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Une salle de shoot à Paris en 2016 : Rue Ambroise-Paré

Le projet de "salle de shoot" a été déplacé sur le site de l’hôpital Lariboisière. Cet espace de consommation de drogues à moindre risque sera installé dans l’hôpital Lariboisière (10ème arrondissement) et ouvrira ses portes en octobre 2016.


Pour les associations qui viennent en aide aux toxicomanes, il est plus qu’évident que l’ouverture d’une salle de shoot à Paris augmenterait non seulement la sécurité de cette population mais également celle des riverains, en résolvant notamment la question des fréquents abandons sur la voie publique de seringues risquant d’être contaminées. "Sans les salles de shoot, on ne peut pas aller au bout de la prévention, expliquait ainsi Stéphane Roy, coordinateur de l’association Safe qui gère 33 distributeurs automatiques de kits d’injection stériles disséminés dans toute la capitale. Et il faut quand même savoir ce que c’est que de se shooter à l’arrache dans la rue… C’est dangereux pour tout le monde. La salle de shoot permettra de limiter cette toxicomanie de rue."

Le 21 décembre 2015, Rémi Féraud, le maire du 10ème arrondissement, a annoncé qu’une première "salle de shoot" ouvrirait à l’automne 2016. Elle sera installée rue Ambroise-Paré, celle de l’hôpital Lariboisière dont elle dépendra. Si pour l’élu cette ouverture sera bénéfique sur bien des plans ("sanitaire, social et de tranquillité publique"), les associations de riverains et l’opposition sont bien entendu vent debout contre le projet depuis de longs mois.
Le 29 mars 2016, l’ouverture est votée au Conseil de Paris. "Ce sera un progrès pour la santé et la sécurité des Parisiens", estime le secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen. Cet espace de 450 m2 ouvre vendredi 14 octobre 2016 et sera accessible de 13h30 à 20h30, sept jours sur sept.

Pierre Chappard, du collectif du 19 mai pour l’expérimentation des centres de consommation supervisée, affirmait déjà en 2010 que les études montrent que ces salles de shoot ne font ni diminuer, ni augmenter la consommation de drogues. En revanche, elles réduisent les risques liés à la consommation. "Nous avons présenté un projet expérimental au ministère de la Santé qui propose la création de 3 centres de consommation supervisée à Paris et en Ile-de-France", indiquait-il. Pour que cela marche, il faut que ces centres soient installés dans des lieux de consommation de rue, qui sont bien identifiés, et n’ont guère changé depuis des années : Gare du Nord - Gard de l’Est, limite du XVIIIe et du XIXe, et Saint-Denis."

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(article du 28 février 2013)

L’expérimentation d’une salle de consommation de drogues à moindre risque (SCMR) à Paris suscite débats passionnés et, parfois, des inquiétudes. Pourtant, ce type de salle existe en Europe depuis plus de 20 ans. Afin d’éviter de débattre dans l’ignorance, nous avons transmis vos questions à Céline Debaulieu, coordinatrice de l’association Gaia-Paris, pressentie pour gérer la future SCMR.

Evous : Où en est le projet de SMCR, a priori vers gare du Nord, depuis que le gouvernement a autorisé sa mise en place ? Gaïa Paris sera-t-elle associée au projet comme cela a été évoqué ?
Céline Debaulieu, coordinatrice de l’association Gaia-Paris : L’association Gaia-Paris est pressentie pour être l’opérateur du projet de la salle de consommation à moindre risque à Paris. Le projet va être présenté prochainement à la mairie de Paris.

Martine Valmont : A-t-on déjà l’adresse de ce futur local ?
C. Debaulieu : Non, nous n’avons pour l’instant aucun local.

VOISINAGE

Béa : Comment assurer la sécurité du voisinage ?
C. Debaulieu : La politique de réduction des risques dans son ensemble vise à limiter l’exclusion sociale pour éloigner les consommateurs de drogues de la petite criminalité. En apportant des points de repères aux consommateurs, elle favorise au contraire la sécurité publique. Il a aussi été démontré, dans les divers pays qui les ont expérimentées, que la criminalité n’augmentait pas avec la mise en place de ces salles de consommation. Les inquiétudes légitimes exprimées par le voisinage sont prises en compte, notamment par des rencontres d’information et de médiation. Par une responsabilisation des consommateurs, ces structures limitent le risque d’abandon de seringues sur l’espace public.

Evous : La mise en place de la SMCR permettra-t-elle selon vous, si elle s’installe vers gare du Nord, d’abaisser le phénomène de toxicomanie dont la préfecture de police a fait état quartier Stalingrad et sur le boulevard de la Chapelle ?
C. Debaulieu : L’ouverture des salles de consommation à moindre risque n’est pas associée à une augmentation du nombre d’usagers de drogues. Notamment, aucune augmentation de la pratique d’injection n’a pu être observée depuis l’ouverture de ces dispositifs dans d’autres pays. Les personnes dépendantes aux drogues consomment avec ou sans salle de consommation. Offrir un lieu propre et surveillé permet de diminuer les risques et de sauver des vies en cas de surdosage.

LÉGALISATION

Honono : Dans le cas de Paris, les toxicomanes vont venir avec leur drogue or l’achat de la drogue est illégale en France. Pourquoi ne légalisons pas la vente et l’achat de la drogue à l’extérieur des salles de shoot ? Il me semble que ce système est contradictoire.
C. Debaulieu : Les salles de consommation à moindre risque apportent des réponses adaptées face à une situation existante. L’usage de drogues illicites est un fait social, bien que celui-ci soit une transgression de la norme légale. Les efforts importants entrepris depuis des décennies pour éliminer les drogues n’ont pas réussi à éradiquer la consommation, la production et le trafic. Adopter un modèle plus pragmatique consiste à limiter les dangers socio-sanitaires inhérents à la consommation de drogues et à promouvoir la préservation de la santé.


(article du 6 février 2013)

CONTEXTE. Le gouvernement a autorisé l’expérimentation d’une salle de consommation à moindre risque à Paris. Une décision souhaitée par l’équipe municipale parisienne ainsi que par quelques élus n’appartenant pas à la majorité, à l’image de Jean-François Martins, du Modem, qui s’est félicité hier de l’annonce de Matignon. Si l’UMP est plutôt réticente, en particulier à Paris, la question fait débat à droite. En 2010, Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, avait déclaré son intérêt pour une expérimentation... avant d’être désavouée par son gouvernement.

Les Français sont-ils favorables à une telle expérimentation ? En 2010, un sondage, réalisé par l’Ifop pour La Lettre de l’opinion, demandait : "Il existe dans certaines villes européennes des lieux, financés par les municipalités, où les toxicomanes peuvent venir librement avec leur drogue pour la consommer sous contrôle médical et sanitaire. Personnellement, seriez-vous très favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou très opposé à l’ouverture de tels lieux en France ?" 53% des sondés étaient favorables, dont 11% "très favorables". Mais en septembre 2012, la donne avait changé. Selon un sondage Ifop pour Valeurs Actuelles, 31% de Français se déclaraient alors contre les salles de shoot, dont 31% "très opposés".

Selon les associations de terrain, Paris compterait environ 500 à 1.500 usagers de drogue potentiellement concernés par l’instauration de salles de shoot, celles-ci s’adressant aux toxicomanes les plus précarisés et en dehors de tout dispositif de soins, c’est-à-dire une minorité. En 2009, un collectif d’associations avait mené une action de sensibilisation en ouvrant une salle de consommation fictive pour une journée, dans le quartier Belleville.


(article du 15 janvier 2013)

Les salles de consommation de drogues à moindre risque (SCMR) existent déjà. Alors que l’ouverture d’un tel établissement dans le quartier gare du Nord à Paris fait débat, Evous.fr s’intéresse à la plus ancienne SCMR d’Europe, ouverte à Berne en Suisse en 1986.

En 2011, le premier local d’injection d’Europe, à Berne, en Suisse, a fêté ses 25 ans d’existence. Depuis l’automne 1986, les toxicomanes s’y piquent dans de bonnes conditions d’hygiène. Un fonctionnement qui a depuis fait école. Plus de 80 salles de consommation de drogues à moindre risque (SCMR), ou assimilées, existent dans une dizaine de pays.

Comment s’organise cette SCMR de Berne, fréquentée par environ 200 personnes chaque jour. Après avoir été contrôlés à l’entrée, les consommateurs de drogue, tous majeurs, attendent leur tour dans une cour intérieure. Zéro file dans la rue. Chacun a un ticket numéroté. Une fois entrés, les toxicomanes disposent de 30 minutes pour consommer leur drogue. Les serigues et tous les autres instruments nécessaires sont stériles et propres. "Le problème de la drogue n’a évidemment pas disparu mais il a perdu de sa virulence au sein du débat public et cela, pour une raison bien simple : les toxicomanes sont beaucoup moins visibles", lit-on dans la Tribune de Genève.

Ce mode de fonctionnement est-il efficace ? À vous de juger... Un débat est organisé sur le sujet ("Les salles de consommation de drogues : utiles et souhaitables ?") ce jeudi 17 janvier 2013 à 18h dans la faculté de médecine Paris Descartes (6e), amphithéâtre Richet au 2e étage. L’entrée est libre et gratuite. Sera notamment présent le député de Paris et spécialiste de la santé de la mairie de Paris Jean-Marie Le Guen.


(article du 20 octobre 2010)

Le Conseil de Paris vote l’ouverture "d’au moins" une salle de shoot
C’était le 19 octobre 2010. Et il y avait longtemps que le sujet faisait débat. Le Conseil de Paris a voté en faveur de l’ouverture "d’au moins" un centre de consommation de drogue dans la capitale. Mais ce n’est encore qu’une étape avant l’ouverture de tels centres "à moindres risques" à Paris.
Cette mesure, souhaitée et présentée par le maire PS Bertrand Delanoë, défendue ardemment par les Verts, a été rejetée par l’UMP.
Le maire de Paris a rappelé en début de débat : "La réalité, c’est l’ampleur de plus en plus considérable de la consommation de drogue à ciel ouvert dans Paris. L’an dernier, plus de 10 000 personnes ont été prises en charge dans la capitale par des dispositifs médico-sociaux spécialisés".

La Ville agit déjà depuis 9 ans pour la prévention des toxicomanies, "mais, pour efficaces qu’elles soient, ces actions ne suffisent pas à traiter un phénomène d’une telle ampleur. Il faut innover, adopter de nouvelles méthodes".
Bertrand Delanoë veut donc, "en relayant une demande constante du monde associatif, l’ouverture à titre expérimental en collaboration avec l’État d’au moins un centre de consommation à moindres risques à Paris".

Dans ces salles de shoot, des usagers arrivent avec leurs produits et peuvent s’injecter de l’héroïne sous contrôle sanitaire. Ce genre de salles existe en Suisse, en Espagne, et dans d’autres pays européens.
Toutefois, si les élus socialistes, Verts et centristes se sont bien prononcés au Conseil de Paris pour l’expérimentation d’au moins un centre de consommation supervisée de drogues, la Ville a toutefois encore besoin de recevoir le feu vert de l’Etat pour lancer l’expérimentation. "Il faudrait un décret du ministère de la Santé pour définir cette expérimentation, sa durée, ses acteurs, son budget. En outre, cette autorisation nécessitera probablement une concertation préalable avec les autorités judiciaires et policières pour trouver un mode opératoire", explique le cabinet du socialiste Jean-Marie Le Guen, adjoint au maire chargé de la Santé publique.
Au gouvernement, les positions divergent, allant de celle de Roselyne Bachelot, favorable à des expérimentations dans ce domaine, à celle de François Fillon, qui s’oppose totalement à l’ouverture de tels centres, pourtant déjà largement expérimentés dans près de 10 pays voisins.

Rappelons enfin les conclusions rendues en septembre 2009 par l’association Élus, Santé Publique & Territoires (ESPT), qui avait été chargée d’une mission, subventionnée par la Mairie de Paris. Regroupant experts et élus politiques de tous bords, ESPT avait rendu un rapport favorable à de telles structures, estimant qu’elles facilitaient le travail de prévention et permettaient de limiter la transmission de maladies telles que le sida ou les hépatites.

Informations pratiques
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lundi 29 juillet 2019,    Benoît, Jean, Morgan