ne se refait pas : PARIS EXPOS HEBDO : que faire à Paris du....

Contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer.

Nous établissons, au fur et à mesure de leur publication, notre sélection des catalogues d’expositions 2016 de Paris, comme nous l’avons fait les années précédentes : 2015, 2014, 2013, 2012.

Le catalogue "Apollinaire, le regard du poète" a reçu le Prix CatalPa 2016 pour les catalogues d’expositions de Paris.

Il lui a été décerné le 15 novembre par son Président d’Honneur, Dany Laferrière, de l’Académie française.

Le Prix CatalPa, dont c’était la 5e édition, a été créé en 2012 par l’association Les Arpenteurs d’expositions, reconnue d’intérêt général.

"Ce Prix CatalPa 2016 pour les catalogues d’expositions provoquera certainement chez les lecteurs qui ne profitèrent pas de l’exposition au musée de l’Orangerie des regrets et un fond de mélancolie.

Réussites de l’objet, de sa couverture, de sa mise en pages et des choix de couleurs, mais on évoquera des textes solidement documentés, des références que rythment alternativement des changements de polices de caractères ou des différences de papiers.

On assiste bel et bien à une « prise de possession » de la page, la lecture est fluide et s’auto-alimente, créant plus que l’envie, le besoin d’aller plus loin.

Par la construction des regards croisés du poète et de ses amis artistes, le catalogue déploie de nouvelles perspectives et ouvre la soif d’en apprendre davantage.

Les illustrations, d’une grande qualité, sont d’une grande variété, les calligrammes de poèmes parfois rehaussés d’aquarelle. Comme le choix des œuvres a dû être difficile ! Combien il nous est apparu pertinent !

Voilà une tentative de dévoiler toute l’envergure d’Apollinaire : poète, aquarelliste, illustrateur, peintre, amateur d’art, critique, et fin humoriste, quand il nous confie : "J’ai tellement aimé les arts que je suis artilleur"." Les Arpenteurs d’expositions

Vous pouvez consulter quelques dizaines de présentations d’artistes, classées de A à Z.

Nous vous proposons aussi une sélection de musées et d’expositions dans les villes françaises suivantes, que nous nous efforçons de tenir assez régulièrement à jour :
Angoulême - Arles - Avignon - Bordeaux - Dijon - Grenoble - Ile-de-France - Lens - Lille - Lyon - Marseille - Metz - Montpellier - Nantes - Nice - Ornans - Rennes - Rodez - Rouen, Le Havre - Saint-Étienne - Strasbourg - Toulouse - Tours

Et juste des musées et expositions temporaires pour quelques villes étrangères : Amsterdam, Berlin, Bâle, Bruxelles, Genève, Londres, Madrid, Milan, et Venise.

André Balbo

sources : Visite, musée de l’Orangerie

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

mardi 23 octobre 2018,    Expositions