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DERNIERS JOURS. L’empreinte du Marquis de Sade sur l’art du XIXe siècle, à Orsay

Du 14 octobre 2014 au 25 janvier 2015, Orsay présente l’exposition "Sade. Attaquer le soleil".


Au début de ce projet, l’espace dévolu à l’exposition aurait du être plus restreint, mais la matière était si riche, si abondante. Il y avait tant à dire, et la personne en charge de l’énoncer est si talentueuse...

Commissaire générale d’une exposition sentant si fort le soufre, Annie Le Brun rencontre en 1977 Jean-Jacques Pauvert (qui vient de décédé au Rayol). Celui-ci, dont l’intention est d’éditer les œuvres complètes du Marquis de Sade, lui demande une préface, qui sera publiée séparément en 1986 sous le titre Soudain un bloc d’abîme, Sade. Aujourd’hui, ce texte passe pour être incontournable sur le sujet.

Le sas d’entrée offre simultanément les images de plusieurs films qui vous font penser que vous allez évidemment changer de monde... Premier frisson ?

Non. Car de bout en bout, les textes des cartels, présentés sur feuilles de bois aux caractères en défonce, sont d’une grande et telle qualité qu’ils structurent le propos de l’événement et soutiennent le visiteur dans son parcours, le maintenant dans une curiosité et une empathie qui n’étaient initialement peut-être pas évidentes.

"Les voleurs font, en tuant pour voler, moins de mal que les généraux des armées, qui détruisent des nations seulement par orgueil." Sade. 111 notes pour la Nouvelle Justine. Rappelons que Sade, militaire, fit la Guerre de 7ans.

En déclarant que "La cruauté n’est autre chose que l’énergie de l’homme que la civilisation n’a point encore corrompue", Sade constate, ce dont l’histoire de l’art n’a cessé de témoigner, que la violence aura même été un constant sujet de fascination... et que tous les prétextes sont bons pour la représenter... et en même temps la justifier. Goya, Géricault et Delacroix vont lui donner dix mille fois raison.

De même quand il énonce que "la férocité est toujours ou le complément ou le moyen de la luxure", il annonce la réactualisation et la radicalisation du thème de l’enlèvement que le XIXe siècle libère de son cadre mythologique. Et des artistes dont Füssli, Degas, Cézanne, Rodin ou Picasso n’hésiteront ni à affirmer sa violence sexuelle ni à en figurer la dimension criminelle.

Il y aurait beaucoup à dire d’une œuvre d’André Masson présente dans cette exposition, le Panneau masque pour L’Origine du monde (1955). Cette huile et tempera sur bois (collection particulière) cachait le célèbre tableau de Courbet. Cet art de fondre et cadenasser la nudité dans un paysage et un enfermement le plus clos et intime qui soit... et de plus chez une personne internationalement reconnue comme capable d’ouvrir tant de portes...

Le propos défini de l’exposition est ainsi clairement de "montrer comment, avant d’avoir une importance majeure dans la pensée du XXe siècle, l’œuvre de Sade a induit une part de la sensibilité du XIXe siècle, quand bien même le personnage et ses idées y auront-ils été tenus pour maudits.

Car si Baudelaire, Flaubert, Huysmans, Swinburne, Mirbeau... sans parler d’Apollinaire, s’y sont référés à titres divers, tout porte à croire que la force de cette pensée est d’avoir aussi rencontré, révélé, voire provoqué ce qui agite alors en profondeur l’expression plastique, concernant autant l’inscription du désir que son pouvoir de métamorphose.

C’est l’image du corps en train d’être bouleversée de l’intérieur, annonçant une révolution de la représentation. Que ce soit évident chez Delacroix, Moreau, Böcklin..., ce qui est en jeu n’est pas sans inquiéter aussi Ingres, Degas ou Cézanne et bien sûr Picasso. Et cela tandis que Félicien Rops, Odilon Redon, Alfred Kubin se rapprochant d’une expression restée jusqu’alors marginale (curiosa ou folie), avant que le surréalisme ne reconnaisse le désir comme grand inventeur de forme.

À retrouver ce cheminement, il sera possible de mesurer combien, à dire ce qu’on ne veut pas voir, Sade aura incité à montrer ce qu’on ne peut pas dire. Ou comment le XIXe siècle s’est fait le conducteur d’une pensée qui, découvrant l’imaginaire du corps, va amener à la première conscience physique de l’infini".

Henri Rousseau, dit Le Douanier Rousseau, la Guerre, ou la Chevauchée de la discorde (1894). (Musée d’Orsay, Paris.) Ph. H. Josse © Archives Larbor

J’allais oublier. La présence des enfants n’est franchement pas indispensable. Puisque bien sûr vous aurez droit (auriez-vous oublié le sujet ?) à de si pures jeunes filles, à des enlèvements, toute une gamme de violences, quelques horreurs, curiosités, et autres acrobaties.

La BnF a apporté son concours exceptionnel, et le musée Ingres de Montauban son soutien.

Delacroix. La mort de Sardanapale.

Sade. Attaquer le soleil, du 14 octobre 2014 au 25 janvier 2015, au musée d’Orsay, Niveau 0, grand espace d’exposition, 1, rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris, 01 40 49 48 14, www.musee-orsay.fr, ouvert de 9h30 à 18h les mardi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche, de 9h30 à 21h45 le jeudi. Fermé le lundi, les 1er mai et 25 décembre. Métro Solférino, RER C, station Musée d’Orsay. Bus 24, 63, 68, 69, 73, 83, 84, 94. Tarifs 11 ou 8,50€. Gratuit le 1er dimanche du mois.
Sade au cinéma les vendredi, samedi et dimanche du 14 au 30 novembre 2014 : 14 films, dont L’Âge d’or (1930), Luis Buñuel, Salò ou les 120 journées de Sodome (1975), Pier Paolo Pasolini, Le Voyeur (1960), Michael Powell, Le Corps et le fouet (1963) Mario Bava, L’Empire des sens (1976), Nagisa Oshima...
Visites-conférences tous les jours du mardi au samedi à 11h30, mardi et samedi à 14h30 et le jeudi à 19h.

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Vous retrouverez dans l’article 2014 à Paris : LES GRANDES EXPOSITIONS de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans CALENDRIER 2014 des grandes expositions à Paris, ces mêmes expositions sont classées par dates.

Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez apporter à ces programmes.

Nous vous indiquons chaque semaine les nouveautés, les expositions qui fermeront bientôt leurs portes, et... nos préférences, car on ne se refait pas : LA SEMAINE des expositions, musées, et galeries : que faire à Paris du....

Enfin, contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer.

Nous avons établi notre sélection, avec Paris 2014 : LES MEILLEURS CATALOGUES d’expositions de Paris.

Celui de cette exposition en fait partie.

Nous vous proposons aussi une sélection d’expositions et de festivals dans les villes françaises suivantes :

Angoulême - Arles - Avignon - Bordeaux - Dijon - Grenoble - Ile-de-France - Lens - Lille - Lyon - Marseille - Metz - Montpellier - Nantes - Nice - Ornans - Rennes - Rodez - Rouen, Le Havre - Saint-Étienne - Strasbourg - Toulouse - Tours

Et bien sûr pour Paris :

Les Grandes Expositions 2015 à Paris de A à Z
Calendrier 2015 des grandes expositions à Paris
peuvent déjà être consultés sur Évous.fr... et complétés, si vous disposez de plus d’informations que nous !

Et juste quelques expositions 2014 pour Bruxelles et Londres, Genève, Bâle, Amsterdam...

André Balbo

sources : Visite, musée d’Orsay, Annie Le Brun, Marquis de Sade

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

lundi 6 mai 2019,    Expositions