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DERNIERS JOURS de l’exposition Albert Marquet

Du 25 mars au 21 août 2016, rétrospective Albert Marquet au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris...


Le Musée d’Art moderne consacre à Albert Marquet une importante monographie, une rétrospective à la fois chronologique et thématique, regroupant plus d’une centaine d’œuvres, peintures et dessins, certains montrés pour la première fois en France.

Présentation de l’artiste

Voir Présentations d’Artistes de A à Z

Albert Marquet (1875-1947), né à Bordeaux, s’installe avec sa mère à Paris, où il suit des cours de dessins et est admis à l’École nationale des Arts décoratifs. Il y fait la connaissance d’Henri Manguin, qu’il retrouve plus tard à l’atelier de Gustave Moreau. Il y devient l’ami indéfectible de Henri Matisse, et rencontre un peu plus tard André Derain.

Dès sa période fauve, Marquet cultive une sensibilité certaine à la lumière et à la couleur. Mais s’il use des contrastes, il le fait en général sans violence. Il a peint les rues de Paris, ses berges, ses ponts et la Seine par tout temps, à toute heure, et à chaque saison.

L’Île aux Cygnes, l’été, Herblay, 1919. Huile sur toile. Legs de M. Carle Dreyfus en 1953. Centre Pompidou, Paris. Mnam. En dépôt au musée d’art et d’histoire de Meudon

Il a pratiqué le dessin (crayon, pastel, encre et aquarelle) tout au long de sa vie, avec un coup d’œil pour attraper une silhouette, une pose. Cela pourrait être de l’ordre de la caricature, s’il ne manquait décidément d’un peu de cruauté.

Marquet et Matisse vont peindre ensemble de 1899 à 1904 en banlieue parisienne à Arcueil ou au Jardin du Luxembourg.

Matisse en haut-de-forme, vers 1900. Encre de Chine sur papier vélin. Collection Senn. Musée d’art moderne André-Malraux, Le Havre

Son ami Manguin, qui a la chance de disposer d’un atelier rue Boursault dans le XVIIe arrondissement, invite les peintres (qui deviendront les "fauves") à venir y peindre.

Le lieu devient un point de rencontre important pour la naissance du fauvisme.

Pour l’Exposition universelle de 1900, Marquet et Matisse, alors désargentés, exécutent des frises au kilomètre en ornementation du Grand Palais.

Ce groupe d’amis exposera en 1902 dans la galerie de Berthe Weill, savoureuse auteure du livre "Pan dans l’œil. 30 ans dans l’art moderne" qui en raconte certaines péripéties.

Marquet partage avec Claude Monet quelques points communs dont son amour des séries.

Vue du Port de Havre (Le Quai de notre Dame), vers 1911 Huile sur toile, 65 x 81 cm © Fondation Collection E.G. Bührle, Zurich

Elles lui permettent d’embrasser plus complètement les changements que crée la lumière au fil des heures, des variations du climat et des saisons, comme par exemples ses paysages urbains, qu’il peint de la fenêtre de son atelier au 25 du quai des Grands-Augustins.

Le tempéré Marquet va participer en 1905 à l’exposition des "Fauves" qui fait scandale par la violence de formes et de couleurs des tableaux qui y étaient exposés, mais il s’attachera par la suite à obtenir davantage d’harmonie et de douceur dans ses associations de couleurs.

Et même optera-t-il pour une démarche visant à son sens à une harmonie tonale : couleurs plus euphoniques, moins saturées afin de mieux jouer des nuances de la lumière.

En 1910, il peint la grande crue de la Seine, et le collectionneur russe Sergueï Chtchoukine achète plusieurs de ses tableaux à la galerie Druet qui le représente alors.

Le sujet de l’eau sera avant tout autre son motif de prédilection, sa "frontière" favorite : berges et paysages de la Seine (Poissy, Triel et Méricourt), nous l’avons dit, mais aussi les ports des pourtours de la Méditerranée que sont Alger, Bougie, Oran, Tunis, et La Goulette, où il se rend volontiers à partir de 1919 avec Jean Launois et Étienne Bouchaud.

De même n’a-t-il pas négligé les bords de la mer du Nord, qu’il sillonne du Pas de Calais aux plages belges et aux ports hollandais.

Ses dessins à l’encre de Chine, comme ceux croquant des passants parisiens, du musée Malraux (Le Havre), sont tracés d’un trait de pinceau elliptique et dépouillé.

La Varenne-Saint-Hilaire, la barque, 1913. Huile sur toile. Courtesy Richard Nathanson, Londres

Durant la Première Guerre mondiale, ayant été tous deux réformés, Matisse et Marquet soutiennent leurs amis Camoin, Montfort et Puy partis au front en leur adressant lettres et colis, et participent à des ventes-expositions de solidarité au profit des artistes.

À l’été 1920, ce sera à La Rochelle que Marquet invite Signac à le rejoindre. Ils peindront ensemble, sur le motif, en compagnie du peintre rochelais Gaston Balande qui leur fait découvrir les paysages environnants.

Fréquents voyages en Afrique du Nord, Algérie, Tunisie, Maroc (il écrit à Matisse "je ne serai jamais orientaliste !), puis en Espagne. Expositions à Paris, Buffalo, Tokyo, Osaka et Pittsburgh.

Au début de 1939, il s’établit à La Frette-sur-Seine. C’est là qu’il peint sa femme en train de coudre (Intérieur à la Frette) et son ami Desnoyer en train de peindre (l’Atelier de la Frette).

Pour fuir l’invasion allemande, il se réfugie en Algérie, où il vit jusqu’à la fin de la guerre, regagnant Paris en 1945.

En 1941, il refuse de figurer au Salon des Tuileries qui exige de lui un certificat de "non-appartenance à la race juive", allant jusqu’à faire décrocher des cimaises ses œuvres prêtées par des collectionneurs.

Après la guerre, Marquet refusera d’entrer à l’Institut, et de même la Légion d’honneur.

Le Musée national de la Marine lui consacra à Paris en 2008 l’exposition "Albert Marquet, itinéraires maritimes".

L’exposition

Le parcours chronologique et thématique de la rétrospective consacrée à Albert Marquet (1875-1947) permet la redécouverte de l’œuvre d’un artiste original qui évolua au fil des mouvements artistiques de son époque, du post-impressionnisme au fauvisme, mais qui parvint à préserver son indépendance stylistique.

L’exposition présente une centaine de ses peintures et dessins, dont certains n’ont jamais encore été exposés en France.

Albert Marquet aimait les paysages et était fasciné par l’eau qu’il a beaucoup peinte, des berges de la Seine à la Méditerranée ou aux côtes normandes, ses reflets, ses lumières, ses fusions, ses déformations et ses transparences. Représentations par nature utopiques et difficulté permanente au fil des heures, des saisons, des cieux et des paysages. Il est parvenu à construire son œuvre à l’écart des fiévreux débats artistiques du moment.

La Seine à Poissy, 1908 Huile sur toile, 65 x 81 cm S.B.G. : Marquet © Adagp, Paris Crédit photo : Patrick Pierrain/Parisienne de Photographie

Le fauvisme lui a apporté la simplification des formes, une autonomisation relative de la couleur, et l’apparence d’une improvisation rapide. Mais cela ne suffit pas à Marquet, à la recherche d’une harmonie tonale et essentielle, d’une synthèse difficilement accessible de justesse et d’équilibre, qui le ferait « peindre comme un enfant sans oublier Poussin » (Marquet).

On peut ajouter à sa démarche une constante recherche de modernité, à laquelle l’exposition tente de nous rendre sensible, de ses premiers travaux aux côtés de Matisse, à Paris et à Arcueil, à ses œuvres fauves, à ses nus si caractéristiques mi-académiques mi-sensuels, jusqu’à son obsession enfin du paysage, de la variation à la série, « cette très particulière domination optique du monde », pour reprendre les mots de Jean Cassou.

Au cours de sa vie, Marquet aura beaucoup peint Paris : les quais des deux rives de la Seine, les ponts, Notre-Dame et le Louvre. Souvent de ses fenêtres, mais dans des cadrages souvent changeants.

Les Deux Amies, 1911, huile sur toile, donation d’Adèle et Georges Besson en 1963 ? Centre Pompidou, Paris. Dépôt aux Beaux-Arts de Besançon.

Ses climats préférés semblent avoir été les temps brumeux ou neigeux.

Pas de lumière trop éblouissante, s’il vous plaît ! Mais les contrastes des silhouettes noires dans des paysages urbains neigeux méritant des aplats blancs, quelles aubaines visuelles !

Le Pont-Neuf, la nuit, 1935, retouché en 1939. Huile sur toile. Don de l’artiste à l’État en 1940. Centre Pompidou, Paris. Mnam.

En 1906, Marquet est en Normandie avec Raoul Dufy. De nombreux motifs leur sont communs : 14 Juillet, bateaux pavoisés, plages de Sainte-Addresse ou affiches.

Quand il peint un port, qu’il soit d’Europe, de Scandinavie ou d’Afrique du Nord, Marquet y laisse entrer la vie urbaine, les fumées, l’industrie, les grues et la vapeur. Le trafic des remorqueurs et des bateaux à vapeur est bien présent. La netteté du ciel et des détails s’en ressentent, comme les teintes sombres des eaux.

En Italie, Naples et Venise ont retenu son attention. Il s’adonnera à l’art de la veduta à Venise, et peindra le Vésuve au loin et sans détail, dans une totale intemporalité. Cette synthèse dans ses rendus de paysages qui faisait que Matisse l’appelait "Notre Hokusaï".

Naples, le voilier, 1909. Huile sur toile. Musée des Beaux-Arts de Bordeaux.

Marquet a toujours eu une attirance particulière pour l’eau : bords de fleuves, de rivières, de mer.

Cela propose des cadrages et des lignes de force dans lesquels il est vraiment à son aise.

Rives ombragées d’arbres et nuages, reflets et dédoublements, il tendrait presque sur le motif à l’abstraction ou à la synthèse.

Bien qu’ayant côtoyé les peintres fauves, dont il fut, et fait de nombreux tableaux en Afrique du Nord, il se défendra notamment dans un courrier à Matisse de ne jamais avoir été "orientaliste". Pas d’intérêt marqué pour l’architecture arabo-mauresque, peu à la végétation méditerranéenne à quelques palmiers près.

Et il n’y a réellement de pure jouissance dans la couleur que dans ces tout derniers et tout petits tableaux qu’il arrache une fois de plus à sa fenêtre. C’est décidément et jusqu’à la fin cette articulation familière à partir de laquelle le peintre va encadrer le paysage et introduire aussi des éléments de son quotidien... Mais peut-être avec l’âge un nouveau besoin de chaleur et de clarté chez lui nous parait à la fois différent et enfin libérateur. Sobriété et perfection de la Persienne verte. Matisse semble avoir au moins convaincu son ami de quelque chose.

Persienne verte, vers 1945-1946. Huile sur toile. Collection particulière.

Conçue par le Musée d’Art moderne, cette exposition sera ensuite présentée au musée Pouchkine à Moscou, détenteur de plusieurs de ses tableaux achetés en son temps par le collectionneur russe Sergueï Chtchoukine ; exposition d’octobre 2016 à janvier 2017.

Albert Marquet. Rétrospective, du 25 mars au 21 août 2016, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 11 avenue du Président Wilson 75116 Paris, 01 53 67 40 00. www.mam.paris.fr. Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18h. Nocturne le jeudi jusqu’à 22h. 12 ou 9€.

Lire aussi : Toutes les expositions 2016 au musée d’Art moderne de la Ville de Paris


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Vous retrouvez comme chaque année dans LES GRANDES EXPOSITIONS 2016 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans CALENDRIER 2016 des grandes expositions à Paris ces mêmes expositions sont classées par dates.

Nouvellement en ligne :
Le CALENDRIER 2017 des grandes expositions à Paris
PARIS 2017. LES GRANDES EXPOSITIONS de A à Z

Dans la série Toutes les expositions 2016 dans les plus grands musées de Paris... lire également :
Au musée du Louvre, au Centre Pompidou, au Grand Palais, au musée d’Orsay, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Jeu de Paume, au Palais de Tokyo, à la Bibliothèque nationale de France, au musée du Quai Branly, au musée des Arts décoratifs, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, au musée Guimet, et au musée Galliera.

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Le catalogue Albert Marquet de cette exposition fait partie de notre sélection 2016 des catalogues d’expositions de Paris.

Vous pouvez consulter quelques dizaines de présentations d’artistes, classées de A à Z.

Nous vous proposons aussi une sélection de musées et d’expositions dans les villes françaises suivantes, que nous nous efforçons de tenir assez régulièrement à jour :
Angoulême - Arles - Avignon - Bordeaux - Dijon - Grenoble - Ile-de-France - Lens - Lille - Lyon - Marseille - Metz - Montpellier - Nantes - Nice - Ornans - Rennes - Rodez - Rouen, Le Havre - Saint-Étienne - Strasbourg - Toulouse - Tours

Et juste des musées et expositions temporaires pour quelques villes étrangères : Amsterdam, Berlin, Bâle, Bruxelles, Genève, Londres, Madrid, Milan, et Venise.

André Balbo

sources : Visite, MAMVP, Wikipédia

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lundi 6 mai 2019,    Expositions